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R�ponse � Lahouari Addi sur l�amazighit�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 08 - 2010

Cher compatriote, Nous avons l'habitude de suivre avec int�r�t vos �crits et r�flexions qui sont pour nous �clairants et pr�monitoires sur beaucoup d'aspects de la vie sociale et politique alg�rienne. Le libre penseur que nous percevons en vous et la sinc�rit� de vos prises de position sont � nos yeux la preuve de la probit� �thique dont devrait jalousement se pr�valoir tout intellectuel et universitaire. H�las, ce champ souffre d'un manque sid�rant d'autonomie dans notre pays. C�est donc avec beaucoup d�int�r�t que nous avons lu l�entretien que vous avez accord� au journal �lectronique Le Quotidien d�Alg�rien date du 29 juin dernier.
Celui-ci faisait notamment suite � votre importante conf�rence donn�e quelques jours auparavant � l�Universit� Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou sur l��criture de l�histoire en Alg�rie. Partageant l�essentiel de vos courageuses positions et r�flexions concernant la probl�matique d�mocratique en Alg�rie et sur la nature v�ritable du pouvoir politique qui y pr�vaut, nous avons �t� d�sagr�ablement surpris par votre r�ponse concernant la langue amazighe. Votre position est malheureusement bien en-de�� de ce qu�on attendait de la part d�un esprit lucide tel que vous. Nous avons du mal � croire qu�un intellectuel engag� en faveur d�une Alg�rie d�mocratique et pour l'�galit� citoyenne puisse continuer de s�en tenir � la position qui est la v�tre sur cet important enjeu. Pour nous, le traitement de la question amazighe participe d�une position de principe qui ne doit souffrir aucun marchandage. Un juste traitement de cette question conditionne l'alternative d�mocratique et celle-ci est conditionn�e par elle. Elle est en ce sens un �l�ment de la totalit� d�mocratique. Elle n'est nullement un �l�ment secondaire, mais une donn�e l�gitime et un test pour tous les d�mocrates. Aujourd�hui, m�me le pouvoir alg�rien a fini par reconna�tre, certes sous la pression populaire, l��vidence du caract�re national de tamazight, mais vous, Lahouari Addi, en �tes encore � parler de l�unique langue de la nation, l�arabe, qui ne saurait souffrir de concurrence. Nous sommes peut-�tre s�v�res dans la lecture de vos propos, mais rien, � notre avis, ne les pr�munit contre une telle compr�hension de notre part. C'est la triste r�ception qu'on en fait. Nous aimerions bien nous tromper, mais votre position semble ob�ir � une logique qui cherche � satisfaire tout le monde et personne, et donc nous para�t insuffisante de la part d�un intellectuel de votre trempe appel� � bousculer les pr�jug�s et les convenances et non les conforter. Vous accordez bien le droit d�existence � tamazight dans ses espaces retranch�s (que vous appelez les r�gions berb�rophones), c�est-�-dire les r�gions les plus enclav�es du pays. En m�me temps, vous semblez caresser dans le sens du poil les esprits �bien-pensants� qui n�admettent pas que cet idiome, de bouseux montagnards, s�incruste dans leur vie. Nous ne vous ferons pas l�injure de vous accuser de discrimination, mais ne pensez-vous pas que limiter la reconnaissance du tamazight aux seules r�gions majoritairement amazighophones serait une injustice envers les populations concern�es? Ne vous semble-t-il pas que cela fonderait une citoyennet� � deux vitesses? Est-on s�rs que les citoyens alg�riens d�sireux de conna�tre tamazight soient oblig�s de se plier � l�exode en milieu amazighophone? L'id�e de confiner une langue sur un territoire donn� et seulement aux populations l'utilisant d�j�, n'est-elle pas une fa�on d�terministe et anhistorique de concevoir le rapport � la langue amazighe ? Sans parler des risques encourus � sa disparition dans pareils cas. Il faut plut�t voir les zones amazighophones actuelles non pas comme des espaces naturels mais davantage comme une spatialit� tributaire des al�as d�une histoire tumultueuse ayant pouss� des populations � s�y installer dans le pass�. Ce faisant, des Alg�riens devraient-ils, pour vivre dans leur langue et esp�rer transmettre cet h�ritage � leur descendance, se condamner � subsister dans des enclaves linguistiques, quitte � renoncer � s'inscrire dans une dynamique sociologique, �conomique, culturelle et politique �gale partout dans le pays? On pourrait aller plus loin et contester m�me la port�e limitative sous-jacente � la notion de r�gions berb�rophones. En bon sociologue et anthropologue, vous n'�tes pas sans savoir que les berb�rophones ne sont pas les seuls imazighens en Afrique du Nord. Ils sont �galement arabophones et vivent aussi bien � Alger, Oran, Tiaret et ailleurs. Que faire pour ceux-ci ? La r�ponse pour nous se fonde sur un pari citoyen se voulant un projet pour l'avenir : soit la dimension berb�re est admise comme un socle historique commun, comme une sorte d'identit� citoyenne, soit nous ouvrons la voie aux visions ethniques et linguistiques fond�es notamment sur les droits des minorit�s. Vous n'�tes pas sans savoir non plus qu'aujourd'hui des centaines de milliers d�amazighophones d'Alg�rie vivent dans les grandes villes et les r�gions r�put�es arabophones, leur d�nier le droit � l'apprentissage acad�mique de leur langue �quivaut � leur �ter leur citoyennet� et les pousser soit � l'assimilation linguistique soit � une ghetto�sation par l'isolement et l'endogamie, terreaux de toutes les s�gr�gations, discriminations et de diff�rentes formes de violences. Vous comprendrez ais�ment que pour nous la berb�rit� n'est pas r�ductible � la seule berb�rophonie. Elle est plut�t perceptible dans ce que Mouloud Mammeri appelle notre culture v�cue. C'est en ce sens que la langue amazighe ne souffre pas de diglossie ou de d�calage avec la langue de notre common decency � pour reprendre George Orwell � comparativement � la langue arabe officielle. C'est pour cela que le linguiste Abdou �limam a forg� la notion de Maghribi pour parler de l'arabe vernaculaire usit� par les Alg�riens, et pour le distinguer de l'arabe officiel qui ne se laisse nullement apprivoiser par le v�cu quotidien de la population. Aussi, la langue amazighe est usit�e sur tous les territoires de l�Afrique du Nord, elle pourrait en �tre le ciment dans la construction d�une v�ritable union du Maghreb, pas celle de l�UMA que cogitent les r�gimes despotiques et impopulaires de nos pays respectifs. N�est-il pas, � vos yeux, illogique de chercher la construction d�une Alg�rie fraternelle en obligeant les enfants amazighphones � �tudier l�arabe mais sans faire aucun effort pour inciter leurs fr�res arabophones � acqu�rir un minimum de connaissance de cette tamazight? Cette langue qui fait pourtant largement partie de leur patrimoine historique et culturel, et constitue parfois le double h�ritage de leurs parents biologiques. Nous pensons que pour continuer � barrer la route aux apprentis sorciers qui poussent, chacun de son c�t�, � la destruction de la nation alg�rienne, qu'il y a lieu plut�t d�enseigner l�arabe et tamazight � tous les enfants alg�riens. Car de quel droit allons-nous priver un enfant n� d�un p�re amazighophone et d�une m�re arabophone, ou l�inverse, de conna�tre et aimer les deux langues de ses parents? Et de quel m�rite pouvons-nous nous en pr�valoir vis-�-vis des g�n�rations montantes si l�on dispense notre bon sens de leur faciliter et la vie, et l�int�gration et les raisons d�esp�rance parmi les leurs et dans leur propre pays ? Quant aux modalit�s fonctionnelles de la standardisation de la langue amazighe et de son introduction progressive et p�dagogique dans les domaines acad�mique, administratif et m�diatique, cela rel�ve d'un d�bat profond n�cessitant la mise en commun des meilleures comp�tences en la mati�re. Il est du devoir de notre r�gime politique d'y veiller comme un bien commun. Ne doutant pas de votre intelligence et de votre probit� patriotique, nous vous adressons cette lettre pour vous inviter � r�fl�chir plus profond�ment cette question �minemment citoyenne. Veuillez croire, cher compatriote, en notre cordiale et fraternelle consid�ration.
Texte sign� par Mhand Amarouche, Boualem Aourane,
Tahar Hamadache, Mouloud Idir, Ali Ihaddadene
(les auteurs signent ce texte � titre de citoyens alg�riens).


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