L'Algérie, touchée par l'épidémie du coronavirus, n'est pas restée de marbre devant le risque de propagation accrue des cas positifs. Hier, vingt-quatre heures après la «recommandation» du président de la République émise lors d'un Conseil des ministres, le ministre de la Santé, de la Réforme hospitalière et de la Population, Abderrahmane Benbouzid, a fini par «valider» la décision de tenir toutes les manifestations publiques à venir à huis clos. Le sport sera le premier concerné par cette instruction que le MJS et toutes les fédérations sportives devaient mettre en application dès hier, journée qui a vu la tenue des deux premiers quarts de finale de la coupe d'Algérie, ainsi que des rencontres en sports collectifs. «Le président Tebboune a ordonné l'interdiction de toutes les manifestations sportives et culturelles afin de prévenir la propagation du coronavirus. Au rythme où la situation va, on n'est pas loin de la phase 2», dira le ministre de la Santé, qui s'est dit «intrigué» par le silence du MJS à ce sujet. «Il ne reste que la décision du ministère de la Jeunesse et des Sports pour entériner la décision de faire jouer toutes les compétitions sportives sans la présence du public», poursuivra le Pr Benbouzid, qui n'a pas fixé la période de ce «confinement» des différents championnats sportifs. En Europe, en Italie notamment, où la crise du coronavirus est «aiguë», le gouvernement italien a décidé de suspendre les matchs du football jusqu'au 3 avril, alors qu'en Espagne, les deux prochaines journées de la Liga se joueront à huis clos. La décision des pouvoirs publics en Algérie d'interdire la présence des fans dans les stades ne changera pas grand-chose à la donne. Sur un plan économique, peu de clubs tirent profit des recettes des stades où ils évoluent. Par contre, les offices sportifs de wilaya et les stades gérés par les communes subiront quelques maigres pertes financières induites par les charges liées au fonctionnement de leurs enceintes sportives. La Télévision publique, qui a les droits de retransmission des matchs du championnat de Ligue 1 (et ceux de la Ligue 2), ainsi que les rencontres de coupe d'Algérie, ne doit pas être affectée par le huis clos, elle qui «encaisse» les redevances depuis les quittances d'électricité des ménagères. Idem pour les instances du football qui vont bénéficier de la «rente» quelle que soit la position qu'adoptera la Télévision publique concernant la diffusion des compétitions qu'elles gèrent. Seul impair, les clubs sanctionnés par des matchs à huis clos (MCA, USMA, CRB en Ligue 1, la JSMB, l'ABS en Ligue 2) ne peuvent pas purger leur suspension, dans la mesure où toutes les compétitions auront lieu à huis clos. Ce sont les matchs de coupe, «dispensés» par la FAF de la sanction du huis clos, qui seront les plus pénalisés par l'absence du public. Globalement et sur un plan purement technique, la course au titre dans les deux challenges peut être relancée. Tout comme celle pour le maintien : l'apport des supporters manquera à certaines équipes (à ce «régime», le PAC est une équipe privilégiée) pour lutter vers le sacre ou pour se sauver du purgatoire. Quel impact sur les Verts ? Dans ces mêmes colonnes, il a été fait cas de la possibilité de voir le match face au Zimbabwe, le jeudi 26 mars à Blida, se dérouler à huis clos à cause de la «montée» des cas positifs, spécialement dans la Mitidja. Pis, il était également question de possibles «défections» des joueurs opérant en Europe. Une probabilité qui est prise au sérieux par la Fédération et le sélectionneur national, Djamel Belmadi. Et pour cause ! A titre d'exemple, la décision du gouvernement italien d'interdire le mouvement de ses citoyens, en sus de l'annulation de toutes les compétitions sportives locales et internationales sur son territoire, peut impacter le déplacement d'au moins un international, Ismaïl Bennacer (Milan AC), vers l'Algérie, d'autant plus que la ligne Alger-Milan vient d'être officiellement «fermée» par la compagnie nationale Air Algérie. Et le cas de Bennacer n'est pas isolé. D'autres sélectionnables pour le stage des Verts à partir du 23 mars sont sous la menace d'un isolement. Que fera la FAF ? Dans l'attente d'une décision de la CAF en rapport avec le report des matchs de cette fin de mois réservés aux éliminatoires de la CAN-2021, difficile d'envisager une solution interne ; Belmadi a déjà pris l'engagement de ne retenir que des joueurs compétitifs des championnats étrangers. Hier, le Kenya, qui dispose d'un fort contingent de ces internationaux en Europe a fait la demande à la CAF de reporter son match face aux Comores en se basant sur l'apparition d'un premier cas de coronavirus à Nairobi et la décision du gouvernement kényan d'interdire les rassemblements de plus de 15 personnes. La CAF n'avait pas donné sa réponse aux Kényans, mais tout porte à croire que l'instruction de Gianni Infantino, l'autre jour, de privilégier les vies humaines aux matchs de football, soit mise en avant pour que les deux journées des qualifications de la CAN-2021 soient officiellement reportées à plus tard. La FAF suivra-t-elle l'exemple du Kenya ? M. B.