Sur le terrain d�s l'annonce de l'ampleur des incendies qui touchent la Russie, apaisant devant les cam�ras les habitants de villages d�vast�s et tan�ant les gouverneurs pour leur impr�voyance, Vladimir Poutine a clairement pris le pays en main dans cette situation d'urgence. Vendredi, 10h30. Les m�dias russes viennent juste de prendre la mesure de la catastrophe qui embrase le pays apr�s un mois de canicule sans pr�c�dent, et le chef du gouvernement, dont la popularit� est rest�e dominante depuis qu'il a officiellement laiss� sa place au Kremlin � Dmitri Medvedev, est d�j� � 500 kilom�tres de Moscou dans le village de Vekhna�a Vereia ravag� par le feu. Les cam�ras des cha�nes de t�l�vision publiques sont avec lui. Dix personnes ont p�ri dans l'incendie du village. L'ancien agent du KGB, en jeans et chemise aux manches retrouss�es, discute avec les habitants, promet des centaines de milliers de roubles d'aide pour chaque famille, embrasse une vieille femme sur le front. �Nous allons reconstruire chaque maison. Vous aurez des maisons neuves�, assure-t-il aux habitants group�s autour de lui. M. Poutine, plus � l'aise dans ce r�le d'homme d'action que dans des r�unions de cabinet qui le montrent souvent �coutant avec une certaine lassitude le rapport de tel ou tel ministre, a pris les choses en main, effa�ant des �crans non seulement son populaire ministre des Situations d'urgence Sergue� Cho�gou, mais aussi le pr�sident Medvedev. La situation l'exigeait d'autant plus que selon des images non diffus�es par les t�l�visions russes et disponibles sur l'internet, l'accueil r�serv� par les habitants de Vekhna�a Vereia �tait v�h�ment. �Vous n'avez rien fait, vous n'avez rien fait pour que �a ne br�le pas�, criait une femme � Vladimir Poutine, selon ces images. �Vous vouliez que nous br�lions vifs ? Nous avions demand� de l'aide bien avant (que le feu ne gagne les maisons), personne n'a rien fait�, criait une autre. Plus tard, camp� dans un bois de bouleaux de la r�gion de Nijni Novgorod, un t�l�phone portable � l'oreille, Vladimir Poutine est montr� donnant des explications sur la situation � M. Medvedev. Des explications qui ressemblent par moment � des instructions. Et � un terrible constat sur la corruption qui gangr�ne le pays : il faut que les fonds soient d�bloqu�s �sous le contr�le des repr�sentants du Kremlin dans les r�gions, afin qu'ils ne soient pas d�tourn�s�, dit le Premier ministre au pr�sident. Dmitri Medvedev, montr� en costume dans un bureau de bois verni de sa r�sidence de Sotchi, la station baln�aire russe de la mer Noire, acquiesce sans broncher. Chacun conna�t en Russie l'ampleur de la corruption et des d�tournements de fonds publics. Cet �change au sommet de l'Etat en dit cependant long sur l'efficacit� tr�s relative, depuis toujours et sous tous les r�gimes dans ce pays immense, des courroies de transmission du pouvoir. De retour samedi � Moscou, Vladimir Poutine met encore la pression sur les dirigeants locaux, avec lesquels il menace de �r�gler des comptes� une fois les for�ts russes �teintes. �Ni le feu, ni le vent ne prennent de repos. Et vous et moi ne devons pas non plus avoir de r�pit dans cette situation�, lance-t-il � des gouverneurs et chefs d'administration dont la r�putation en Russie est de ne gu�re se soucier de leurs administr�s. �Je demande aux dirigeants des r�gions de se rendre sur place, dans les endroits les plus touch�s par le feu, d'�tre avec les gens, de parler avec eux, de comprendre ce qui se passe, de palper avec leurs propres mains�, dit encore M. Poutine. En d�finitive, �il y a eu les envahisseurs P�tch�n�gues, Polovets, les chevaliers Teutons, la deuxi�me guerre mondiale. La Russie a tout support�, tout surmont�, et nous allons surmonter cette �preuve�, dramatise encore celui qui appara�t dans cette situation plus que jamais comme l'homme fort du pays.