Hocine Bouraba, président de l'Organisation nationale des Transporteurs algériens (ONTA) est très remonté contre le ministère des Transports, qu'il accuse d'être, en partie, à l'origine de la grande anarchie qui règne dans le secteur privé des Transports terrestres. Il a expliqué le manque d'organisation de ce secteur, hier mardi, à la Radio nationale, par le problème de la surcharge des lignes avec un nombre impressionnant de bus, alors que d'autres lignes sont désertées par les transporteurs. Le président de l'ONTA estime que cela est le résultat «de l'absence d'un plan de transport national». «Le problème a commencé, en 2009, lorsque le ministère des Transports a donné des lignes à tous ceux qui l'ont demandé, et avec des destinations souvent improvisées», a t-il indiqué. L'année 2009 coïncide avec les prêts Ansej' au profit des jeunes, qui avaient «investi» dans l'achat de bus de transport en commun. «A cette époque, on avait un plan de circulation, mais le ministre a pris sa décision, et il y a eu alors 80.000 bus, soit 30.000 bus de plus», affirme le président de l'ONTA, qui a ajouté que «les lignes ne sont pas organisées, notamment à Alger, avec des lignes saturées et d'autres désertées» par les transporteurs. Il s'interroge «comment expliquer que sur la ligne Alger-Ain Benian, en passant par le 1er Mai, il y a 200 bus ? C'est un gros problème». Selon M. Bouraba, qui accuse le ministère d'avoir provoqué cette anarchie dans le Transport privé de voyageurs, «pour organiser le transport par bus, il faut un plan national de circulation qui doit être organisé par les walis et non le ministère». «Le plan de transport doit être d'abord fait au niveau des APC, puis au niveau des wilayas. Or, il n'y a même pas de plan de circulation, alors comment voulez-vous qu'il y ait un plan de transport de voyageurs ?», s'est-il interrogé. M. Bouraba rappelle, ainsi, qu'en 2011, lors des Assises nationales du Transport, «nous avions donné des recommandations et des mesures à prendre, mais elles n'ont jamais été appliquées». «La balle est dans le camp du ministère», selon le président de l'ONTA, qui a également affirmé que l'absence de transports, le matin et en fin de journée, dans certaines grandes villes est 'due au manque d'organisation, sinon de l'absence de plan de transport. Nous l'avions dit, s'il y a des lignes saturées, on doit diminuer le nombre de bus de ces lignes et les orienter vers les nouveaux quartiers où il n'y a pas de transport». Pour lui, «cela est de la responsabilité des directions des Transports, qui n'obligent pas les transporteurs à aller vers ces lignes.» Et puis ce terrible constat: «nous sommes dans un état d'anarchie totale, et s'il n'y a pas d'organisation, on continuera à faire du bricolage», a-t-il estimé, avant de souligner que depuis son installation, en 2015, plus de 10 ans après sa naissance en 2004, le Conseil national des Transports terrestres ne s'est jamais réuni jusque- là, alors que ses statuts stipulent qu'il doit se réunir tous les 6 mois. Sur les relations entre l'Organisation nationale des Transporteurs et le ministère de tutelle, M. Bouraba a été catégorique: «il n'y a aucune coordination avec le ministre actuel. On aurait aimé le rencontrer, mais il n'y a rien jusqu'à présent», a-t-il ajouté, précisant que l'ONTA devait avoir une réunion, hier mardi, au ministère des Transports sur la question des tarifs. Et, sur ce dossier, l'ONTA veut revoir à la hausse les tarifs, dans le sillage des deux dernières hausses des prix des carburants, indiquant que «l'ancien ministre, en 2015, nous avait promis de prendre en considération nos doléances, notamment après la hausse des carburants, et on a donné des instructions pour que les transporteurs n'ajoutent pas une hausse de 2 DA dans les tarifs». «En 2017, le carburant a encore été augmenté et on a décidé de ne pas augmenter les prix, mais le ministère n'a pas répondu à nos demandes. Il devait prendre en considération la baisse des charges, comme la baisse des impôts, les tarifs de stationnement dans les gares, etc.. Mais tout cela n'a pas été concrétisé.» «Nous n'avons pas augmenté en 2016 et 2017, mais aujourd'hui, nous sommes en difficulté, plus de 20% des transporteurs se sont retirés de la profession», explique M. Bouraba, qui a souligné que «maintenant, on ne peut supporter la situation actuelle. Deux hausses successives des prix des carburants, et pas de hausse des tarifs des transports», s'est-il insurgé, avant de relever que «le secteur public a droit à des compensations, alors que le secteur privé est marginalisé». Sur le gros dossier des accidents de la route provoqués par les autocars privés, le président de l'ONTA a pointé du doigt «le matériel chinois». «Il y a des bus qui ne sont pas autorisés à circuler en Europe et qui le sont en Algérie. Il y a des bus qui prennent feu, et l'ancien ministre a promis la mise en place d'une commission d'enquête pour lutter contre le phénomène de la pièce de rechange contrefaite, qui vient de Chine», s'insurge M. Bouraba, avant d'affirmer que «les bus chinois sont un danger, et on demande une commission indépendante pour enquêter sur ces bus de la mort». Il a, également, demandé «une enquête sur ces bus chinois qui sont interdits de circulation en Europe, et qui font des milliers de kilomètres chez nous». «Ce n'est pas normal, a-t-il dit, qu'un bus (chinois) fasse 1.200 km». «Il y a, toujours, des accidents avec des bus non conformes, avec l'absence de contrôle», accuse M. Bouraba, qui incrimine, directement, les autocars importés de Chine d'être à l'origine d'accidents effroyables. Pour lui, la solution à ces sinistres, dans l'attente d'une enquête sur ces «bus de la mort», est de diminuer la distance parcourue. «Il n'y a jamais eu d'accidents pour les moyennes distances, et il faut scinder les lignes en deux pour diminuer les accidents de la route.»