Compter uniquement sur les températures élevées de l'été pour stopper la pandémie de coronavirus (Covid-19) est illusoire. Les médecins estiment que la chaleur et l'humidité peuvent probablement altérer la cadence de la transmission de ce virus mais ne l'arrêteront pas. Selon eux, seul le respect des mesures barrières peut mettre fin à la propagation du Covid-19. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - L'été stoppera-t-il la pandémie de Covid-19 ? Et la chaleur parviendra-t-elle à avoir raison de ce virus ? Le professeur Salim Nafti, spécialiste en pneumo-phtisiologie, assure que personne ne pourra répondre avec certitude à ces questions. Seulement, il écarte que l'activité du virus connaisse une trêve durant la saison estivale. Certes, précise-t-il, «il semblerait que les virus soient sensibles à l'écart de températures. Ils sont bien conservés par le froid mais vulnérables aux chaleurs excessives. Pour les tuer, il faut atteindre 60°C afin de faire fondre leur membrane lipidique (graisse). Mais la température environnementale n'atteint jamais les 60 degrés». Soulignant que les virus sont en général très sensibles aux variations d'humidité et de chaleur dans l'air ambiant, il rappelle que leur propagation maximum se fait en automne et en hiver mais rarement, voire exceptionnellement en été. «Nous espérons que l'été va atténuer l'ampleur de la pandémie de Covid-19, mais ce n'est pas une certitude», ajoute-t-il. Le Pr Nafti insiste, cependant, sur la prévention et le respect des mesures barrières. «Il ne faut pas baisser la vigilance et surtout pas abandonner les gestes barrières. Il n'en est pas question !», dit-il. Il cite ainsi l'exemple des pays européens où les mesures de déconfinement sont très strictes. «Le port du masque est obligatoire, la distanciation sociale préservée et tout contrevenant est sanctionné», fait-il remarquer. De son côté, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'Ordre des médecins algériens et membre de la Commission scientifique pour le suivi de l'évolution du Covid-19, estime que la pandémie de Covid-19 risque de ralentir pendant la saison estivale. «Il y aura probablement une diminution de la pandémie en elle-même mais jusqu'à quand ? Personne ne saura le dire», note-t-il. Une baisse de contagion qu'il impute à la chaleur et à l'humidité, deux facteurs favorisant un bon fonctionnement du système respiratoire chez l'être humain. Contrairement à l'hiver où le froid altère l'efficacité des centres respiratoires. «L'arbre respiratoire : trachée et branches, constitue un système d'épuration. Cette espèce de tapis roulant qui fonctionne chez l'individu de façon naturelle évacue toutes les poussières et particules virales. Alors qu'il a tendance à être un petit peu paralysé pendant l'hiver, et à favoriser par exemple les bronchites, ce système d'épuration fonctionne plutôt bien en été. Etant donné que le Covid-19 a le tropisme respiratoire, il a peu de chance de se fixer sur le plan de la physiopathologie durant cette saison. Ce qui diminue probablement les cas d'affection de ce virus et bien sûr les contagions entre les individus», explique-t-il. Insistant sur le respect des mesures barrières, le Dr Bekkat affirme que les axes de prévention sont aujourd'hui énormes. «Nous avons compris le système et les gestes barrières sont bien adoptés. Par conséquent, il y aura une cadence de transmission qui sera moindre», conclut-il. Ry. N.