La période liée à la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 restera longtemps gravée dans les mémoires. Elle était marquée par des restrictions, beaucoup de ménages ont réussi à remplir leur bas de laine malgré eux. Du jamais vu ! Avoir envie de consommer mais en être empêché pour cause de crise sanitaire. Exit les sorties au restaurant, oubliés le shopping et les rendez-vous chez la coiffeuse. Terminés les voyages et les cadeaux de mariage. Le confinement a entraîné le ralentissement du budget de consommation des ménages. La cagnotte consacrée aux loisirs et aux sorties a grossi. Des économies forcées qui n'attendent plus qu'à être dépensées. L'argent du shopping Habituellement, Nesrine, 36 ans, consacre une bonne partie de sa paie au shopping. Elle fréquente également avec assiduité les salons de coiffure et d'esthétique. Avec la fermeture des commerces pour cause de coronavirus, la jeune femme se retrouve avec un budget survitaminé. « J'ai l'habitude de claquer beaucoup d'argent en shopping, en soins capillaires et en sorties au restaurant avec mes amis, mais avec la pandémie de Covid-19, tous ces plaisirs de la vie ont été mis entre parenthèses. Je n'ai rien acheté pendant plus de 3 mois. Résultat des courses, j'ai fait des économies. Comme je ne suis pas sûre de voyager cet été, ma cagnotte va encore être renforcée. Comme quoi, il n'y a pas que des côtés négatifs à ce virus qui a paralysé toute la planète », s'amuse-t-elle. Cette année, les parents n'ont pas pu acheter des vêtements neufs à leurs enfants à l'occasion de l'Aïd célébré en confinement le 24 mai dernier. « Les boutiques d'habillement étant fermées, j'ai dû, pour la première fois, renoncer à cette tradition, confirme Yazid, 41 ans. Mes deux enfants ont porté les fringues qu'ils avaient dans leur armoire. Si je regarde mes comptes, je constate que j'ai environ 30 000 DA d'économie sur le budget des habits de l'Aïd. Maintenant que les commerces ont rouvert, je me rattraperai en leur offrant des tenues neuves pour l'Aïd El Kebir ». Economie de carburant Pendant le semi-confinement, de nombreux employés étaient en télétravail. Ils ont pris leurs repas à la maison et fait des économies sur le budget carburant. « En temps normal, je dépense près de 5 000 DA par semaine en carburant pour me déplacer jusqu'à mon entreprise », nous dit Samy (34 ans). « Avec le télétravail, c'est autant d'argent épargné. Idem pour les repas de midi. Habituellement, je mange dehors avec mes collègues. Pendant trois mois, j'ai réussi à mettre de l'argent de côté. Ainsi, je pourrai m'offrir un beau voyage dès que les frontières seront à nouveau libres .» Retour de la fièvre acheteuse Ils ont attendu la réouverture des magasins avec impatience. La fièvre acheteuse les a démangés durant tout le confinement. C'est le cas de Wahiba (29 ans) qui dépense sans compter. « Le confinement a du bon. Il m'a permis de faire des économies sur le budget loisirs et sorties. J'ai 120 000 DA à flamber. Aussitôt que les commerces ont repris leurs activités, je me suis précipitée chez ma coiffeuse, mon esthéticienne et dans les magasins de prêt-à-porter. J'ai rattrapé le retard en m'offrant des tas de choses qui me faisaient envie et qui ont créé une grande frustration chez moi. Des chaussures, des fringues, du parfum... Et surtout, j'ai refait ma kératine ! Mon moral est remonté d'un seul coup ! » Pour d'autres ménages, le budget alimentaire a supplanté tous les autres. Yasmine, 54 ans, a dépensé plus d'argent pour nourrir sa famille. « J'ai passé beaucoup de temps devant mes fourneaux et consacré plus d'argent pour l'achat de produits alimentaires comme la viande, les légumes, les fruits... Avant la crise sanitaire, mon mari et mes enfants ne rentraient pas à midi pour déjeuner. Nous nous retrouvions seulement pour le dîner à l'exception des week-ends. Avec le confinement, nous étions à la maison 7 jours sur 7, 24h sur 24. Les enfants se sont beaucoup ennuyés et donc pas mal grignoté. Pour résumer, j'ai mis plus d'argent dans l'achat de denrées alimentaires mais zéro dépense en ce qui concerne les loisirs, les sorties et le shopping.» L'argent du mariage annulé Fait inédit : de nombreux couples qui avaient programmé leur mariage durant le printemps n'ont pas souhaité reporté leurs épousailles. Nouria (69 ans) a marié son fils pendant la période de confinement, mais sans aucune cérémonie. Suite à la décision de fermeture des salles des fêtes par les pouvoirs publics et en accord avec son fils et sa belle-famille, elle a annulé la cérémonie de mariage. « J'ai récupéré les arrhes versés à la salle, décommandé le traiteur, préparé un petit couscous à la maison et le tour fut joué. Mon fils a été chercher sa femme tout seul, dans sa voiture décorée d'un simple ruban rose et le mariage a eu lieu sans tralala, confie-t-elle. Ce confinement a permis aux jeunes mariés de faire de sacrées économies qui leur serviront plus dans leur vie au quotidien. Même s'ils n'ont pas eu de cadeaux puisqu'il n'y avait pas d'invités, ils ont gagné une belle cagnotte, autrement », témoigne-t-elle. Cette période liée à la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 restera longtemps gravée dans les mémoires. Durant cette période de restriction, beaucoup de ménages ont réussi à remplir leur bas de laine malgré eux. Un argent qui attend d'être dépensé autrement, dans les semaines et les mois de l'après-Covid-19. Soraya Naili