La prolongation de la détention de Karim Tabbou, « sans procès », selon l'ordre des avocats d'Alger, a provoqué une grave crise entre le parquet et les avocats qui ont dénoncé une machination judiciaire contre le détenu de Koléa. L'état de santé de Karim Tabbou, pris d'un malaise devant le juge, jugé très grave par ses avocats et sa famille, a fait également objet de polémique. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - L'Union nationale des organisations d'avocats a dénoncé, ce jeudi, de graves violations des procédures lors de la condamnation du porte-parole de l'UDS à un an de prison ferme. L'Union a dénoncé, dans un communiqué, «la poursuite de l'audience en l'absence du prévenu et le refus de la reporter après le malaise qu'a eu Karim Tabbou». Le collectif de la défense du détenu a dénoncé «de graves dépassements » du juge qui a traité l'affaire à la cour d'Alger. Le barreau d'Alger a dénoncé, pour sa part, les conditions de traitement de l'affaire, affirmant que la peine de Karim Tabbou a été alourdie sans la tenue d'aucun procès puisque ni l'accusé ni sa défense n'étaient présents à la séance. Le barreau d'Alger a décidé de suspendre ses relations avec les responsables de ce «scandale», appelant au boycott de toutes les affaires traitées par le juge en question. Toutes ces parties considèrent que la prolongation de la peine est illégale, appelant à la libération immédiate du détenu. Elles affirment que « le président de la 5ème chambre criminelle de la cour d'Alger, Hamzaoui Mohamed Sbaâ, et le parquet général assumeront toute la responsabilité» dans cette affaire. Concernant son état de santé, ses avocats ont affirmé : «Nous avons été autorisés, après insistance, de rendre visite à Karim Tabbou qui se trouve actuellement à la prison de Koléa. C'est vers 16h45 que les responsables de la prison nous ont autorisés à le voir pendant seulement 20 minutes. A première vue, nous avons constaté qu'il souffrait d'une paralysie partielle du côté droit (pied, bras, visage), due au pic de tension dont il a été victime.» Dans un communiqué, le parquet général a apporté des précisions sur le déroulement du procès de Karim Tabbou au niveau de la chambre correctionnelle de la cour d'Alger, soulignant que l'arrêt confirmant le jugement prononcé à l'encontre de l'accusé a été rendu sur la base des dispositions de l'article 347, alinéa 2 du code de procédure pénale, considérant l'accusé présent s'il refuse de répondre. «Lors de l'audience et l'examen des dossiers enrôlés devant la même chambre concernant d'autres accusés détenus, l'accusé Tabbou Karim a été appelé à la barre, et après avoir été interrogé sur son identité et lui avoir notifié les charges retenues contre lui, il a refusé de répondre aux questions du président de la chambre, demandant le report de son procès pour que sa défense soit présente et vu son état de santé qui ne permet pas de le juger », a expliqué le communiqué. Il ajoute que «pour confirmer l'état de santé de l'accusé, le président de l'audience a ordonné l'examen de l'accusé par un médecin, suite à quoi il a été emmené à l'infirmerie de la cour». Une heure après, «la cour a décidé de poursuivre le procès vu la présence du collectif de défense de l'accusé, mais ce dernier et ses avocats ont maintenu leur demande de reporter l'affaire, une demande qui n'a pas été approuvée par les magistrats de la chambre correctionnelle, l'affaire étant prête à être jugée d'une part, et vu la présence de l'accusé même s'il refusait de répondre aux questions et de sa défense, d'autre part», précise le communiqué qui n'évoque pas le malaise dont était victime Karim Tabbou. De son côté, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a affirmé que le refus du report du procès de Karim Tabbou par la cour d'Alger relève légalement du ressort exclusif de cette juridiction. « Si l'une des parties estime que la juridiction a abusé de l'usage de ce droit, le seul et unique moyen est de se pourvoir devant une juridiction supérieure, seule habilitée à trancher au fond», a précisé le CNDH. Ce conseil n'évoque pas non plus le malaise de Tabbou, affirmant que ce dernier a subi des examens médicaux effectués en premier lieu par le médecin de l'infirmerie de la cour, puis par un groupe de spécialistes qui ont «unanimement affirmé que l'intéressé ne souffre d'aucune maladie pouvant entraver sa comparution au procès, notamment les symptômes d'un accident vasculaire cérébral (AVC)». K. A.