Le ministère de la Santé a intégré les laboratoires privés dans le circuit d'analyses jusqu'ici réservé à l'Institut Pasteur et annexes dans le dépistage sérologique de l'infection au Covid-19. Une décision prise suite à la recrudescence des contaminations et à la saturation des laboratoires publics agréés, obligeant ainsi la tutelle à étendre le réseau de dépistage. Seulement, les résultats des examens effectués chez le privé sont-ils d'une aide au diagnostic par rapport à leur fiabilité ? Depuis l'annonce officielle, les citoyens se sont rués vers les réseaux sociaux pour chercher où effectuer les tests du Covid-19. Des chaînes humaines sont formées chaque matin devant les laboratoires d'analyses médicales et plusieurs d'entre eux, au même titre que des cliniques privées, ont diffusé des annonces pour informer qu'ils réalisent des tests rapides pour détecter le coronavirus. Les tarifs de ces tests pratiqués peuvent dépasser 3 000 DA et des médecins alertent que ces tests ne sont pas fiables à100%. En effet, selon le ministre de la Santé, les laboratoires relevant du secteur privé dotés des moyens nécessaires et d'équipements médicaux ont été autorisés à effectuer l'analyse clinique de la PCR pour le dépistage de l'infection au Covid-19 car les centres de diagnostic répartis sur le territoire national, dont les annexes de l'IPA, sont submergés ces dernières semaines. Pour cela, les laboratoires privés ont été autorisés à effectuer les tests sérologiques qui visent la recherche des anticorps dans le sang, à la différence des tests PCR actuellement en vigueur. Ces tests sérologiques ne nécessitent pas d'équipement particulier et devraient être facturés entre 2 000 et 2 500 DA au plus. Selon les biologistes, les tests sérologiques autorisés «ne détectent pas le virus comme tel, mais plutôt la présence d'anticorps développés par un individu infecté grâce à une analyse de sang». En d'autres termes, «les tests sérologiques permettent de détecter les anticorps qui démontrent qu'une personne a été exposée au Covid-19 à un moment ou un autre», selon les explications. Les tests sérologiques sont simples et certaines applications produisent des résultats en moins de 15 minutes. «Mais comme les anticorps sont détectables deux semaines après le début de l'infection, un résultat négatif ne veut pas nécessairement dire qu'une personne n'est pas infectée et surtout infectieuse», indique-t-on. Là est la question qui n'a cessé de défrayer la chronique, les premiers mois de l'apparition de la pandémie : celle des faux négatifs. Pour le Syndicat autonome des biologistes de la santé publique (SABSP), qui avait salué l'intégration des biologistes dans le processus de dépistage, un autre problème est soulevé, celui «de l'indisponibilité de kits de prélèvement et de réactifs biochimiques, qui connaissent une pénurie», avait déclaré le SG du syndicat, M. Youcef Boudjelal. Eh oui, plusieurs laboratoires, pour ne pas dire la plupart, font face à une pénurie de réactifs nécessaires aux tests RT-PCR. Ainsi, le syndicat a préconisé de mettre à la disposition des laboratoires mobilisés «des moyens de dépistage pour penser ensuite à monter le nombre de laboratoires d'analyses et de dépistage du Covid-19». Par ailleurs, il est légitime de s'interroger si ces laboratoires d'analyses médicales ont été validés par l'Institut Pasteur. Sont-ils en mesure d'accompagner cet accroissement de la demande ? Mais surtout, qu'en est-il de la fiabilité des tests ? Autant de questions que le citoyen se pose lorsqu'il voit certains laboratoires qui ne disposeraient pas de la plateforme technologique et des équipements nécessaires leur permettant de contribuer à la campagne nationale de lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus. Sans oublier l'épineuse question «des moyens de protection des équipes censées assurer ces tests sur les échantillons prélevés sur les personnes suspectées d'infection», avait déjà relevé leur syndicat. Sur un autre registre, il faut souligner que depuis la propagation du coronavirus, deux laboratoires privés avaient déjà reçu une autorisation de l'IPA et du ministère de la Santé, à savoir ceux de Batna et d'Oued-Souf, et qui font les tests «gratuitement» parce qu'ils ont reçu des kits de dépistage gratuits. Le laboratoire de Batna est entré en service le 20 avril dernier et a été ainsi le premier laboratoire d'analyses privé agréé pour le dépistage du nouveau coronavirus à l'échelle nationale avec une capacité de 200 tests par jour. Dans la capitale, l'initiative a été lancée le 8 juin par le laboratoire d'analyses du Pr Tarzaali, qui déclare assurer les deux tests : le premier est la recherche directe du coronavirus par PCR sur prélèvement nasal et le deuxième permettant la détection qualitative des anticorps totaux dirigés contre le virus SARS-Cov2 dans le sang des patients. Ilhem Tir