Le ministre des Transports a affiché, depuis quelques semaines, une nette volonté de métamorphoser le secteur. Il a déclaré, lors d'un séminaire de deux jours tenu récemment à Alger, que « le transport terrestre n'est pas organisé convenablement ». Quel sera l'impact des mesures prises par le ministère sur les transporteurs ? Que pense la Fédération nationale des transporteurs ? Quelle est la position de l'Organisation nationale des transporteurs algériens (ONTA) ? Le chargé de l'organique au niveau de la fédération des transports, Kamel Falco, affirme que « si le ministre des Transports a haussé le ton lors des dernières assises, c'est tout simplement parce qu'il a été mal informé par ses collaborateurs et son entourage ». Il avoue, néanmoins, que le transport terrestre n'est pas du tout organisé. « En Algérie, notamment dans les grandes villes, nous avons un plan de circulation qui ne répond plus aux normes. Avant de s'attaquer aux transporteurs, il faut d'abord soigner les infrastructures routières », fait-il remarquer. « Je n'ai jamais vu un barrage dressé sur une autoroute », confie-t-il. Notre interlocuteur dénonce également l'état des routes et de certains véhicules. « Tout cela cause fatalement des retards dans les déplacements des personnes et des marchandises », a-t-il fait savoir. Pour ce qui est des assises tenues à Alger, M. Falco se demande pourquoi le transport maritime a été ignoré. « Utilisé très faiblement par les locaux, il nécessite une véritable révolution », dira-t-il. De son côté, le président de l'ONTA, Hocine Bouraba, a indiqué que l'organisation « réitère, à chaque fois que l'occasion lui est offerte, la nécessité de la réorganisation du secteur ». Il dénonce catégoriquement l'anarchie qui y règne actuellement. « Plus de 2.000 bus sont à l'arrêt à Alger, et ce, en raison de la saturation de certaines lignes. » Cette situation constitue un vrai problème », dit-il. Selon lui, « il n'est plus possible de continuer comme ça, il n'y a aucune occupation rationnelle des lignes et les permis d'exploitation sont délivrés d'une manière déraisonnable et anarchique ». Selon lui, « il est anormal que des lignes soient saturées et d'autres, où s'expriment un réel besoin, soient ignorées ». M. Bouraba se dit toutefois « satisfait des mesures prises par le ministère ». La capitale contient quelque 1.000 bus supplémentaires, et c'est pour cette raison qu'on observe des gares et des stations « bourrées » de monde tout au long de la journée. L'ONTA estime que le partenaire social doit être associé à l'élaboration du plan national du transport. « 95% de la flotte des transports en commun est constituée de privés qui transportent quotidiennement plus de 12 millions de voyageurs contre 5% pour le public », soutient-il.