La sempiternelle question de la sécurité routière en Algérie ne cesse de donner matière à débat. Au sein du gouvernement comme dans l'opinion publique, des inquiétudes ont été exprimées de part et d'autre, notamment suite à la recrudescence des accidents de la circulation qui ont concerné de façon particulière les bus de voyageurs assurant les liaisons interwilayas. Lors de la dernière réunion du gouvernement, une instruction portant sur le durcissement des mesures à l'encontre de tout comportement criminel dans la conduite a été abordée et sera incessamment mise en œuvre. Cela dit, la politique de la sanction est-elle la solution définitive à ce problème ? Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Sollicité pour donner son avis sur le sujet, le président de l'Organisation nationale des transporteurs algériens (Onta), Hocine Bouraba, joint hier par téléphone, a estimé que le recours systématique aux mesures punitives ne peut dans l'absolu venir à bout de ce phénomène. Dans la mesure où, dit-il, «on ne doit pas tenir pour seuls responsables les conducteurs de bus de voyageurs». Ce dernier remet également en cause une «politique de rafistolage» conduite des années durant. Il n'est donc pas étonnant, d'après lui, que les retombées soient aujourd'hui fatales. Hocine Bouraba considère qu'à ce stade, «il est vital de réagir en établissant un plan d'action». Comment ? Le président de l'Onta invite le gouvernement à organiser des assises nationales qui regrouperont tous les acteurs du secteur. «Il faut donner la parole à des personnes qui connaissent le terrain, car elles seules sont aptes à dégager les solutions efficientes», a-t-il soutenu. Hocine Bouraba a, en outre, fait remarquer que les ministres qui se sont succédé à la tête du département des transports ont suivi la même ligne conductrice, laquelle a toujours consisté à marginaliser les transporteurs de bus privés. «Pourquoi n'a-t-on jamais pensé à accorder des subventions à ces conducteurs activant dans le secteur privé ?», s'est-il demandé. Il ajoutera dans ce contexte que la mise en place d'un plan prévisionnel avec tout ce que cela implique en faveur de cette catégorie de chauffeurs serait une solution logique si l'on souhaite réellement mettre un terme à l'anarchie qui règne dans ce milieu. Revenant sur l'ampleur des accidents de bus des voyageurs interwilayas, Hocine Bouraba insiste là encore qu'outre la grande part de responsabilité des conducteurs eux-mêmes (somnolence, excès de vitesse, temps de repos insuffisant…), les collectivités locales doivent agir en conséquence. Il relèvera, de ce fait, l'état des infrastructures routières qui laisse à désirer. Aussi, il appelle à l'élaboration d'une stratégie comprenant le renouvellement du parc automobile. Sur ce point, Hocine Bouraba fait remarquer que les bus qui sont actuellement en circulation datent d'une dizaine d'années et même plus pour certains. Evoquant la mesure de l'installation de tachymètres (destinés à contrôler la vitesse) dans les bus de transport, notre interlocuteur a souligné que cette solution était de toute manière vouée à l'échec en sachant qu'il s'agit de tachymètres analogiques et non numériques. Il expliquera que ces appareils analogiques peuvent facilement être trafiqués par n'importe quelle personne, ce qui fait qu'il serait un gâchis que de «perdre des sommes d'argent pour rien». Tentant de déterminer les raisons de l'inexplicable montée en cascade des accidents de la route impliquant des bus de voyageurs, Hocine Bouraba affirme qu'en période hivernale, «il est un peu normal qu'il y ait plus d'accidents», sans toutefois minimiser la situation. M. Z.