Une vidéo dans laquelle le consul du Maroc à Oran qualifie l'Algérie de «pays ennemi» est venue exacerber les tensions diplomatiques entre les deux pays et les autorités officielles marocaines se gardent encore de réagir dans les normes aux évènements suscités par ce dérapage. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Depuis hier, un communiqué portant en-tête du consulat du Maroc circule pourtant. Il se veut une réaction, un démenti plus exactement au contenu de la vidéo en question qu'il remet en cause et qualifie de montage «ne reflétant en aucun cas la réalité de la situation qui se produisait à ce moment». La même source nie donc les propos tenus par le consul et souligne «la volonté du roi Mohammed VI d'œuvrer pour la consolidation des liens d'amitié entre les deux pays». Ce démenti a été enregistré ce jeudi, soit moins de vingt-quatre heures après la convocation de l'ambassadeur du Maroc en Algérie par le ministère des Affaires étrangères. Dans un communiqué rendu public, le MAE explique que le représentant de Rabat a été «confronté aux propos du consul lors des échanges qui ont eu lieu entre lui et les citoyens marocains», et que la qualification «de l'Algérie de pays ennemi, dans le cas où elle s'avère réelle, est une grave violation des normes diplomatiques qui ne peut en aucun cas être acceptée». Aucune réaction officielle des autorités marocaines n'a fait suite à cette convocation qui intervient, il faut le dire, dans un climat d'escalade découlant d'une série de provocations émanant du ministre marocain des Affaires étrangères. Il y a moins de dix jours, Nacer Bourita avait qualifié l'Algérie de pays «aux velléités séparatistes», après la condamnation par cette dernière de l'ouverture de deux représentations diplomatiques par des pays africains sur le territoire de Laâyoune occupée. Plusieurs provocations similaires avaient précédé cette déclaration, et l'Algérie s'était limitée à réagir en faisant observer qu'il s'agissait là de gesticulations auxquelles elle était somme toute habituée. La vidéo dans laquelle le consul du Maroc à Oran qualifie l'Algérie de «pays ennemi» face à des citoyens marocains révoltés par le fait de ne pas avoir été rapatriés durant cette épidémie, ne pouvait cependant à l'évidence se passer de réaction plus sévère. La nature et la dureté du message délivré au représentant de Rabat laissaient même deviner la volonté d'Alger de voir le consul marocain rappelé dans son pays, mais des démentis de sources autorisées marocaines se sont mis à circuler très vite dans des médias marocains. Certains ont aussi cité des «sources diplomatiques» qui se sont suffies de nier les propos du consul. L'argument sera-t-il suffisant aux yeux d'Alger ? A. C.