«Il y a eu un déconfinement partiel, l'autorisation de rassemblements n'a pas encore été décrétée. Donc, je pense qu'il serait mieux d'annuler la saison sportive, afin de préserver la santé de tout le monde. La situation sanitaire au pays est stable, mais pas encore maîtrisable», disait mardi au micro de la Radio nationale le Dr Mohamed Bekkat-Berkani, président de l'Ordre national des médecins et non moins membre de la commission nationale du suivi de l'épidémie du Covid-19. Un «avis» que l'expert a nuancé par le fait que la décision d'annuler la saison sportive reviendrait au gouvernement. Et c'est là que le propos du spécialiste devient discutable. Et pousse à poser certaines questions dont celle relative au poids de l'avis scientifique dans une décision éminemment politique. Le Bekkat-Berkani a-t-il été mandaté pour évoquer publiquement le sujet ou se serait-il hasardé à exprimer une «pensée» discutée entre experts ? Dans les différentes interventions des «politiques», dirigeants (clubs, ligues et fédérations) et commis de l'Etat (directeurs centraux de ministère), il a été souvent souligné la nécessité de s'en remettre aux scientifiques pour pouvoir décider des étapes à suivre avant de relancer toute activité (entraînements et compétitions). Or, dans les faits, certaines décisions prises depuis le premier cas du Covid-19 en Algérie, début mars, prêtent à équivoque tellement elles émanaient d'institutions peu qualifiées. L'explication donnée à cette «foire de prérogatives» était la méconnaissance du corps médical algérien de ce virus importé d'Europe et d'Asie. Avec le temps, et une plus grande maîtrise de la situation sanitaire, le «pouvoir décisionnel» n'a pas tellement évolué et l'avis des médecins, ceux qui sont sur le terrain de la lutte anti-Covid-19, était assujetti à d'autres considérations, d'ordre économique notamment. La décision (récente) du président de la République de créer une agence nationale de sécurité sanitaire dirigée par le Pr Senhadji et une cellule opérationnelle anti-Covid confiée au Pr Belhocine intervient à un moment fondamental de la gestion de la crise sanitaire. Cela pourrait s'expliquer par une remise en question du travail effectué auparavant par la commission nationale de suivi du Covid-19 dont fait partie le Dr Bekkat-Berkani. Et c'est probablement un signe que les recommandations prônées par la structure initiale paraissaient exagérément draconiennes. Pour dire que la nuance entretenue par le Dr Bekkat-Berkani à propos de la partie appelée à prendre la décision de reprendre ou pas les manifestations sportives, dont le championnat de football, n'était pas fortuite. C'est même une certitude que l'avenir de la vie footballistique sera décidé par le gouvernement et personne d'autre. M. B.