En présidant la première réunion du bureau politique du Parti des travailleurs depuis la fin de son incarcération, Louisa Hanoune donne le ton. Ce n'est ni plus ni moins qu'un sévère réquisitoire que fait le PT. Qu'il s'agisse de politique ou d'économie, les horizons s'annoncent « sombres », estime le parti pour qui le changement réclamé ne s'est toujours pas produit. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - De retour à la tête du parti, Louisa Hanoune a présidé une réunion du bureau politique consacrée à l'examen de la situation du pays. Le constat est sans appel : le régime n'a jamais changé. Le PT estime, en effet, que « le peuple algérien n'est pas dupe. Le régime est toujours là, avec ses institutions illégitimes, produit de la fraude, du népotisme et de l'argent sale » ,ajoutant que « le régime qui s'est imposé par la force, contre la volonté du peuple mobilisé pacifiquement durant une année, ne peut pas être source de changement, il ne peut rompre avec les pratiques du passé tout en les utilisant pour se maintenir ». Faisant part de son scepticisme, le parti estime que « la nouvelle République basée sur la justice à laquelle le régime veut nous faire croire n'a jusqu'ici amorcé aucun changement ». Les poursuites engagées contre de nombreux anciens responsables laissent de glace le PT qui affirme que « la prétendue lutte contre la corruption sélective, réduite au jugement de quelques symboles du régime et de l'oligarchie qui ont exercé le pouvoir politique et économique sur une période donnée, menée avec une tapageuse campagne, ne vise qu'à disculper le système qui a produit la prédation et la corruption, toutes les dérives totalitaires et qui a enfanté les bandes mafieuses locales et nationales ». Il estime que la corruption est « le fait d'un système qui a institutionnalisé toutes ces pratiques et les a érigées en modèles politiques et économiques ». Evoquant les nombreux détenus, le PT déplore que « la répression se poursuive toujours avec de nouvelles arrestations, ainsi que la condamnation de plusieurs détenus politiques et d'opinion ». Au plan économique, le réquisitoire du PT est tout aussi sévère : « Les horizons sont déjà sombres » pour des dizaines de milliers de travailleurs d'entreprises privées qui sont au bord de la faillite, tranche la formation de Louisa Hanoune qui s'interroge sur le concept de « la nouvelle Algérie », en se demandant « vers quel avenir va nous mener la nouvelle Algérie lorsque la principale richesse nationale, les hydrocarbures, qui a permis la construction de l'économie nationale et fait vivre ses citoyennes et citoyens, est bradée au profit des multinationales de pétrole, dont les cinq majors, de l'aveu du ministre de l'Energie, ont collaboré directement à l'élaboration de la nouvelle loi ». Et d'ajouter : « Vers quels horizons va-t-on mener l'économie du pays lorsque la loi de finances pour l'année 2020 institue le retour au financement extérieur des investissements publics, abroge la règle des 51/49, qui faisait obstacle partiellement au bradage des entreprises publiques, et lorsque sont introduites des mesures antisociales par de nouvelles taxes qui aggravent l'érosion du pouvoir d'achat de la majorité du peuple ». Conclusion du PT : « Le régime qui a bradé la principale richesse du pays, les hydrocarbures , en contrepartie de la caution des puissances étrangères pour ses plans de maintien, ne peut pas prétendre défendre la Nation, sa souveraineté, car la souveraineté politique du pays est conditionnée par la souveraineté du peuple sur ses richesses, son sol et son sous-sol .» Quelles solutions préconise le parti ? L'unique solution reste pour le PT une rupture totale avec l'ancien système qui doit passer par la réunion d'une Assemblée constituante , qui sera chargée de rédiger une nouvelle Constitution. N. I.