La crise sanitaire qui prévaut en Algérie portera inévitablement préjudice aux entreprises économiques, menaçant ainsi des milliers d'emplois. Selon le Forum des chefs d'entreprises (FCE), cette situation risque fortement de générer une crise sociale sans précédent. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Le président de cette organisation patronale, Mohamed Sami Agli, préconise une amnistie fiscale afin de permettre aux entreprises de poursuivre leurs activités après la crise. Intervenant hier lundi sur les ondes de la Radio Chaîne 3, le président du FCE a indiqué avoir travaillé sur un moratoire qui contient des mesures en vue du sauvetage des entreprises algériennes. Le FCE a ainsi formulé des propositions en rapport avec le report du paiement de l'impôt. «Il est vital aujourd'hui de faire un arrêt sur ce compteur qui est l'impôt, ne serait-ce que pour quelques mois», soutient Sami Agli. Il rappelle qu'il faut à tout prix accompagner les entreprises les plus fragiles notamment, à savoir les TPE et les PME, dans la mesure où elles constituent 75% de notre tissu économique. L'invité de la radio a toutefois souligné que cette amnistie fiscale pourra, dans un premier temps, se faire au cas par cas, jugeant que seul «le report du paiement des impôts est susceptible de maintenir l'activité économique des entreprises». Sami Agli invite, par conséquent, toutes les parties prenantes à lancer une réflexion profonde sur cette crise comme «un cas de force majeure». Cette situation exceptionnelle, dit-il, doit être accompagnée par des mesures tout aussi particulières. De ce fait, une amnistie fiscale contribuera certainement, d'après lui, «à solutionner bien des problèmes sur le plan économique». Le président du FCE relève, par ailleurs, qu'il y a «un avant et un après coronavirus». Détaillant son propos, il signale d'abord que cette épidémie a « levé le voile sur la fragilité économique de notre pays». Sami Agli explique encore qu'il faut s'attendre à une nouvelle reconfiguration économique dans le monde. «D'autres acteurs ainsi que de nouveaux pôles feront sûrement leur apparition», a-t-il noté, précisant qu'on assistera sans nul doute à un «confinement économique des pays étrangers», c'est-à-dire qu'à l'issue de cette épidémie, ces derniers se concentreront uniquement sur la relance de leur propre économie, ce qui est, dit-il, «normal». Cependant, les conséquences n'en seront que plus préjudiciables pour l'Algérie dont l'économie reste tributaire de l'importation. D'où la nécessité, poursuit-il, de mettre en place des mécanismes concrets pour tenter tant bien que mal de se relever après coup. «Ce sont là les conséquences de la mauvaise gouvernance qui a caractérisé la gestion du pays depuis des années», a-t-il déploré. Mohamed Sami Agli a rappelé que la situation économique en 2019 était déjà marquée par une crise aiguë, évoquant une «année blanche». Il soulève que sur le plan social, les choses n'étaient pas plus roses. «Ce n'est qu'à partir du mois de janvier que les acteurs économiques ont commencé à relancer des projets», et il n'aura pas fallu longtemps, regrette-t-il, avant que ne se manifestent les méfaits de l'épidémie de coronavirus. Pour le président du FCE, les choses se compliqueront davantage. C'est pourquoi il insiste : «Il faut agir vite et efficacement.» Sami Agli a indiqué que le Forum des chefs d'entreprises souhaite se constituer en véritable force de proposition et compte enclencher un plan pour sauver les entreprises qui agonisent. «Nous réfléchissons actuellement aux meilleurs moyens» qui permettraient d'accompagner les acteurs économiques dans le maintien de leurs activités en ces temps critiques, a-t-il souligné. L'objectif principal ,explique-t-il, est de «préserver les emplois en évitant à des milliers de personnes de se retrouver sans travail», a-t-il soutenu. Sami Agli fera savoir que le FCE voit aujourd'hui que la mise en place de ce moratoire est une «urgence». Il a relevé que son organisation patronale appelle dans ce contexte la banque à jouer son rôle d'accompagnateur des acteurs économiques. M. Z