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Femme de cœur et avocate infatigable de l'indépendance de l'Algérie
Gisèle HALIMI, décédée à l'âge de 93 ans
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 07 - 2020

Une vie pleine, tumultueuse faite de passions et d'engagement, ce bout de femme a tenu sa vie durant la dragée haute aux ennemis de la liberté, des libertés. L'Algérie indépendante pour laquelle elle a sacrifié son temps, ses responsabilités familiales, lui doit une reconnaissance à la hauteur de l'idéal qu'elle a très tôt poursuivi.
Une femme au caractère bien trempé ne s'est pas vu décerner le prix Nobel de la paix. Peut-être à titre posthume ?
Il reste que le pays pour lequel elle a affronté les sanguinaires de l'armée coloniale lui doit une rue, une plaque commémorative dans une place publique comme c'est le cas pour Maurice Audin. Un juste retour des choses, un pied-de-nez à l'amnésie ambiante. Cela voudra dire aussi aux générations d'aujourd'hui que face à un ennemi puissant et pour qui la fin justifie les moyens – répressions, tortures – la guerre de Libération nationale était aussi portée par ses nombreux amis convaincus de la justesse de sa cause. Gisèle Halimi aimait s'identifier à la Kahina pour laquelle elle vouait une immense admiration, à telle enseigne qu'elle lui a consacré un livre (Gisèle Halimi, La Kahina, 260 pages, Ed. Barzakh). « Cette femme au pouvoir surnaturel me fascinait (...). Elle régna, comme un chef militaire, sur une grande partie de l'Afrique du Nord, de l'Aurès à Bizerte, de Constantine à Tacapas .»
Quant aux origines du personnage de légende devenu mythique, elle pose la question : « La Kahina était-elle juive ? Personne ne le sut vraiment. » Mais ce n'est pas tant cela qui hantait son imaginaire bien qu'étant elle-même issue d'une famille pauvre juive de Tunisie.
Elle est née à la Goulette, petit port de la banlieue de Tunis, d'un père berbère et d'une mère juive, sous le nom de Zeiza Gisèle Elise Taïeb. Jeune avocate, elle fait ses débuts dans le barreau de Tunis en 1949, ce qui lui fera découvrir les injustices des colons et la répression que fait subir l'armée coloniale aux populations autochtones, les jugements expéditifs le plus souvent non fondés et parfois en l'absence même des inculpés, loin des faits qui leur sont reprochés ! Gisèle Halimi se révolte et deviendra la bête noire des autorités coloniales. Elle sera plusieurs fois arrêtée, torturée et expulsée en Métropole. Peine perdue puisque cela ne fera que radicaliser son engagement et sa détermination à défendre la cause de l'indépendance.
Elle portera l'Algérie au cœur. Elle défendra, en 1960, Djamila Boupacha, militante du Front de libération nationale (FLN), à qui elle a consacré une œuvre biographique : Djamila Boupacha, préfacée par Simone de Beauvoir et portrait de Picasso, 1962. La défense de la moudjahida occupera une place prépondérante dans son combat pour l'indépendance de l'Algérie parce qu'elle était parvenue à mobiliser à sa cause des intellectuels français de renom, tels que Jean-Paul Sarte et Simone de Beauvoir (dont elle a été aussi l'avocate). Résultat : l'opinion mondiale s'est saisie de la cause de Djamila.
En 1956, Gisèle Halimi faisait la navette Paris-Alger pour défendre les résistants algériens ou de simples quidams accusés à tort sur la base de faux rapports de police ou d'aveux extorqués sous la torture. Elle sauvera quelques-uns de la peine de mort promulguée par les juges militaires mais pas Badèche Ben Madi, guillotiné le 25 juillet 1957 après avoir été torturé durant 11 jours malgré l'appel lancé au ministre de la Justice de l'époque, François Mitterrand, et au Président René Coty (1954-1959).
« La bataille d'Alger », avec le général Massu à l'œuvre, sera l'occasion pour l'avocate de confirmer toute l'horreur et les exactions que commet l'armée française en toute impunité et où les exécutions battent leur plein, à l'exemple de Fernand Yveton et plusieurs autres condamnés algériens.
En outre, les exécutions extra-judiciaires devenaient monnaie courante — Maillot, Larbi Ben M'hidi, etc. Mais l'infatigable militante des libertés a d'autres flèches dans son arc. Sitôt l'indépendance de l'Algérie acquise, elle vouera son engagement dans le combat politique en France. Elle a fait la connaissance de Simone de Beauvoir dont elle partage le point de vue sur la minorisation du «deuxième sexe», et de Jean-Paul Sartre dont elle devient l'avocate.
Il faut rappeler qu'elle avait fondé avec Simone de Beauvoir le comité de défense de Djamila Boupacha. Dans l'ouvrage que préface Simone de Beauvoir, elle lie la cause des femmes à la lutte contre le racisme colonial et dément «l'infériorité» attribuée aux femmes. Elle arrive à démontrer que le viol par les soldats français était une arme de guerre dont les Algériennes étaient les cibles privilégiées. On comprend dès lors son action future dans la lutte pour les droits des femmes, d'où son profil de féministe convaincue.
Femme de cœur et de conviction, les Algériens garderont d'elle l'image d'une fraternité de combat à toute épreuve. Un épisode qui démontre la fidélité de l'avocate à l'Algérie est le parfait recadrage qu'elle a fait en janvier 2013 aux affabulations du chanteur sioniste Enrico Macias qui se plaignait, sur le plateau d'une télé, qu'on lui refusait l'entrée en Algérie parce qu'il était juif. «Faux, lui rétorque Gisèle, car n'importe quel juif qu'il soit du Maghreb ou d'ailleurs peut aller en Algérie sans être inquiété pour autant».
Repose en paix, Gisèle Halimi.
Brahim Taouchichet


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