Mauvaises nouvelles en provenance de la prison de Koléa. Un premier décès dû au Covid-19 a été enregistré au courant de cette dernière semaine, font savoir des avocats bien au fait de la situation en cours dans le monde carcéral. L'information, qui circulait depuis quelques jours sous forme de rumeur, a donc fini par s'avérer réelle. Un ancien collaborateur de Djamel Ould Abbès, ancien ministre de la Solidarité actuellement incarcéré à El-Harrach, est décédé à la prison de Koléa. Il était atteint du coronavirus. Devant l'impossibilité de joindre l'avocat du défunt, nous avons pris attache avec l'un des membres de la défense de Djamel Ould Abbès, Me Ksentini, qui a confirmé le décès. «C'est effectivement une information vérifiée, dit-il, je l'ai appris car le défunt est détenu dans l'affaire de mon client, c'est un médecin qui présidait l'une des commissions mises en place par Djamel Ould Abbès lorsqu'il était en fonction.» Aucune information supplémentaire n'est disponible sur le sujet. Nos interlocuteurs refusent de dévoiler le nom du défunt «par égard à la famille». On apprend, cependant, que l'une des mesures immédiate prises par les autorités concernées a été «d'isoler la prison de Koléa». Un isolement qui implique une interdiction de sortir les prisonniers hors du pénitencier jusqu'à nouvel ordre. Les détenus ne sont pas extraits et ne peuvent donc assister à leur procès, ils ne sont pas présents aussi bien au niveau du tribunal de Koléa que celui de Tipasa. Des informations émanant de sources sûres affirment, en outre, que les autorités judiciaires ont procédé récemment à la mise en liberté de 59 prisonniers détenus à la prison de Blida pour alléger le pénitencier en cette période d'épidémie. «Cette mesure, soutient Me Ksentini, devrait être généralisée à d'autres prisons du pays, il y a une situation exceptionnelle, elle appelle des mesures exceptionnelles, les détenus peuvent très bien être mis en liberté provisoire pour un certain temps et réintégrer les prisons par la suite, on ne demande pas aux autorités de les innocenter ou de les libérer définitivement, il s'agit de prendre des précautions pour éviter le pire, sans plus.» L'avocat de Djamel Ould Abbès nous informe alors que la demande de mise en liberté provisoire, introduite il y a une semaine en faveur de son client, «pour raison sanitaire», a été rejetée. Il y a quinze jours, un autre avocat, Me Miloud Brahimi, avait lancé un appel solennel au ministre de la Justice, afin que ce dernier procède à l'élargissement d'un maximum de prisonniers en raison de l'épidémie à laquelle fait face le pays. Au début du mois en cours, Abdelmadjid Tebboune avait ordonné la libération de plus de 5 000 prisonniers en réponse à l'appel de l'ONU qui demandait aux chefs d'Etat de vider les prisons en raison de la situation en cours. En Algérie, les décisions de ralentir toutes les procédures judiciaires ont été prises très tôt. Les tribunaux ont été instruits d'interdire toute présence de citoyens lors des audiences habilitées à se poursuivre. Il s'agit des audiences réservées aux détenus dont la date du procès avait été préalablement fixée et celles concernant les demandes de mise en liberté provisoire. D'autres mesures portaient également sur l'interdiction d'extraire les prisonniers de leur prison sauf exception (le respect des délais prévus par la loi). Les mesures concernent également les prisons où les visites familiales et les traditionnels couffins ont été suspendus. Seuls les avocats demeurent autorisés à se rendre dans les prisons. Ici aussi la donne a changé, les échanges avec les détenus ne pourront se dérouler qu'à travers une vitre durant encore un moment… A. C.