Finalement, le mois de janvier a été pire que ce à quoi s'attendaient les producteurs, les investisseurs et les analystes quant à l'évolution des cours du pétrole sur les marchés internationaux. Plus encore, depuis 30 ans, c'est le pire mois de janvier que l'or noir aura subi. Le moins que l'on puisse dire ,c'est qu'on est loin de l'éclaircie attendue et espérée, notamment par les pays membres de l'Opep et leurs alliés conjoncturels qui se sont trouvé des raisons de croire en une potentielle remontée des cours, comme il est suggéré dans le rapport mensuel de décembre dernier, lorsqu'ils prenaient pour données des perspectives de croissance mondiale «moins pessimistes qu'il y a quelques mois» et s'attendre, du coup, à une augmentation de la demande de pétrole en 2020, expliquant que le marché devra être alimenté quotidiennement de 140 000 barils supplémentaires, le portant ainsi à 1,22 million de barils/jour. Selon ses données, l'Opep prévoit que le gros de la demande, selon le cartel, proviendra des économies asiatiques en développement, en particulier de l'Inde et de la Chine. L'augmentation de la demande en pétrole de ces pays devrait atteindre 1,13 million de barils par jour. Ce n'est, en fin de compte, pas ce mois de janvier qui confortera l'hypothèse des pays de l'Opep, tant le scénario auquel les marchés ont été soumis prête plus au stress qu'à autre chose autrement de plus positif pour les producteurs. Pour tout dire, en ce mois de janvier qui vient de s'écouler, le pétrole a subi sa plus forte perte mensuelle depuis mai 2019, d'une part, et de l'autre, la baisse des prix de 15% est également la pire performance de janvier depuis 1991, nous apprend Bloomberg. Pourtant, en cours de semaine dernière, mercredi pour être plus précis, les cours du pétrole retrouvaient quelque vigueur bien que la crise sanitaire causée par le coronavirus, conjuguée à l'annonce, la veille, d'une baisse des stocks de brut aux Etats-Unis par l'API et une crise qui perdure en Libye, on pouvait s'attendre à un plongeon des cours. Ainsi, en milieu de matinée de mercredi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 60,09 dollars à Londres, en hausse de 0,97% par rapport à la clôture de mardi, alors que sur le marché de New York, le baril de WTI pour la même échéance gagnait 0,97% en affichant 54,00 dollars. Une embellie de courte durée, comme le monde du pétrole en connaît très souvent, puisque après deux jours de résistance, le marché n'a pas pu résister à la situation induite par l'aggravation de la crise sanitaire qui frappe la Chine, devenue une destination non recommandable pour certains pays et de nombreuses compagnies aériennes parmi les partenaires économiques les plus importants des Chinois. Conséquence, après la courte embellie de mercredi, à l'issue de la séance de vendredi, à Londres, le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en mars a reculé de 13 cents, soit 0,2%, pour clôturer à 58,16 dollars, son plus bas niveau depuis octobre, et bien loin des 68,91 dollars atteints début janvier, soit une perte de 11,9% en un mois. Quant au scénario ayant sévi sur le marché new-yorkais, il a vu le baril de WTI perdre soit 1,1% de sa valeur de la journée d'avant, pour finir à 51,56 dollars, son plus bas niveau depuis début août alors qu'au début du mois de janvier, il était cédé à un peu plus de 63 dollars, perdant ainsi 15,6% de sa valeur sur le mois de janvier, la pire reculade depuis 8 mois. Les jours et les mois qui viennent, en conséquence, s'annoncent on ne peut plus troubles pour les producteurs qui devront vite trouver la solution à l'attendue défection de la demande chinoise de pétrole ; 250 000 barils/jour, selon les estimations d'experts, à laquelle viendra se greffer une baisse de la demande mondiale qui pourrait atteindre le demi-million de barils par jour. Situation suffisamment alarmante pour que les rumeurs sur la possibilité que les pays de l'Opep et leurs alliés en appellent à la tenue d'une réunion plus tôt qu'ils l'avaient prévue pour trouver le ou les mécanismes devant leur permettre d'ajuster les prix du mieux qu'ils le pourront. Ce que le ministre de l'Energie russe n'a pas écarté, reconnaissant que l'épidémie de coronavirus pouvait impacter à la baisse la demande en pétrole. Azedine Maktour