On s'en doutait, et pas qu'un peu. Il fallait en effet s'attendre à des chiffres pas du tout rayonnants, pour le moins que l'on puisse dire, de l'économie nationale, toujours aussi impactée par les effets de la crise de 2014 auxquels sont venus se greffer les conséquences dévastatrices, même pour les économies les plus robustes du monde, de la pandémie du nouveau coronavirus. L'Algérie a enregistré une croissance économique négative de -3,9% au 1er trimestre dernier, comparée à la croissance à la même période de l'année dernière (+1,3%), nous apprend l'Office national des statistiques (ONS). Une baisse «conséquente» aggravée par la crise sanitaire mondiale (Covid-19), commente l'ONS qui a établi que le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures a été de -1,5% sur les trois premiers mois de l'année en cours, contre +3,6% à la même période de l'année précédente. Durant les trois premiers mois de cette année, les hydrocarbures, les services marchands (transports et communications, commerce, services fournis aux entreprises et aux ménages, ainsi que les hôtels-cafés-restaurants) et les services non marchands (les affaires immobilières, les services financiers et les administrations publiques) ont accusé le coup avec des taux de croissance négatifs en marquant 13,4% pour les hydrocarbures, soit pas loin du double de la baisse de la même période en 2019, qui avait alors atteint -7,1%. Les prix des hydrocarbures ont connu de leur côté une forte diminution (-16,9%) induisant une baisse nominale de 28% de la valeur ajoutée du secteur contre une diminution de 8% à la même période de l'année précédente. Les services marchands, quant à eux, ont enregistré «pour la première fois», note l'ONS, une baisse de -2,8% contre une hausse de (+5,0%) durant la même période de comparaison. Une baisse qui s'explique par la rétraction de la valeur ajoutée des différents sous-secteurs, comme les transports et communications (-4,8% contre +5,3%), hôtels, cafés et restaurants (-2,7% contre +5,5%), commerce (-1,5% contre +4,8%) et les services fournis aux ménages (-1,8% contre +3,8%). Cette tendance a caractérisé aussi les services non marchands avec une baisse de croissance de -1,6% contre +1,8%, selon les statistiques de l'ONS qui pointent une baisse due principalement à un recul de 2% de la valeur ajoutée des administrations publiques contre une hausse de 1,7% au premier trimestre 2019. Sans que cela constitue une surprise, le tableau dressé par l'ONS nous apprend que l'industrie a enregistré une croissance négative de -0,5%, moins que l'on aurait pu le craindre finalement, comparée au 4,9% du 1er trimestre 2019. «À l'exception des industries agroalimentaires et des industries diverses, l'ensemble des sous-secteurs ont été affectés par des évolutions négatives de croissance.» Ce sombre tableau est toutefois «sauvé» par des performances d'autres secteurs ayant enregistré des taux de croissance positifs, à l'instar de l'agriculture et du BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique). Le secteur de l'agriculture, sylviculture et pêche a enregistré un taux de croissance +2,3% contre +2,7%, alors que le BTPH a accroché une croissance de +0,8% durant le 1er trimestre de l'année en cours contre +2,9% les trois premiers mois de 2019. Pour les industries agroalimentaires, elles ont connu une croissance positive de 2,6% contre 2,7% à la même période de comparaison, selon les chiffres établis par l'ONS qui nous révèlent, par ailleurs, qu'en valeurs courantes, le PIB a souffert d'une baisse de 5,3% contre une hausse de 2,8% sur la même période en 2019. L'investissement, en revanche, a enregistré une «importante» baisse (-5,0%) les trois premiers mois 2020 contre un accroissement de 5,1% à la même période de l'année 2019. «Cette forte baisse de l'investissement est expliquée par le ralentissement de l'activité économique et aggravée par la pandémie qui a induit l'arrêt de certains chantiers, notamment de la construction durant le mois de mars dernier», explique l'ONS. D'autre part, les échanges extérieurs de marchandises et de services ont enregistré une baisse en volume de 16,3% pour les importations et de 11,8% pour les exportations durant le 1er trimestre 2020 et par rapport à la même période en 2019. Durant l'année 2019, la croissance économique de l'Algérie a atteint 0,8% et le taux de croissance du PIB hors hydrocarbures, il a été de 2,4%. L'activité économique a, comme le révèlent les statistiques de l'institut attitré du pays, connu durant le 1er trimestre de cette année «une baisse conséquente» qui, il y a à le craindre, risque de s'avérer d'une ampleur beaucoup moindre pour les 3 mois du second trimestre et ce début du troisième où les contaminations battent tous les records en Algérie. Azedine Maktour