L'obligation du port de masque dans les lieux publics devait permettre de réduire la propagation du virus SARS-CoV-2, responsable du nouveau coronavirus. Pourtant, depuis la levée graduelle du confinement, le nombre de cas Covid-19 est reparti à la hausse de manière exponentielle. Ces masques sont-ils réellement efficaces pour la prévention, ou bien s'agit-il d'une mauvaise manipulation dans l'utilisation de ces équipements de protection ? Où se trouve la faille ? Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Quelques jours après la levée graduelle du confinement en Algérie, le nombre de cas de contamination par le Covid-19 est reparti à la hausse. Les chiffres enregistrés sont de plus en plus effrayants. Même les lieux hospitaliers n'ont pas été épargnés par cette recrudescence. Les infections chez le personnel soignant sont très nombreuses. Pourtant, des dispositions de protection, notamment la distanciation sociale et le port obligatoire du masque dans tous les lieux publics, ont été dès le départ imposés. Pour les spécialistes, seul le respect des gestes barrières peut étouffer la propagation de ce virus. Ils précisent que le masque permet de réduire considérablement la quantité de gouttelettes de salive qui s'échappent des individus. «Le masque protège le porteur et les personnes tout autour, des moindres gouttelettes de salive provenant de la toux et des éternuements, ainsi que des postillons qui sautent d'une personne à une autre», explique le professeur Salim Nafti, spécialiste en pneumo-phtisiologie. Néanmoins, il souligne l'ignorance des règles d'utilisation de ces bavettes et les multiples erreurs commises lors de leur port. Selon lui, la mauvaise manipulation de cet équipement de protection le rend inefficace. «Ce sont ces erreurs qui conduisent à la catastrophe, car porter une bavette au-delà de 4 heures ne sert strictement à rien. Les porteurs ont l'illusion qu'ils sont protégés, alors qu'ils ne le sont pas du tout», dit-il. Le spécialiste en pneumo-phtisiologie évoque également, l'impact des fortes températures sur l'efficacité du masque. «Si vous portez un masque avec une forte température, la respiration s'accélère et l'évaporation de l'eau qui se fait en partie par le poumon va vite le mouiller. Etant mouillée, cette bavette devient de plus en plus hermétique et étanche et n'assure plus de protection», souligne-t-il. Cette situation est justement très fréquente chez les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques, notamment l'insuffisance respiratoire, l'asthme ou la bronchite chronique. «Le port de masque chez ces personnes aggrave leur désaturation en oxygène et provoque une sensation d'étouffement. Au lieu d'attendre les 3 ou 4 heures de la durée d'utilisation de la bavette, ces malades doivent la changer toutes les deux heures, voire moins», recommande-t-il. Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Dr Lyes Merabet, lui aussi insiste sur le respect de la durée du port des bavettes chirurgicales à trois plis ,en particulier en milieu hospitalier. «Elles doivent être changées chaque 3 à 4 heures. Pour quelqu'un qui fait 8 heures de travail, il lui faut au minimum trois bavettes par jour pour être dans les normes», dit-il, avant de préciser que ces bavettes ne sont pas ce qui est requis en matière de protection pour le personnel soignant dans les services Covid-19. Les masques de type FFP2 sont l'équipement de protection recommandé pour ce personnel. «Ces masques ont une durée de validité de 3 à 4 heures et elle peut aller jusqu'à 8 heures, pour certaines marques. Mais cette durée varie, selon l'exposition du porteur au virus», note le Dr Merabet. Attention aux masques non conformes ! Depuis quelques semaines, la vente des masques confectionnés par des ateliers de couture et autres particuliers connaît un grand élan. Ces bavettes, dont on ignore l'efficacité, sont écoulées à même le trottoir, comme des petits pains. Les spécialistes mettent en garde contre le danger de ces produits, souvent non stérilisés. Ils pointent du doigt également la non-conformité de la plupart de ces masques mis à la vente sur le marché national de manière anarchique, sans qu'ils ne soient soumis à des contrôles d'hygiène et de qualité. Selon eux, ces bavettes n'apportent aucune protection au vu des tissus utilisés. Ils estiment qu'il s'agit plutôt d'une gêne pour la respiration que d'une protection. «Les tissus employés doivent avoir des mailles très serrées. Elles doivent être à moins d'un millimètre pour ne pas laisser passer les particules de salive», explique le professeur Salim Nafti, Ry. N.