Il y avait grand monde, hier samedi, au palais de la Culture, à Alger. Les citoyens sont venus nombreux rendre un dernier hommage aux restes mortuaires des 24 chefs de la résistance populaire à la colonisation française, rapatriés la veille vendredi à Alger, à bord d'un avion militaire des forces armées en provenance de France. Des personnalités politiques, membres du gouvernement et des représentants de la société civile étaient présents. Abdelhalim Benyellès – Alger (Le Soir) - Avant l'ouverture du hall du palais de la Culture Moufdi-Zakaria à 8h, une file interminable de citoyens était déjà en place. Ils sont venus rendre un vibrant hommage aux chefs de la résistance au nombre de 24 qui étaient conservés depuis plus d'un siècle et demi au musée d'histoire naturelle de Paris. L'ambiance était sereine autour des restes mortuaires tout drapés de l'emblème national. Et l'émotion était perceptible sur les visages, dès qu'un groupe de citoyens accède au hall cérémonial qui vibrait de temps à autre sous les youyous. Certains visiteurs se sont recueillis en larmes devant les cercueils. C'est un moment historique, rappelle un ancien moudjahid venu accompagné de ses petits-enfants. Lui aussi fond en larmes à la lecture de la Fatiha devant les chouhada, qu'il considère, à juste titre, «rétablis dans leur droit». «Vivants pour toujours, Chérif Boubeghla, Cheikh Ahmed Bouziane, Cherif Bou Amar Ben Kedida, Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui et d'autres de leurs frères continueront à illuminer la voie des jeunes générations», a-t-il insisté à préciser sur un ton grave. Il faut dire que tous les citoyens qui alimentaient la file interminable devant la porte d'entrée du palais de la Culture étaient impatients de se rapprocher au plus vite des chouhada rapatriés, qui avaient fait l'événement, la veille, vendredi. Certains sont venus portant des gerbes de fleurs, considérant que le geste revêt toute la symbolique de l'événement. «C'est un moment historique», nous confie un jeune accompagné de ses parents, comme tant d'autres d'ailleurs, car ce qui est remarqué hier au palais de la Culture, c'est la présence familiale massive, venue saluer ces héros qui ont affronté l'occupation française avant le déclenchement de la Guerre de libération du 1er novembre 1954. Pour beaucoup de citoyens questionnés, le moment est historique, tant «ces chouhada étaient oubliés». Un jeune universitaire émet, quant à lui, le souhait d'assister un jour au rapatriement de tous les restes mortuaires encore conservés au musée d'histoire naturelle de Paris. Par intermittence, des personnalités politiques font leur apparition, le temps de se recueillir devant les cercueils enveloppés du drapeau national et entourés de gerbes de fleurs. On y note la présence du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, l'ambassadeur de la République de Turquie, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sid Ali Khaldi, le secrétaire général de l'Organisation des enfants de chouhada, Khalfa Mebarek ainsi que d'autres chefs de partis politiques. Le hall du palais de la Culture, qui accueillait les cercueils portant les restes mortuaires de 24 chefs de la résistance populaire à la colonisation française rapatriés de France, a continué à accueillir la population durant toute l'après-midi d'hier, pour un dernier hommage, avant leur enterrement, prévu aujourd'hui dimanche, au carré des martyrs du cimetière El-Alia, à Alger. A. B.