Le collectif d'avocats persiste et signe : "Le comportement du président de l'audience est une atteinte flagrante aux droits constitutionnels des justiciables et un dépassement intentionnel des droits constitutionnels de la défense". La défense de Karim Tabbou, jugé en appel dans la précipitation mardi et dont le procès a été entaché de "graves violations" persiste et signe : l'homme politique a eu un malaise après l'insistance du juge, président d'audience, de le juger de "force", en refusant sa demande constitutionnelle et légale de la présence de ses avocats qui, faut-il sans doute le rappeler, ont été tenus dans l'ignorance de la tenue du procès. "Devant l'insistance du juge, président d'audience, de le juger de force, Karim Tabbou, soumis à une terrible pression, a eu un malaise et s'est évanoui dans la salle d'audience. Le président de l'audience décide alors de lever la séance et ordonne son transfert à l'infirmerie de la Cour", relate le collectif des avocats dans un communiqué publié tard dans la soirée de jeudi. Et contrairement à la version du parquet, les avocats de la défense n'ont pas demandé le "report", mais la présence de leur client au procès, disent-ils. Sans existence du jugement de première instance, non établi par le tribunal, pièce maîtresse dans le dossier, et sans la présence du prévenu "qui était dans une situation catastrophique", le président de l'audience prononce le verdict, rapporte encore le collectif. Le lendemain, soit mercredi, des avocats, détaille le communiqué, se sont rendus à la prison de Koléa pour s'enquérir de l'état de santé de Karim Tabbou. "Après une longue attente et des informations contradictoires sur l'état de santé de Karim Tabbou, on les a autorisés à le voir à 16h45 pour une durée de 20mn. Ils ont pu constater, de visu, une paralysie partielle du côté droit (visage, bras et pied), conséquence de la pression artérielle", note le texte. "Le comportement du président de l'audience est une atteinte flagrante aux droits constitutionnels des justiciables et un dépassement intentionnel des droits constitutionnels de la défense, des principes de la justice et une violation des conventions internationales ratifiées par l'Algérie", dénoncent les avocats. Mais peu avant leur communiqué, le parquet général, visiblement contrarié par la tournure et l'ampleur prises par les événements et les réactions en cascade à ce procès qui a suscité un tollé, a indiqué que Karim Tabbou "n'a pas été victime d'un AVC" lors du procès. Pour les avocats, le parquet a "publié un communiqué rapportant des faits trompeurs et erronés pour égarer l'opinion". "Il (le parquet, ndlr) évoque avoir ordonné le transfert de Karim Tabbou à l'infirmerie au motif que celui-ci a affirmé que sa santé ne lui permettait pas d'être jugé. Or, il a refusé d'être jugé en l'absence de ses avocats. Et contrairement à ce qu'il dit, la défense n'a pas demandé le report, mais uniquement la présence de son client", fustige le collectif. Il descend également en flammes la réaction du CNDH qu'il qualifie de "honteuse". "Une honte qu'il publie un communiqué en opposition avec les principes et textes qui régissent les droits de l'Homme et en opposition à l'instruction du ministre". Les avocats ne manquent pas de promettre de "poursuivre les responsables" des "graves dérives" constatées lors du procès. "La responsabilité incombe au président de la Cour, à celui de la cinquième chambre et au parquet de tout ce qui peut arriver à notre client sur le plan physique et moral", assènent-ils, en assurant demeurer mobilisés "pour dénoncer les dépassements et les violations". Au milieu de ces échanges, le frère de Karim Tabbou tente de rassurer : "Même si sa santé s'est améliorée, sa prise en charge urgente est nécessaire."