Les prévisions alarmistes de l'Organisation mondiale de la santé ne sont pas du goût de l'Algérie. À la directrice régionale pour la zone Afrique qui dit craindre une recrudescence des cas de Covid-19 en Algérie, le Comité scientifique répond sèchement, accusant la représentante de l'OMS de « manipuler » les données fournies par l'Algérie. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Jusque-là au beau fixe, les rapports entre l'Algérie et l'OMS se tendent après les déclarations de la directrice de l'OMS pour la région Afrique. Matshido Moeti, évoquant la situation épidémiologique en Afrique, a dit craindre une flambée de cas dans de nombreux pays, dont l'Algérie. Dans une conférence de presse qu'elle animait depuis Genève, la représentante de l'OMS assurait, en effet, qu'« il a fallu 98 jours pour atteindre la barre des 100 000 cas et 18 jours seulement pour franchir celle des 200 000 », ajoutant que «dix des 54 pays d'Afrique» recensent 80% des cas, et l'Afrique du Sud à elle seule comptabilise 25% d'entre eux, a-t-elle également souligné. Plus de 70% des décès sont enregistrés dans seulement cinq pays : Afrique du Sud, Algérie, Nigeria, Egypte et Soudan ». En clair : pour la représentante de l'OMS, le pire pourrait ne pas être déjà derrière les pays africains mais à venir puisque, dit-elle, «avant que nous ayons accès à un vaccin efficace, je crains que nous devions vivre avec une hausse constante dans la région, avec des foyers à gérer dans de nombreux pays, comme c'est le cas actuellement en Afrique du Sud, en Algérie et au Cameroun, qui nécessitent de très fortes mesures de santé publique. Nous espérons sincèrement ne pas voir de systèmes de santé débordés». Il n'en a pas fallu plus pour faire réagir les membres du Comité scientifique. Réunis samedi, ces derniers ont laissé de côté le langage diplomatique pour recadrer sèchement la représentante de l'OMS. En effet, les membres du Comité scientifique ont exprimé leur étonnement quant aux «déclarations de la directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique». Cette dernière n'est, ni plus ni moins, accusée de «manipuler les données quotidiennes de l'OMS concernant les cas de contamination en Algérie». Les membres du Comité scientifique ont tout simplement «démenti en bloc les conclusions de la directrice régionale», et qualifié sa position de «dépassement de ses prérogatives, qui pourrait être mue par des considérations sélectives, rejetées dans le fond et dans la forme». Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, c'est la première fois que le ton monte entre l'Algérie et l'OMS. Le représentant de cette dernière en Algérie était régulièrement invité à s'exprimer sur la situation épidémiologique et n'a jamais tari d'éloges sur la politique engagée par le pays pour lutter contre la pandémie jusqu'à ce que les déclarations de la directrice régionale mettent un terme à cette lune de miel. N. I.
M. Benbouzid s'entretient avec les représentants du Système des Nations-Unies et de l'OMS Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, s'est entretenu à Alger avec le coordonnateur résident du Système des Nations-Unies en Algérie, Eric Overvest, et le représentant de l'OMS en Algérie, le Dr Bla François Nguessan, a indiqué dimanche un communiqué du ministère. Lors de cette audience, M. Benbouzid a exposé la situation épidémiologique du Covid-19 en Algérie et dans le monde, et présenté l'Agence nationale de sécurité sanitaire, installée samedi et chargée de «la mise en place d'un système de santé développé offrant des soins de qualité», souligne le communiqué. Selon la même source, M. Overvest a félicité, lors de cette rencontre, les autorités sanitaires et les professionnels de la santé pour l'ensemble des efforts consentis et qui ont permis «la maîtrise de la situation» épidémiologique. Il a exprimé, à l'occasion, «la disponibilité des différents organes de l'ONU en Algérie à accompagner l'Etat algérien dans ses démarches pour l'acquisition d'équipements ou de services», rappelant l'intérêt de l'inscription de l'Algérie à l'enquête «Mix 6», considérée comme «source majeure d'informations et d'indicateurs socio-économiques et sanitaires pouvant orienter le développement des pays». APS