Le ministre de la Santé a envoyé cette semaine une note aux responsables des structures de santé du secteur privé pour solliciter leur contribution dans le plan de lutte contre la propagation du Covid-19. Sachant que ce secteur représente 50% de l'exercice de la fonction. Devant le pic de l'épidémie, les médecins de ville seront également sollicités pour s'associer à cette guerre. Comment le ministère de la Santé compte-t-il mettre en place cette organisation ? Pour le moment, le ministère de la Santé n'a donné aucune instruction sur le déroulement du parcours. Les médecins libéraux attendent les instructions pour savoir comment s'organiser. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - L'Algérie n'est pas encore passée au stade 3 de l'épidémie de coronavirus. Cependant, les autorités travaillent déjà sur l'organisation des soins et l'implication des médecins libéraux et les cliniques privées. Devant un pic de l'épidémie, le système de soins va devoir progressivement fonctionner différemment. Les hôpitaux vont devoir se concentrer sur les cas graves, et les interventions non urgentes seront reportées. Ainsi, une autre répartition privé/hôpital public sera mise en place. Le ministre de la Santé a déclaré récemment que nos hôpitaux ne disposent certes que de 400 lits de réanimation. Pour renforcer ces capacités, a-t-il expliqué, les services de chirurgie seront affectés pour la prise en charge des cas de coronavirus. Pas seulement, Benbouzid compte également exploiter les capacités du secteur privé pour faire face au flux des cas symptomatiques. Cette semaine, le ministre de la Santé a envoyé une note aux responsables du secteur privé afin de demander leur contribution dans la lutte contre la propagation du coronavirus. Comment va se mettre en place cette organisation pour gérer cette situation de crise ? Le président du Conseil national de l'Ordre des médecins a indiqué que le secteur privé représente 50% de l'exercice de la fonction. Pourtant, les médecins libéraux n'ont reçu aucune instruction du ministère de la Santé sur le parcours à suivre dans la lutte de cette pandémie. C'est le cas notamment, souligne le docteur Bekkat, en termes d'orientation des cas suspects. En France, par exemple, les médecins généralistes ont été instruits de regrouper leurs consultations de patients suspects Covid-19 sur une même plage horaire. On leur a recommandé aussi de porter un masque lors de la consultation et de ne pas réaliser d'examen ORL et si lors d'un examen, un patient est avéré suspect, le praticien doit appeler la Protection civile. Selon le docteur Bekkat Berkani, le médecin de ville, tout comme les structures de santé privées, doivent apporter leur contribution dans cette guerre contre le Covid-19. «Le secteur privé est complémentaire du secteur public», a-t-il rappelé. Toutefois, le président du Conseil de l'Ordre des médecins estime que tout comme le secteur public, le secteur privé doit être aussi équipé en équipements et moyens de protection. «La première étape, nous devons être à la disposition de nos concitoyens, et si jamais les choses s'aggravent, l'Etat aura le droit de réquisitionner le personnel de santé du secteur privé et les médecins de ville qui, eux, s'emploieront à expliquer beaucoup plus les gestes préventifs, le dépistage et donner des informations utiles.» Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique, déplore l'absence de coordination du ministère de la Santé avec les partenaires sociaux. Selon lui, les partenaires sociaux ont été exclus de toutes les décisions prises depuis le début de l'épidémie et n'ont pas été consultés dans le plan d'action de lutte contre le coronavirus. Pourtant, rappelle-t-il, ce sont ces organisations qui peuvent véhiculer l'information, sensibiliser, rassurer et informer. Le docteur Merabet reconnaît que le personnel de santé et les organisations syndicales ignorent comment va se dérouler la coordination public/privé dans le plan d'action national de lutte contre le Covid-19. «À quel niveau le secteur privé va apporter son concours ? Comment sera mise en place l'organisation des soins des cas suspects ? Nous ignorons tout autour de cette organisation pourtant, il s'agit d'une épidémie importante pour laquelle il faut une organisation importante», reconnaît ce médecin. S. A.