L'Algérie ne s'accorde plus avec l'Organisation mondiale de la santé. La dernière alerte donnée par l'OMS quant à la propagation rapide de la Covid-19 sur le continent africain a suscité une vive réaction du gouvernement algérien. Les membres de l'instance algérienne de veille sanitaire ont tenu avant-hier à réfuter en bloc les déclarations faites par la directrice régionale de l'OMS qui dit craindre une hausse du nombre de cas de coronavirus notamment en Afrique du Sud, en Algérie, et au Cameroun. Les experts ont démenti, chiffres et preuves à l'appui, les allégations de l'agence spécialisée de l'ONU que dirige le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Saisissant l'opportunité de la réunion de samedi dernier consacrée à l'évaluation de la situation sanitaire, présidée par le chef de l'état Abdelmadjid Tebboune, les membres du comité ont rejeté l'"ingérence" scientifique de l'OMS. Les spécialistes algériens ont tenu d'abord à exprimer leur étonnement quant aux déclarations de la directrice de l'OMS pour l'Afrique. Selon un communiqué de la Présidence relayé par l'APS, les déclarations de la représentante de l'OMS s'apparentent à une "manipulation des données quotidiennes de l'OMS concernant les cas de contaminations en Algérie". En fait, les propos tenus par le Dr Matshidiso Moeti s'apparentent à une remise en cause des verdicts médicaux prononcés par les experts algériens. Pis encore, les "affirmations" de l'OMS laissent planer des doutes sur les situations épidémiologiques communiquées chaque jour par les experts du comité scientifique. Les membres du comité ne se sont pas gênés pour désapprouver d'une manière officielle les appels du bureau de l'OMS au renforcement des mesures préventives et de protection pour juguler la circulation du virus. Ils ont démenti en bloc les conclusions de la directrice régionale. Les membres du comité qualifient la position de la directrice régionale de l'OMS de "dépassement de ses prérogatives, qui pourrait être mue par des considérations sélectives, rejetées dans le fond et en la forme". À travers cette réponse, les professeurs algériens ont voulu défendre la "souveraineté" scientifique des membres du comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie. D'ailleurs, toutes les décisions prises par le comité scientifique, dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, se sont avérées efficientes. L'instance de suivi de la pandémie a prouvé la justesse de sa décision sur la généralisation du protocole thérapeutique basée sur la chloroquine et l'utilisation du scanner pour la détection précoce de la maladie. Les chiffres liés aux guérisons, en constante hausse, sont une preuve supplémentaire de la justesse de la stratégie adoptée par le comité scientifique. L'Algérie compte aujourd'hui plus de 7 500 patients guéris grâce au traitement à la chloroquine. Rappelons au passage que la directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique avait déclaré lors d'un point de presse animé par vidéoconférence vendredi dernier depuis Genève que la pandémie est en train de s'accélérer dans le continent noir, en soutenant que la moitié des contaminations en Afrique a été recensée en moins de 20 jours. "Il a fallu 98 jours pour atteindre la barre des 100 000 cas et 18 jours seulement pour franchir celle des 200 000", avait affirmé le Dr Matshidiso Moeti qui avait encore averti que "10 pays sur les 54 que compte l'Afrique recensent 80% des cas". Au sujet des décès déplorés en Afrique, la représentante de l'OMS avait soutenu que "plus de 70% des décès sont enregistrés dans seulement cinq pays : Afrique du Sud, Algérie, Nigeria, Egypte et Soudan".