Faut-il aller vers le confinement général de la population pour ralentir la propagation du coronavirus (Covid-19) ? Les experts scientifiques sont unanimes. Seule cette mesure pourrait barrer la route à la propagation de l'épidémie avant sa disparition. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Alors que l'Algérie a atteint la phase 3 de l'épidémie du coronavirus, le ministre de la Santé se contente d'appeler les citoyens à rester chez eux. Les experts scientifiques, eux, ne cessent de plaider pour le confinement général de la population. Ils sont tous convaincus que seule cette décision pourrait ralentir la propagation du Covid-19 avant d'aboutir à sa disparition définitive. Le président du Conseil national de l'Ordre des médecins algériens, Dr Mohamed Bekkat Berkani, affirme que le confinement général de la population est la seule façon de s'assurer de la non-transmission de ce virus. Même si les retombées de cette mesure sur l'économie nationale ne seront pas négligeables, il estime que la sécurité sanitaire demeure une priorité. «Si l'Algérie se perd en matière de santé et qu'il y a une catastrophe sanitaire, ça ne sert à rien d'avoir de l'argent», dit-il. Le Dr Mohamed Bekkat Berkani déplore, par ailleurs, la réaction de la population qui, selon lui, n'a pas l'air de réaliser la gravité de la situation, et ce, malgré toutes les campagnes de sensibilisation menées. «Il faut prendre des mesures radicales, comme celles prises ailleurs dans des pays développés et des pays voisins. Si le confinement général est décidé, il faut qu'il soit radical», insiste-t-il. Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), a, lui aussi, plaidé pour la mise de la population en état de confinement «total» et «strict». «Il faudrait aller immédiatement et rapidement vers la mise en situation de confinement total et strict de la population algérienne dans les régions endémiques mais aussi à travers tout le territoire national, et ce, de façon graduée et organisée, et arriver à limiter au maximum les déplacements des personnes», dit-il. Pour lui, le confinement général de la population a été la «décision sanitaire» qui a permis de ralentir la courbe de croissance en termes de cas signalés ou de nouveaux cas enregistrés en Chine, en Corée du Sud et au Japon. De son côté, la Pr Nassima Achour, chef de service des maladies infectieuses à l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) des maladies infectieuses, Docteur-Laadi-Flici (ex-El-Kettar), à Alger, est convaincue que le moment où l'Algérie ira vers le confinement général de la population ne saurait tarder. «Actuellement, les cas atteints par le coronavirus sont hospitalisés, mais il arrivera un moment où nous serons obligés d'aller vers le confinement. D'ailleurs, les personnes asymptomatiques ne seront pas hospitalisées, mais doivent rester chez elles au moins pendant 14 jours», explique-t-elle. L'infectiologue appelle ainsi les Algériens à rester chez eux afin, dit-elle, d'«éviter tout contact avec d'autres personnes, notamment celles à comorbidité». Ry. N.