L'Algérie compte désormais, selon le dernier bilan publié hier par le ministère de la Santé, cinquante-quatre cas de contamination au coronavirus et quatre décès. Le taux de mortalité avoisine les 8% sur le nombre total de contaminations. La Chine qui cumule, jusque-là, plus de 80 000 cas de contamination, a enregistré un taux de mortalité de 3%. Les professionnels de la santé qui assuraient que le taux de mortalité de la grippe saisonnière est beaucoup plus élevé que celui du coronavirus se sont vite rendu compte du contraire. Pourquoi l'épidémie du coronavirus connaît-elle un taux de mortalité aussi élevé ? La mutation du virus, trois fois en deux mois, expliquerait cette tendance haussière, selon le docteur Lyes Merabet. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - En moyenne, trente millions de personnes sont touchées, annuellement, par la grippe saisonnière, dans le monde, et entre 250 000 et 300 000 personnes décèdent. Le taux de mortalité lié à la grippe saisonnière se situe entre 0,4% et 1% par an. Le Covid-19 tue environ 3,5% des malades diagnostiqués, avec des disparités selon les pays. En Algérie, avec quatre décès et 48 cas de contamination jusque-là, le taux de mortalité est d'environ 8%. Le docteur Lyes Merabet, médecin dans une structure de santé de proximité à Boufarik et président du SNPSP, a expliqué que le taux de mortalité en Chine avoisine les 2,5% et les 3%. L'Italie, premier pays européen, en nombre de contaminations, a enregistré un taux de mortalité avoisinant les 5% contre 3 à 4% en France et 1 à 1,5% en Allemagne. « Chez nous, c'est encore assez tôt pour arrêter un taux de mortalité, nous n'avons pas encore de recul pour prendre une référence en termes de taux de mortalité mais je pense que le plus logique, c'est de prendre la situation chinoise comme référence, avec tous les moyens de prise en charge et l'organisation mis en place », dit-il. Comment expliquer un taux de mortalité beaucoup plus élevé que celui de la grippe saisonnière ? Selon le docteur us Covid-19 expliquerait cette situation. En effet, en deux mois, le virus a muté trois fois, ce qui est énorme. Ce qui retarde aussi les chercheurs à trouver un vaccin efficace à toutes les variantes. Les professionnels de la santé expliquent également que la mortalité augmente nettement avec l'âge, c'est ce que montre une analyse publiée le 24 février dernier par des chercheurs chinois et publiée dans une revue médicale américaine. Ainsi, les personnes âgées de 70 ans et plus sont considérées comme des personnes à risque, même si les patients entre 50 et 70 ans doivent être surveillés de façon plus rapprochée. Les personnes âgées de plus de 80 ans sont les plus à risque avec un taux de mortalité de 14,8%. En plus de l'âge, les maladies chroniques constituent le deuxième facteur de risque. Le fait d'avoir une maladie chronique comme une insuffisance respiratoire, une pathologie cardiaque, un antécédent d'AVC, cancer, asthme, mucoviscidose…, ou de souffrir d'immunodépression, infection au VIH non contrôlé, hémopathie maligne en cours de traitement, immunodépression médicamenteuse, immunosuppresseur, biothérapie et/ou une corticothérapie à dose immunosuppressive ou immunodépression à la suite d'une greffe d'organe solide ou de cellules souche hématopoïétiques. De même, les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée, une insuffisance cardiaque, ceux atteints de cirrhose au stade B au moins, les patients aux antécédents cardiovasculaires, hypertension artérielle, antécédents d'accident vasculaire cérébral ou de coronaropathie, chirurgie cardiaque, les diabétiques insulinodépendants ou présentant des complications secondaires à leur pathologie, sont considérés comme des personnes étant plus exposées que les autres. Une étude chinoise parue le 9 mars dernier (qui porte toutefois sur un nombre limité de patients, 191) s'est également intéressée aux facteurs associés à un risque de mortalité. Celle-ci a révélé que l'âge avancé, le fait de présenter des signes de sepsis (ou septicémie, une infection très grave avec défaillance d'organes) lors de l'admission à l'hôpital et des maladies sous-jacentes comme l'hypertension et le diabète étaient d'importants facteurs associés au décès des patients. Cependant, le fait que toutes ces personnes soient plus à risque que les autres ne veut pas dire qu'une contamination au coronavirus leur serait forcément fatale. Lorsqu'une personne âgée de 85 ans meurt du coronavirus, ce n'est pas le coronavirus qui la tue, mais plus souvent les complications qui atteignent des organes qui n'étaient pas en bon état. S. A.