Contrairement à une idée «reçue», la bataille que se livrent principalement deux camps au sein du Front des forces socialistes pour s'emparer du gouvernail est loin d'être une simple bataille organique, puisque derrière la guerre des sièges et du sceau du parti, les protagonistes divergent profondément sur l'option politique à imprimer au vieux front de l'opposition, même si lesdits camps se revendiquent de l'héritage du défunt fondateur et chef charismatique, Hocine Aït Ahmed. M. Kebci - Alger (Le Soir) - On pensait qu'avec la tenue du congrès extraordinaire, il y a près de quinze jours, le Front des forces socialistes allait, enfin, entamer ne serait-ce que le début de la fin de la crise latente qui le secoue depuis de longs mois. Que nenni, puisque l'élection d'une nouvelle instance présidentielle qui a à son tour installé un nouveau premier secrétaire national, en la personne du président de l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou, Youcef Aouchiche, non sans avoir au préalable tenu à signifier dans son tout premier communiqué sa «détermination à poursuivre cette dynamique de rassemblement dans la préparation du prochain congrès national ordinaire unitaire» et à remettre au goût du jour la «reconstruction du consensus national», n'a pas suffi à amorcer cette entame de résolution d'une crise qui risque, si elle perdure, de coûter cher au doyen des partis de l'opposition. En effet, le tout nouveau premier secrétaire national du FFS, pourtant catalogué dans le camp adverse de celui que pilote Ali Laskri qui, pour rappel, avait boudé ledit congrès extraordinaire, n'a toujours pas rejoint le siège national, sis à la rue Souidani Boudjemaâ, à El-Mouradia. La raison est que les occupants des locaux d'où ont été chassés, en avril 2019, Laskri et ses pairs ne veulent pas entendre parler d'un congrès dont ils affirment ne pas reconnaître les résolutions, notamment celle relative à la nouvelle instance présidentielle pilotée par Hakim Belahcel et le nouveau premier secrétaire national auxquels l'accès est, du moins pour le moment, refusé. Des occupants qui ne se reconnaissent pas dans les deux camps qui se disputent depuis des mois la direction du vieux front et qui ne reconnaissent que Belkacem Benamer comme premier secrétaire national du FFS, installé le 22 juin 2019 lors d'une session du conseil national du parti à laquelle Laskri et ses pairs n'ont pu prendre part. Et en plus de cette bataille du siège, ou plutôt des sièges, car en sus du siège national, les camps en conflit se disputent également les divers locaux, notamment ceux des fédérations de wilaya, la nouvelle direction nationale du FFS qui se dit élue d'une manière «démocratique et transparente» a un autre crucial problème à régler, celui de récupérer les fameux sceaux du parti que détient le camp Laskri. Une bataille à mener sur plusieurs fronts par l'équipe à Belahcel qui, si elle dure, risque de permettre à l'un des deux camps adverses de remonter la pente et de reprendre le dessus, surtout, affirme-t-on au sein du vieux front de l'opposition, que le camp Laskri bénéficierait encore et peut-être un peu plus qu'avant le dernier congrès extraordinaire de plus «d'aura» au sein des structures du parti. Surtout que ce fameux troisième camp qui s'est senti comme foulé par celui que l'on dit piloté par le fameux «cabinet noir» risque de le rallier pour déjouer ce qu'il considère comme une «trahison» dans un nouvel épisode dont le siège national et le sceau du doyen des partis de l'opposition constitueront désormais l'enjeu majeur. Une bataille que semble gagner, pour le moment, celui qui occupe les locaux en attendant l'évolution de ce bras de fer, dont l'issue semble incertaine. PAD : l'autre «pomme de discorde» Ceci dit, des voix de plus en plus persistantes au sein du parti tiennent à soutenir que cette bataille organique voilerait mal une profonde crise politique avec deux visons, voire deux approches complètement différentes développées par les uns et les autres. On dit, à ce propos, que le divorce du FFS avec les forces du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) que le nouveau premier secrétaire du parti a annoncé à demi-mot dans ses multiples sorties médiatiques ayant suivi ledit congrès extraordinaire, même si Belahcel soutient que la démarche du PAD et celle de la reconstruction du consensus national «ne sont pas antagoniques puisque se rejoignant, dans l'objectif», n'est pas bien perçu par des pans importants de la base militante. Il n'y a qu'à se fier à la déclaration de Ahmed Djeddaï, juste après l'annonce des résultats du vote lors du dernier congrès extraordinaire, lui dont la liste qu'il avait pilotée avait échoué face à celle menée par Belahcel, quand il soutenait que l'essentiel était de travailler à «consacrer la rupture avec le système en place à travers une transition démocratique». Un lexique qui a disparu du discours de la nouvelle direction du FFS, ce qui semble irriter au plus haut point l'autre camp, ou plutôt d'autres camps au sein du front qui crient à un «deal» avec le pouvoir en place. M. K.