Industrie parmi les plus violemment impactées par la pandémie de coronavirus, le transport aérien de voyageurs continue de susciter partout dans le monde les mêmes inquiétudes, tant le risque de faillite n'épargne aucune compagnie, même si, au fil de cette pénible conjoncture, plusieurs pays ont affiché clairement leur promesse de ne pas laisser tomber leurs compagnies aériennes. Comme une épée de Damoclès suspendue sur leur tête, elles ne se comptent plus les compagnies aériennes, même parmi les plus solidement réputées, qui craignent chaque jour un peu plus que les mesures structurelles auxquelles elles devront faire face ne puissent pas éviter nombre de dégâts collatéraux dont la mise sur le carreau de milliers de salariés et le tarissement de la trésorerie au dernier centime. En tous les cas, la toute dernière mise à jour des coûts de la crise établie par l'Association du transport aérien international (IATA) revient urgemment sur le sort des compagnies aériennes de par le monde. Un rapport à travers lequel l'IATA n'a pas manqué de renouveler, pour ce qui concerne les compagnies africaines, son appel à des «dispositions de secours» de la part des gouvernements au fur et à mesure que les impacts de la crise de Covid-19 en Afrique s'intensifient. Clairement, c'est une crise qui risque de mettre à genoux tout un secteur sur le continent, et même la compagnie nationale Air Algérie court de grands risques, même si, comme le confiait son responsable de la communication, M. Amine Andaloussi, il y a quelques jours au Soir d'Algérie, les deux dernières années pleines accomplies par la compagnie sont en train de permettre que le choc soit jusque-là plus ou moins amorti. Le tableau dressé par l'IATA a de quoi donner froid dans le dos. En effet, il estime que les compagnies aériennes de la région pourraient perdre 6 milliards de dollars de revenus passagers par rapport à 2019. Ce sont 2 milliards de dollars de plus que ce qui avait été prévu au début de ce mois d'avril. Les pertes d'emplois dans l'aviation et les industries et autres activités connexes pourraient atteindre 3,1 millions, soit la moitié des 6,2 millions d'emplois dans la région liés à l'aviation ,alors que l'estimation précédente était de 2 millions. Quant au trafic sur l'année, il devrait chuter de 51% par rapport à 2019 tandis que lors du précédent point d'information, il était estimé à 32%. Ceci au moment où la part du PIB soutenu par l'aviation sur le continent pourrait chuter de 28 milliards de dollars contre 56 milliards de dollars, alors que l'estimation précédente était de 17,8 milliards de dollars. L'IATA avertit tout de même que ces estimations, on ne peut plus alarmistes, sont basées sur un scénario de restrictions sévères aux voyages d'une durée de trois mois, avec une levée progressive des restrictions sur les marchés intérieurs, suivies des restrictions régionales et intercontinentales. Ainsi, au premier rang des pays touchés de plein fouet par cette crise, on retrouve l'Afrique du Sud qui, aux dernières estimations, comptera 14,5 millions de passagers en moins, ce qui entraîne une perte de revenus de 3,02 milliards de dollars, soit un risque pour 252 100 emplois et une contribution de 5,1 milliards de dollars à l'économie sud-africaine. Un aperçu des dégâts causés à un seul pays en Afrique qui, toutefois, est loin de l'étendue de la catastrophe que s'apprêtent à entériner quelques-unes parmi les plus grandes compagnies en Europe, comme c'est le cas par exemple de celles du Royaume-Uni qui compte 140 millions de passagers en moins, entraînant une perte de revenus de 26,1 milliards de dollars, représentant un risque pour près de 661 200 emplois et une contribution d'environ 50,3 milliards de dollars à l'économie britannique. Quant à l'impact subi jusque-là par l'Algérie, il est évalué à une perte de 5,8 millions de passagers sur l'année et un déficit de 3,1 milliards de dollars. Des chiffres en attente de confirmation puisque l'audit commandé par la compagnie nationale, comme le laissait entendre son porte-parole il y a quelques jours, est en passe d'être finalisé. En tous les cas, globalement, pour minimiser l'impact sur les emplois et l'économie africaine en général, l'IATA recommande essentiellement que les gouvernements intensifient leurs efforts pour aider l'industrie. Certains gouvernements africains, pour emboîter le pas à des puissances comme les Etats-Unis, ont déjà pris des mesures directes pour soutenir l'aviation. Il reste à savoir ce que décideront les pouvoirs publics algériens à l'endroit d'Air Algérie. Azedine Maktour