Mohamed Flissi est actuellement l'un des meilleurs pugilistes algériens dans sa catégorie (poids coq), comme en témoignent son dernier titre africain à Dakar et sa qualification aux JO de Tokyo qui auront lieu finalement en 2021. Son rêve est de remporter une médaille olympique, le seul titre qui lui manque, même si le report de ces Olympiades ne l'a pas enchanté. Le Soir d'Algérie : Comment se passe votre confinement ? Mohamed Flissi : «C'est un entraînement physique limité. On essaye de maintenir la forme, c'est tout.» Le problème des boxeurs est qu'ils ne peuvent pas avoir des sparring-partners ? «Oui, on peut juste axer sur le physique et des exercices de musculation. Maintenant que les JO sont reportés, tout le programme de préparation est chamboulé.» Justement, que pensez-vous de ce report des JO à 2021 ? «A mon avis, c'est bien et ce n'est pas bien.» Dites-nous ce qui est bien et ce qui ne l'est pas ? «Ce qui est positif, c'est que cela va nous permettre de souffler et de prendre du recul, de revoir les combats et d'en tirer des enseignements. Le point négatif, c'est que cela bouleverse toute notre préparation initiale. Tous les pays souffrent de cette pandémie et par conséquent on ne pourra plus s'offrir des stages à l'étranger comme par exemple à Cuba ou ailleurs, car ils auront peur que le virus revienne avec les athlètes des autres régions.» Ce qui est certain, c'est que vous êtes assuré de participer aux prochains Jeux olympiques ... «Oui, je suis le premier boxeur au monde à avoir assuré ma qualif pour les prochains JO grâce au dernier titre de champion d'Afrique que j'ai obtenu dernièrement.» Il paraît que cela n'a pas été facile ? «Certainement. Je n'ai jamais eu autant de difficultés que lors de ce championnat d'Afrique et cela s'explique par le fait que les boxeurs africains ont beaucoup progressé. Ils ont fait appel à des entraîneurs étrangers qui leur ont permis de relever leur niveau. Mais hamdoulillah, cela fait quatre ans que je me prépare. J'ai souffert et consenti des sacrifices et j'ai atteint mon but. C'est dommage que ce report intervienne, parce que j'étais dans une excellente forme pour viser une médaille olympique. Personnellement, ce report ne m'arrange pas du tout mais si c'est dans l'intérêt de notre santé, alors on va faire avec.» Pourtant, le champion de judo français Teddy Riner estime que c'est une bonne initiative… «Quand le train passe, il n'est plus possible de le rattraper. Moi, j'avais axé toute ma préparation pour 2020. Je me sentais prêt à 100% et voilà qu'il faudra tout refaire. Il faut savoir que la boxe est différente des autres disciplines. C'est un sport très difficile. La préparation est très compliquée, surtout avec les problèmes de poids. Ensuite, sur le ring, vous devez vous battre face à un adversaire qui ne pense qu'à vous démolir. Enfin, il faut prier Dieu pour que ce virus disparaisse pour que nous puissions reprendre une vie normale et que l'on revienne en force sur les rings.» Comment jugez-vous la boxe féminine ? «Pour la première fois, nous avons deux filles qualifiées pour les Olympiades. La boxe féminine a beaucoup progressé et il y a des boxeuses qui sont d'excellentes pugilistes, et parfois même il y a celles qui sont meilleures que les hommes.» Vous est-il arrivé de faire du sparring avec une boxeuse ? «Non, jamais. Mais il y a des boxeurs qui le font. Je peux vous citer l'exemple des boxeurs du Botswana avec des féminines au physique impressionnant et au style imposant.» Propos recueillis par Hassan Boukacem