L'apparition de l'épidémie de Covid-19 met notre système d'approvisionnement en produits de base à rude épreuve, confirmant ainsi sa fragilité et son inaptitude à répondre de façon optimale aux besoins nationaux sur une longue période. D'où la nécessité de réfléchir à de nouveaux mécanismes permettant d'augmenter nos capacités de production. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Dans ce sillage, le ministre délégué à l'Agriculture saharienne, Fouad Chehat, a estimé, hier mardi, lors de son intervention sur les ondes de la Chaîne 3, qu'en plus de gérer l'épidémie dans l'immédiat, il faudra impérativement préparer l'après-Covid-19. Il a, dans ce contexte, annoncé qu'un chantier est d'ores et déjà lancé, lequel porte comme objectif principal «une meilleure exploitation des ressources naturelles du Sahara», dans l'espoir d'augmenter nos capacités de production. Selon Fouad Chehat, «nous avons la possibilité de mettre en place des exploitations au Sahara capables de produire des biens qu'on ne produisait pas avant comme les huiles alimentaires oléagineuses» et ce, dès les prochaines campagnes, affirme-t-il. Fouad Chehat ajoute qu'on pourra également produire une quantité de sucre à partir des betteraves mais aussi «augmenter notre production de blé» dans cette même région. Cela peut être complété par l'élevage bovin laitier afin de produire davantage de lait, a-t-il encore suggéré. Selon le ministre chargé de l'Agriculture saharienne, il ne s'agit pas là d'une simple proposition mais d'une idée qui est en voie de concrétisation sur le moyen terme. Il fera d'ailleurs savoir que le bureau national d'étude et de développement rural a déjà finalisé plusieurs études dans sept wilayas, aboutissant à «la validation de nouveaux périmètres et de répertorier les terres qui pourraient permettre une installation rapide des exploitations», précise-t-il, relevant que ces lieux sont caractérisés par une abondance de ressources hydriques. Il fera état de 250 000 hectares de terres prêtes à être exploitées dans les wilayas où les études ont été menées. L'idée est surtout, explique-t-il, « d'introduire rapidement des exploitations relativement grandes afin d'instaurer une économie d'échelle et de produire à des coûts acceptables ». Après cela, il suffira de faire appel aux investisseurs pour pouvoir démarrer, promettant à ces derniers des facilitations administratives. Pour leurs démarches, «les investisseurs auront un contact direct avec l'Office national des terres agricoles (Onta) », a-t-il souligné. Fouad Chehat a, par ailleurs, précisé que les Directions de l'agriculture auront pour rôle, le suivi et l'accompagnement des producteurs ainsi que leur encadrement technique. Dans le même registre, il fait savoir qu'un cahier des charges pour l'exploitation de l'eau afin d'éviter le gaspillage sera élaboré et bien précis. Le ministre délégué affirme que celui-ci sera très ferme sur certains points plus que sur d'autres, notamment sur « la façon dont est fait le forage, le lieu, la façon de le protéger et de le gérer, etc.». Fouad Chehat a, dans ce sens, évoqué la nécessité de revoir aujourd'hui l'organisation de l'Onta afin de combler les insuffisances et de remédier aux problèmes qui apparaissent de manière récurrente. Ce dernier juge qu'il est impératif de commencer à travailler sur cette orientation pour que l'Algérie élargisse ses capacités de production et, par conséquent, se détacher des marchés extérieurs. Fouad Chehat a insisté au passage sur les leçons à tirer de cette épidémie. Il avancera qu'un pays qui ne peut assurer une base alimentaire à sa population en temps de crise durant une longue période, se trouvera à chaque fois face aux mêmes difficultés, risquant, dans le pire des cas, une grande pénurie. Il rappelle que cette conjoncture est accompagnée par une rupture des chaînes logistiques internationales. Par conséquent, explique-t-il, «même si nous avons de l'argent et un fournisseur étranger, il serait quasi impossible de trouver un bateau pour acheminer les produits demandés», du fait du gel de toute activité dans ce sens. M. Z.