Le square Port-Saïd, plaque tournante du marché noir des devises, est frappé de plein fouet en raison de la propagation de la pandémie de Covid-19. L'activité sur la place de l'achat et la revente de la monnaie étrangère y est presque paralysée depuis la suspension des liaisons avec les pays étrangers. Depuis trois jours, essentiellement, le cours de change enregistre non seulement une baisse drastique, mais l'activité achat-revente est au point mort. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - C'est ce qui apparaissait clairement, hier mercredi, sur la place du change informel des devises de la place de Port-Saïd. Le cours de l'euro a enregistré une chute libre, alors que le dollar n'est plus demandé, témoignent les cambistes. « J'ai déserté la place depuis trois jours », avoue Abderrezak, un jeune cambiste adossé au mur d'un commerce qui donne sur la place. « Ça chôme ici, alors pourquoi venir chaque matin ?» s'interroge-t-il, avec amertume. Non loin, les autres cambistes, aux abords de la chaussée, billets de banque à la main, tentent d'intercepter quelques automobilistes dans le but d'entreprendre des affaires de change. L'un d'eux avoue que l'activité est « morte » depuis trois jours, que le cours de la devise stagne au plus bas de sa valeur. Les demandeurs se font de plus en plus rares depuis près d'une semaine, de même que l'offre à l'achat de la monnaie étrangère, nous affirme Farid, un cambiste habitué de la place du change au noir, qui avoue n'avoir jamais assisté à une situation pareille. Il est vrai que l'euro, qui est descendu ces derniers jours sous la barre des 200 DA, s'échange contre 190 DA actuellement. Alors que l'offre a pratiquement disparu puisque l'euro à l'achat est fixé à 185 DA. Et dire qu'en pareille période, l'euro devait s'échanger contre 220 DA ou bien plus, dans une période caractérisée par la saison de pèlerinage, les voyages touristiques en Turquie, en Europe et en Tunisie. « Le coronavirus a tout tué », explique Ahmed, visiblement au fait de l'activité du marché parallèle. L'épidémie du coronavirus a frappé les prix des devises sur la place Port-Saïd après l'annulation des voyages vers l'étranger, mais aussi la situation résulte du gel des activités d'importation en raison de la suspension des vols entre la Chine et l'Algérie, jusqu'à une durée indéterminée. Salah, un vendeur de la devise sur le marché parallèle, apparemment très au fait du sujet, abonde dans le même sens pour expliquer cette chute drastique des devises qui a conduit au gel du change. Selon lui, les cambistes ont enregistré cette baisse d'activité depuis le mois de février en raison de l'absence d'une clientèle habituellement composée d'importateurs, qui réservent généralement des quantités importantes de dollars. Pour l'heure, les cambistes sont conscients de la gravité de la situation qui affecte le marché noir des devises, impacté par le coronavirus. Mais dans leur ensemble, ils sont embarrassés, tant les indicateurs à la normale du change de la monnaie étrangère ne sont pas visibles, car ils sont liés à l'évolution de l'épidémie du coronavirus dans le monde. A. B.