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«Respecter les mesures barrières pendant 6 mois après le déconfinement»
Le professeur Habib Douaghi au Soir d'Algérie :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 05 - 2020


Entretien réalisé par Rym Nasri
Il a un CV qui tient sur plus de trois pages. Pneumologue et allergologue au CHU de Beni Messous, à Alger, le professeur Habib Douaghi préside aux destinées de la Société algérienne d'allergologie et d'immunologie clinique. Il est également président de la Société maghrébine d'allergologie et d'immunologie clinique et siège au Comité exécutif de la World Allergy Organisation. Des responsabilités certes prenantes, mais qui n'éloignent pas pour autant le Pr Douaghi de la pratique de la médecine et des réalités du monde de la santé. Dans cette interview, le professeur pose son diagnostic sur la gestion de la pandémie de Covid-19 par l'Algérie et propose son remède pour projeter notre système de santé avec intelligence vers le futur autour du triptyque : télémédecine, informatisation et régionalisation du système de santé.
Le Soir d'Algérie : La courbe des contaminations au Covid-19 en Algérie est, depuis quelques jours, dans une phase ascendante. Les scientifiques pointent le non-respect du confinement. À votre avis, pourquoi ce relâchement de la population au lieu d'une observation stricte des règles du confinement ?
Habib Douaghi : Le confinement n'a pas été respecté parce que la population a eu des messages un petit peu rassurants. Les autorités sanitaires ont émis des messages affirmant que la situation était en train de s'améliorer. Je considère que ça été une erreur de communication. Nous avons fait preuve de mauvaise communication. Il ne fallait pas donner l'impression que nous avons gagné la partie.
Il fallait garder des messages de prudence et insister sur le port du masque, la désinfection des mains, le respect des mesures barrières et du confinement, et le répéter régulièrement. Mais en Algérie, la situation n'est pas catastrophique. Elle est encore gérable. Nous ne sommes pas loin de gagner la partie, mais il faut que l'ensemble des acteurs de la société civile comprenne que ce n'est pas encore fait. Regardez ce qui se passe dans les pays qui ont cru gagner la partie comme la Corée du Sud et l'Allemagne où des foyers ont resurgi.
La situation des pays du Maghreb et de l'Afrique est encore bonne et nous pouvons nous en sortir. Nous n'avons pas le taux de décès qu'ont eu les pays développés. Contrairement aux pays européens, nous avons une population jeune. Nous pouvons facilement gagner la partie. Il suffit de continuer à chercher à grande échelle les cas de Covid-19 dans la population par des tests de dépistage. Il faut rappeler que nous avons été pénalisés par les pays développés qui ont monopolisé ces tests. Il n'était pas possible aux pays africains et maghrébins de s'en procurer.
Est-il nécessaire aujourd'hui d'aller vers l'obligation du port du masque ?
Le port du masque n'est pas la panacée mais reste une mesure parmi tant d'autres. Cependant, l'identification des cas de Covid-19 positifs pour les isoler et les traiter doit être la première mesure à entreprendre. Aujourd'hui, le port du masque est fondamental pour arrêter la diffusion de la pandémie. C'est bien naturellement de l'imposer aux commerçants pour se protéger et protéger leurs clients, mais il doit être obligatoire pour l'ensemble des Algériens. L'élargissement du port du masque doit être une priorité. C'est la stratégie qui doit être adoptée pour lutter contre la propagation du Covid-19, même si le problème de disponibilité des masques reste posé. Bien entendu qu'il faut prioriser les personnes âgées de plus de 65 ans qui sont des cas à risque. Elles ont des comorbidités, notamment celles atteintes de diabète, d'hypertension artérielle ou ayant des problèmes cardiaques. Le virus est particulièrement dangereux pour cette population à risque. Les cas symptomatiques du Covid-19 eux aussi doivent absolument porter un masque. Idem pour les porteurs sains, parce que nous ne pouvons pas faire de différence entre les cas asymptomatiques qui sont contagieux et les personnes saines qui ne portent pas ce virus. Seulement, nous ne pouvons exiger d'un Algérien qui est au chômage ou en situation de détresse sociale d'acheter tous les jours un masque à 80 DA.
Ce n'est pas possible ! Par conséquent, il faut absolument mettre en place une stratégie d'accompagnement. Le message du ministre de la Santé est excellent dans la mesure où il a demandé à tous les Algériens d'essayer de fabriquer des masques palliatifs, en tissu. Il vaut mieux porter un cache-nez, un foulard ou un masque palliatif qui ne soit pas aux normes que de ne rien porter.
Donc, vous plaidez pour un dépistage à large échelle ?
Nous ne pouvons pas connaître l'ampleur d'une pandémie si nous n'allons pas à la recherche de cette maladie. Il faut augmenter les tests de dépistage à la recherche des malades porteurs de Covid-19 pendant encore quelques semaines, voire quelques mois. Il est indispensable de diagnostiquer les cas symptomatiques grâce à des tests biologiques et éventuellement des bilans radiologiques, les hospitaliser pour un traitement d'au moins dix jours avant de les envoyer chez eux pour un confirment d'une semaine. Il faut aussi diagnostiquer les cas asymptomatiques qui sont porteurs de virus et peuvent donc contaminer les autres, et les mettre en confinement. Au début de la pandémie, la stratégie a été insuffisante parce que nous n'avions pas les moyens nécessaires d'effectuer des tests de dépistage à large échelle comme l'ont fait certains pays comme la Chine, la Corée du Sud et l'Allemagne qui dépistaient 500 000 personnes par semaine.
Nous avons eu des difficultés car nous n'avions pas les tests et il n'y avait qu'un seul laboratoire, celui de l'Institut Pasteur d'Alger, qui réalisait entre 60 et 100 tests par jour au départ. C'était largement insuffisant pour découvrir les cas de Covid-19. Actuellement, cela va mieux puisque nous en faisons des milliers mais ça reste encore insuffisant.
Que pensez-vous du traitement du Covid-19 à la chloroquine ?
Il est excellent. Je suis de ceux qui reconnaissent que les autorités sanitaires de notre pays ont très bien fait en optant pour la chloroquine. Tous les pays qui ont choisi ce protocole ont eu peu de décès comparés aux pays développés qui, eux, ont mis du temps avant de mettre en place ce traitement.
À partir de quel moment faudrait-il envisager la levée du confinement ?
La décision de déconfinement obéit à des problèmes de situations sociale et économique, mais je souhaiterai qu'elle soit prise le plus tard possible.
Toutefois, la levée du confinement ne peut se faire qu'après un échantillonnage pour avoir l'état des lieux de l'évolution du virus et de sa circulation au sein de la population.
Il faut mener une étude épidémiologique sur échantillon représentatif régional au nord, à l'est, à l'ouest, au sud-est et au sud-ouest. Ces enquêtes vont permettre d'identifier les foyers et l'importance de la contamination. Elles permettront également de mettre en place une cartographie sanitaire qui informe sur l'évolution et la circulation du virus dans la population et révèle ainsi un signe indirect de l'importance de la pandémie dans le pays.
C'est grâce à cette cartographie que sera décidé le déconfinement ou pas dans chaque région. C'est d'ailleurs la méthode adoptée en Europe. Une fois le confinement levé, il est indispensable de continuer à respecter les mesures barrières pendant six mois : port du masque obligatoire pour tout le monde, lavage des mains, distanciation sociale…
La pandémie de Covid-19 a mis à nu les nombreuses défaillances du système de santé dans notre pays. Selon vous, quel est le remède ?
Nous disposons depuis vingt ans d'un ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière mais depuis tout ce temps, rien n'a été réformé. Après cette pandémie, il faudra réfléchir sérieusement à une réforme profonde du système de santé. Arrêtons d'aller à Alger, à Oran ou à Constantine pour se faire soigner. Il est temps de créer des régions sanitaires. Il en faut au moins cinq : Centre, Est, Ouest, Sud-Est et Sud-Ouest. Ensuite, il faut mettre en place tous les éléments de décentralisation en assurant la disponibilité de suffisamment de scanners et d'IRM dans ces régions, et tous les moyens de diagnostic, de traitement, d'examen et d'exploration pour gérer ces bassins de population. Est-ce normal qu'il y ait un seul laboratoire en Algérie pour effectuer les tests de dépistage du Covid-19 ? Est-ce normal qu'il n'y ait aucun service de virologie à l'intérieur du pays ? Il a fallu l'avènement d'une pandémie pour s'apercevoir qu'il n'y a pas de laboratoire d'immunologie, ni de laboratoire de virologie et pas suffisamment de laboratoires d'anatomopathologie dans toutes ces régions et qu'il fallait se déplacer à l'Institut Pasteur à Alger pour faire un test. C'est scandaleux ! Le Covid-19 doit être, pour l'Algérie, un élément déclencheur pour projeter la santé avec intelligence. La réforme du système de santé ne doit plus se faire avec des administratifs qui n'ont jamais vu un malade de leur vie. Il faut arrêter le bricolage et faire appel aux personnes qui sont sur le terrain, qui connaissent la problématique et qui peuvent apporter des solutions définitives.
Qu'en est-il de la mise en place de la télémédecine dans notre pays ?
S'il y a un pays qui doit prioriser la télémédecine dans la réforme de la santé, c'est bien l'Algérie qui compte une superficie de deux millions et demi de kilomètres carrés. Si nous avions eu une télémédecine à la chinoise, il ne serait plus nécessaire de déplacer un malade. Le scanner serait envoyé par télémédecine et l'examen effectué à distance, ce qui permettrait d'orienter le patient et de lui éviter les déplacements et leur coût. Seulement, pour ce faire, il faut des personnes capables de gérer ces projets. La télémédecine est une grande idée qui doit être une priorité des priorités de la réforme hospitalière, accompagnée de l'informatisation du système santé.
Le plus grand problème qui se pose aujourd'hui est la non-informatisation du système de santé. Donc personne n'est évalué. Désormais, les trois priorités pour une réforme profonde du secteur de la santé restent la télémédecine, l'informatisation du système de santé et la régionalisation du système de santé.
Ry. N.


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