Le Pr Smaïl Mesbah, membre du Comité scientifique en charge de la lutte contre le coronavirus au ministère de la Santé, insiste sur le respect des décisions de confinement de la population et de couvre-feu, afin d'endiguer la propagation du coronavirus (Covid-19). Pour lui, celles-ci ne sont plus des recommandations, mais des mesures obligatoires. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La décision d'un confinement total pour la wilaya de Blida pour une durée de dix jours, renouvelable, et l'instauration d'un couvre-feu à Alger sont pour le Pr Smaïl Mesbah des mesures «nécessaires» pour freiner la propagation du coronavirus. «Aujourd'hui, nous connaissons ce que représente ce virus en termes de vitesse de propagation et de menace pour la santé publique. Il est apparu à travers l'expérience des différents pays que le confinement de la population faisait partie des principales mesures complémentaires qui devaient être instaurées», a-t-il affirmé ce mardi sur les ondes de la Radio Chaîne 3. Soulignant qu'il s'agit d'«une première dans les actions de la santé publique», il précise que l'Algérie est dans une stratégie de renforcement graduel des mesures de prévention. Celles-ci, poursuit-il, ont été prises afin d'endiguer les foyers du Covid-19. Il estime, d'ailleurs, que le confinement de la population serait mis en œuvre à chaque fois qu'une transmission locale serait avérée, comme a été le cas à Blida, afin d'éviter toute propagation à d'autres régions. «La prise de mesure de confinement n'est pas conditionnée par l'apparition d'un premier cas, mais par une transmission locale avérée», explique-t-il. L'invité de la radio insiste, toutefois, sur le respect de ces mesures à tous les niveaux. «Il faut que chaque Algérien, à travers tout le territoire national, prenne conscience de l'importance du respect de toutes les mesures de prévention au niveau individuel et collectif. Ces mesures s'imposent à nous. Elles ne sont plus des recommandations mais des mesures obligatoires», souligne-t-il. Il rappelle, à cet effet, l'évolution rapide et inquiétante du coronavirus qui a été déclaré en l'espace d'un mois et demi après sa parution, urgence sanitaire internationale de santé publique, puis un mois plus tard, pandémie mondiale. «Aucun des virus connus pendant ces trente dernières années n'a eu une telle vitesse de propagation.» Il assure, par ailleurs, que personne ne peut prévoir le moment où l'Algérie enregistrera son pic de l'épidémie de Covid-19. «Indépendamment de l'évolution de cette épidémie qui doit être contrôlée, l'essentiel est de prendre des mesures, mais surtout de les respecter et de les faire respecter», dit-il encore. S'agissant du dépistage, le Pr Mesbah note qu'il s'agit d'une stratégie particulière appelée à se développer. «L'Algérie a pu bénéficier, dès le début, des tests de dépistage. Il s'est avéré, certes, que le nombre n'était pas suffisant mais les mesures qui ont été prises visent à rendre cette pratique suffisante. Actuellement, tous les malades symptomatiques bénéficient d'un test de dépistage», indique-t-il. Il rappelle, à cet effet, que trois régions ont été jusqu'à présent identifiées pour décentraliser le dépistage avant d'affirmer que le recours à tous les établissements de santé qui pourront effectuer ce dépistage dans les conditions requises sera envisagé. La chloroquine, une prescription «encadrée» Evoquant le protocole médical pour le traitement à la chloroquine, adopté par le Conseil scientifique en charge de la lutte contre le coronavirus au ministère de la Santé, dont il est membre, le Pr Smaïl Mesbah précise qu'il s'agit d'une prescription «encadrée». «Le traitement à la chloroquine ne se fera qu'en milieu hospitalier dans les services spécialisés, qui prendront en charge les cas de Covid-19. Cette prescription se fera sous surveillance médicale stricte, et sur une durée de cinq à sept jours», souligne-t-il. Quant aux cas ciblés, il note que seules les formes compliquées et les formes sévères de coronavirus sont concernées. «L'administration de ce traitement sera une possibilité aux formes sévères, pour lesquelles il n'y aura d'autres traitements que la réanimation sur-respiratoire, de leur faire éviter des évolutions plus graves», explique-t-il. Les cas bénins, eux, poursuit-il, «n'auront pas besoin de ce produit puisqu'ils guériront naturellement». Ry. N.