Les réactions commencent à «pleuvoir» concernant l'avant-projet de révision constitutionnelle dont les copies ont été remises jeudi dernier aux chefs de partis, personnalités et autres acteurs associatifs et syndicaux. M. Kebci -Alger (Le Soir) - C'est ainsi que du côté du Front el Moustakbal, on n'a pas tardé à prendre acte de l'avant-projet de révision constitutionnelle en le qualifiant de «pas positif». Dans un communiqué, le parti que préside Abdelaziz Bélaïd et qui siège au gouvernement que coordonne Abdelaziz Djerad avec un seul portefeuille ministériel, celui des relations avec le Parlement, considère que c'est là une «occasion d'approfondir le débat et la concertation et élaborer dans un consensus les contours de l'Algérie nouvelle», idée phare de l'action du chef de l'Etat. Pour le Front, cette mouture constitue la « consécration d'une promesse électorale faite par le président de la République lors de la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 12 décembre écoulé et ce, en dépit des conditions sanitaires, économiques et sociales qu'endure le pays à l'instar du reste des pays de la planète». Et de promettre que la commission composée de cadres du parti se penchera sur cet avant-projet et émettra son rapport au bout d'un large et profond débat parmi les structures du Front. Un rapport qu'aura à étudier, à son tour, le bureau national du parti avant de prendre sa position finale qu'il remettra à la présidence de la République. De son côté, le RND appelle à une «mobilisation générale pour consacrer une Constitution consensuelle à même de bénéficier d'un consensus national et d'une reconnaissance internationale». Un «bond qualitatif», selon le RND Dans un communiqué juste après avoir reçu une copie de cet avant-projet de révision constitutionnelle, le parti que dirige à titre intérimaire, Azeddine Mihoubi, relève à l'issue d'une première lecture dudit document, une «nette volonté du chef de l'Etat de donner un nouveau souffle aux institutions de l'Etat et la consolidation des libertés et la levée de toute nuance quant au principe de la séparation des pouvoirs». Ce qui constitue, poursuit le RND, une «autre pierre dans le projet d'édification de la nouvelle Algérie prônée par le président de la République et à laquelle aspire tout le monde». Le document à propos duquel un panel d'experts et d'académiciens cadres du parti se penchera constitue, selon le RND, «un bond qualitatif en tout point de vue en ce sens, explique-t-il, qu'il dépasse les doléances exprimées à maintes occasions par des acteurs politiques et sociaux , comme la mise sur pied d'une cour constitutionnelle, l'élargissement et la consolidation des libertés, la consolidation du poste de chef du gouvernement, la garantie d'une alternance démocratique aux postes électoraux, la libération de l'activité associative, le renforcement de l'indépendance de la justice et la préservation de l'identité nationale dans ses trois valeurs. Chez le FLN, on est au stade de l'impression du document et sa distribution parmi les membres du bureau politique, des mouhafadh et des membres du comité d'experts , d'universitaires et d'académiciens qui a eu à élaborer son propre avant-projet. C'est ce que nous affirmait, hier samedi, à partir de Guelma le secrétaire général par intérim du vieux front du pouvoir. Ali Seddiki, qui affirme avoir «lu sommairement» l'avant-projet remis par la présidence de la République, dit prendre acte de certaines propositions contenues dans ledit texte, citant, notamment, celle portant institution d'une cour constitutionnelle à la place du Conseil constitutionnel, ou encore la création du poste de vice-président de la République. Des «nouveautés» qui, de l'avis du patron intérimaire du FLN, «nécessitent un approfondissement dans le débat», ajoutant que la «première lecture du préambule du texte préliminaire soumis à débat suscite de l'espoir». Bengrina courroucé par le caractère immuable de tamazight De son côté, le président du mouvement el Binaa affirme que ce brouillon de la nouvelle Constitution projetée comporte nombre de «points positifs». Pour Abdelkader Bengrina, soumettre au débat pareil projet en cette conjoncture empreinte d'une délicate crise sanitaire a été «judicieux», estimant qu'«il est illogique que la vie s'arrête totalement et que l'action de l'Etat se limite à la lutte contre la pandémie de Covid-19». Dans un post sur sa page Facebook, le second à l'élection présidentielle du 12 décembre dernier appelle à répondre «rapidement aux revendications du mouvement populaire à travers l'édification les institutions de la nouvelle Algérie sur des bases nouvelles et avec de nouveaux mécanismes et avec un socle de gouvernance nouveau». Tenant à préciser que le document élaboré par le groupe d'experts sur l'initiative du président de la République «n'est qu'un brouillon et pas la version finale de la Constitution», Bengrina plaidera pour «une participation générale dans son enrichissement, exhortant notamment les politiques et les personnalités nationales à se départir du négativisme et à adhérer à l'œuvre de son enrichissement pour devenir une vraie et stable Constitution à même de répondre aux exigences du présent et de l'avenir, et non pas un document qui ressemblera à son précédent trituré selon les envies». A propos de la soustraction de la langue amazighe de tout amendement constitutionnel ultérieur, le président du mouvement el Binaa affirmera que «l'Algérie est unique, avec un seul peuple, et que sa langue nationale et officielle est unique et ne peut admettre un quelconque débat, surenchère ou la soumission devant des groupes de pression». PAD : de simples «triturations constitutionnelles» Les Forces du Pacte de l'alternative démocratique, pour leur part, accusent le pouvoir d'avoir «décidé de dérouler sa feuille de route dans une situation d'exception pour exclure, une fois de plus, le peuple algérien du choix de son devenir contre la volonté de la majorité des Algériens». Et de considérer dans un communiqué sanctionnant une réunion tenue avant-hier, que les «triturations constitutionnelles unilatérales en cours confirment, une fois de plus, la culture de la pensée unique autoritaire et de l'octroi lesquelles reconduisent une confiscation de l'Etat à l'origine du désastre national depuis l'indépendance». Les Forces du PAD estiment, par ailleurs, que «l'important n'est pas dans la phraséologie de dispositions constitutionnelles que le pouvoir et ses institutions ont violées chaque fois qu'ils ont été gênés, ni dans des mesures de replâtrage», car «le consensus autour de la transformation institutionnelle et constitutionnelle pour la consécration de la démocratie véritable ne saurait aboutir sans un débat populaire large et public, aboutissant à un processus constituant souverain». Une «énième machination», selon le RCD Pour sa part, la députée et secrétaire nationale aux droits de l'Homme au RCD n'hésite pas à parler d'une «énième fumisterie, une énième machination, une énième manœuvre du pouvoir pour assurer sa survie en faisant accroire au peuple qu'il accède à ses aspirations alors qu'il n'a comme seul et unique souci que sa pérennité». Me Fetta Sadat parle d'un «régime sourd qui ne veut pas entendre les cris du peuple qui aspire à son départ de la gestion des affaires du pays et à la place d'accéder à cette doléance, il propose une énième trituration de la Constitution qui n'est vieille que de deux ans dans une opération de diversion qui répond plus à ses soucis de perdurer que de répondre aux aspirations du peuple», ajoutera-t-elle. M. K.