La monnaie européenne et le billet vert étaient cotés respectivement à 131 DA et 120 DA, selon les derniers chiffres publiés sur le site officiel de la Banque d'Algérie. Les cours des principales devises sur le marché noir ont dévissé, après avoir atteint des records vers la fin de l'année 2019. Au square Port-Saïd d'Alger, principale place boursière parallèle du change du pays, les monnaies étrangères ont pâti, avant-hier, face à la monnaie nationale en raison du recul de la demande. L'euro valait 198 DA à l'achat et 200 DA à la vente au marché noir de la capitale, illégal mais toléré depuis belle lurette par les pouvoirs publics. La baisse a également touché le dollar américain. Le billet vert était cédé à 178 DA à l'achat et 180 DA à la vente. Officiellement, la monnaie européenne et le billet vert étaient cotés respectivement à 131 DA et 120 DA, selon les derniers chiffres publiés sur le site officiel de la Banque d'Algérie. Entre le circuit officiel et le marché parallèle, l'écart est de 69 DA pour l'euro et 60 DA pour le dollar. De nombreux cambistes interrogés évoquent plusieurs raisons à l'origine du recul de la demande sur l'euro et le dollar, devises les plus prisées en Algérie. Selon eux, le recul des cours des devises sur le marché parallèle des changes est directement lié aux conséquences du nouveau coronavirus apparu en décembre en Chine. «L'euro avait atteint 220 DA vers la fin de l'année 2019. Depuis, le marché est morose. Beaucoup ici jugent que la baisse des cours des devises, particulièrement l'euro et le dollar, a coïncidé avec l'apparition du coronavirus», confie un cambiste, apostrophé non loin du palais de justice alors que des centaines de jeunes vendeurs clandestins tendent d'attirer des passants en quête de devises, sous l'œil des policiers. La semaine dernière, la compagnie nationale Air Algérie avait décidé de suspendre ses deux vols hebdomadaires à destination de Pékin, «dans le cadre de dispositions préventives temporaires». La décision avait été prise après que l'Organisation mondiale de la santé ait déclaré l'épidémie du nouveau coronavirus «urgence de santé publique de portée internationale». Outre l'aspect sanitaire, Air Algérie a décidé de suspendre sa liaison avec la Chine pour des raisons commerciales. «Sur la Chine, le taux de booking (réservation) est très très faible, pour ne pas dire nul», expliquait alors le transporteur public. Outre le coronavirus, certains cambistes évoquent des mesures prises par le gouvernement, qui ont impacté, d'après-eux, également la demande en monnaies étrangères. «Les pouvoirs publics avaient décidé de bloqué l'approvisionnement en kits CKD/SKD des opérateurs automobiles et des industriels des filières de l'électronique et de l'électroménager. Les opérateurs économiques, à l'instar des importateurs, sont de gros clients des marchés noirs des devises. A chaque fois qu'ils sont impactés par ce type de mesures, c'est tout le marché noir qui en prend un coup», croit savoir un autre cambiste, espérant que le gouvernement lèvera ces blocages et hâtera l'entrée en vigueur des d'importations des véhicules de moins de 3 ans. Ces mesures seront de nature, selon lui, à provoquer une nouvelle hausse des cours des devises, devenues des valeurs refuge, au même titre que l'or et l'immobilier. En dernier lieu, d'aucuns imputent le recul des transactions sur le marché parallèle des changes à la faiblesse de la demande émanant des candidats au voyage à l'étranger, alors que le nombre de visas Schengen accordés par les consulats de France en Algérie a reculé de plus de 7% en 2019.