Le mégaprojet et la matérialisation du port d'El-Hamdania, à Cherchell, illustrent parfaitement la faillite de l'ère Bouteflika, notamment dans la gestion de certains projets structurants. Entre tergiversations, soupçons de détournements de deniers, de crimes écologiques et bien d'autres sujets y afférents, le projet de ce port commercial n'en finit pas de susciter des interrogations. Lors de la réunion du Conseil des ministres, dimanche, le président de la République s'est, entre autres questions, penché sur le cas très particulier de ce projet sur lequel beaucoup a été dit depuis 5 ans. En effet, après un exposé du ministre des Travaux publics, le Président Tebboune a rappelé les détails de ce dossier et les pertes occasionnées par son retard de réalisation à l'économie nationale en général, l'objectif stratégique de ce port étant le désenclavement des pays africains sans accès maritimes avec ce que cela implique en termes d'impulsion de la vie économique et de création d'emplois, est-il expliqué dans le communiqué ayant sanctionné la réunion du Conseil des ministres. Communiqué qui nous apprend également que le premier magistrat du pays a instruit le Premier ministre de prendre de nouveau contact avec le partenaire chinois et d'étudier le projet sur de nouvelles bases transparentes pour le soumettre une seconde fois au Conseil des ministres, dans un délai maximum de trois mois. «Etudier le projet sur de nouvelles bases transparentes», ce qui sous-entend que jusque-là ce fameux projet a été couvert du sceau de l'opacité. Il n'est pas inutile de rappeler, en effet, que l'immense projet du port d'El-Hamdania a empilé les controverses à toutes les étapes de son évolution sans qu'il voie le jour. Prévue dans la zone balnéaire d'El-Hamdania, à trois kilomètres du centre-ville de Cherchell et à vingt kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Tipasa, cette gigantesque infrastructure a nécessité des délocalisations de plusieurs centaines de familles impactées par une expropriation de plusieurs centaines d'hectares de terres agricoles. Comme rapporté dans une de nos éditions d'il y a quelques années, le projet du port d'El-Hamdania est sorti au grand jour après la conclusion d'un accord, établi sur la base de la règle 51/49, portant réalisation, dans un délai de 7 ans, de ce nouveau port commercial sur le site d'El-Hamdania, accord signé le 17 janvier 2016 à Alger entre le Groupe public national des services portuaires et deux entreprises chinoises, la China State Construction Corporation (CSCEC) et la China Harbour Engineering Company (CHEC). Cet accord stipulait la création d'une société de droit algérien composée du Groupe public des services portuaires et des deux compagnies chinoises pour la réalisation de ce projet dont le coût était estimé à 3,3 milliards de dollars, financé dans le cadre d'un crédit chinois à long terme, confiait le directeur des ports au ministère des Transports lors de la signature de ce protocole. Un projet très alléchant qui aiguisera d'ailleurs l'appétit de protégés du cercle présidentiel pour être associés dans la réalisation. Il était question que la méga-infrastructure allait être mise en service de façon progressive quatre ans après le lancement des travaux, laps de temps qui devait voir l'entrée en scène d'une autre compagnie chinoise, la Shanghai Ports en l'occurrence, qui assurera son exploitation. Un Conseil des ministres, tenu en décembre 2015, avait donné son OK pour la réalisation de ce port commercial sur le site d'El-Hamdania et avait également reçu la bénédiction du gouvernement de la République populaire de Chine qui s'est engagé à le financer par un crédit à long terme. Mais plus le temps s'écoulait, plus controverses et scepticisme firent passer le projet presque pour chimérique. Selon une source qui s'était confiée au Soir d'Algérie, à l'époque, la partie chinoise est allée jusqu'à envisager son retrait du projet à un certain moment en estimant que des risques menaçaient les retombées financières prévues, ceci sans parler «des nombreux problèmes techniques induits par la nature du site». Ceci pour dire que le mégaprojet du port commercial d'El-Hamdania n'a pas évolué comme dans le meilleur des mondes, à commencer par sa toute première étape, comme l'insinue le communiqué du Conseil des ministres de dimanche dernier. Il y est, en effet, précisé que le président de la République a demandé l'étude avec le partenaire chinois du projet sur de nouvelles bases transparentes et, dans un délai maximum de trois mois, le sujet du port commercial centre d'El-Hamdania reviendra à l'ordre du jour lors d'un prochain Conseil des ministres. Azedine Maktour