Culturellement correcte : Pendant les années de la géhenne algérienne, quelqu'un a proposé au Général De Gaulle l'arrestation de Jean-Paul Sartre qui ne cessait de déranger l'ordre établi en organisant les manifestations, en distribuant les pétitions, en multipliant les appels et les déclarations publiques et en publiant le manifeste des 121, contre la guerre et la torture en Algérie, ce dernier, c'est-à-dire le Général, a répondu : On ne met pas Voltaire en prison ! Aujourd'hui on a oublié Voltaire ! Pourquoi est-ce que les enfants et les petits enfants des révolutions, les grandes révolutions comme la nôtre, ont une mémoire courte. Criblée ! Vite, ils oublient ceux qui ont soutenu le combat de leurs parents, dans les moments historiques les plus cruciaux. Salut les amis d'Algérie, en ce cinquantenaire d'indépendance, morts ou vivants. Ce n'est pas facile de retourner l'arme contre son pays, même si ce dernier se noie dans l'erreur historique absolue, et Sartre était contre son pays ou au moins contre ceux qui ont entaché l'image de la France, sa France à lui, celle de la liberté des individus, celle qui défend le droit à la libération des peuples opprimés. Il est difficile de critiquer son pays, et Sartre était un critique sans merci envers la France coloniale qui colonisait et torturait les algériens. « Parce que tu es mon frère, je suis à tes côtés que tu sois agresseur ou que tu sois agressé » (Ana maâka dhalimane aw madhlouman » !! Sartre n'a jamais cru en cette citation que chantent à tort et à travers quelques algériens d'aujourd'hui. C'est une logique antihistorique. En cette année du cinquantenaire d'indépendance d'Algérie, je pense à Jean Paul Sartre. Philosophe du quotidien et intellectuel visionnaire. Et je me demande pourquoi est-ce que notre université est muette envers cet intellectuel sans paire ? Intellectuel phare de tout le vingtième siècle. Et à l'image de tout écrivain de ce pays, je rêve d'un colloque international organisé chez nous en hommage à ce grand philosophe. Ami de notre pays Jean Paul Sartre restera pour toujours l'un des intellectuels libres qui ont participé à la construction de l'indépendance de l'Algérie, à sa manière. Afin de ne pas l'oublier, j'espère voir, un jour, son nom donné à une de nos institutions universitaires ou culturelles ! Sartre est une partie de la mémoire algérienne, une partie de notre histoire glorieuse. Une partie de l'histoire de la formation des intellectuels algériens contemporains. Je pense aussi, en cette année du cinquantenaire de l'indépendance, à sa compagne, l'écrivaine rebelle Simone de Beauvoir, militante ardente pour la cause algérienne. Qui parmi nous n'a pas lu son livre consacré au moudjahida Djamila Boupacha, écrit en collaboration avec Gisèle Halimi ? En cette année du cinquantenaire, on a oublié Djamila et Simone. Où se cache-t-elle cette icône, Djamila Boupacha l'hirondelle qui toute seule a fait le printemps? 99,99% d'Algériens, les jeunes comme les vieux, ne savent pas que la Moudjahida Djamila Boupacha est encore en vie ! Tuée par les siens, sa mort a été annoncée avant son heure divine. Allah Ytawal Omarak ! (que Dieu te donne longue vie) Lorsque Picasso l'anti-franquiste a peint le portrait historique en l'honneur à la militante « Djamila Boupacha », par ce geste artistique, il a sauvé cette belle femme moudjahida de la guillotine! Avec ce tableau, Picasso a fait voyager la voix de la révolution algérienne à travers les plus célèbres galeries du monde. Si Picasso a sauvé la vie de Djamila Boupacha pendant la guerre d'Algérie, il reste incapable de la sauver de l'oubli national ! En ce cinquantenaire de l'indépendance, je pense aux oubliés amis de l'Algérie: Louis Aragon, Jean-Paul Sartre, Elsa Triolet, Gabriel Marcel, Germaine Tillion. Simone Veil, Francis Jeanson, Fernand Yveton, Georges Arnaud, Maurice Laban, Henri Alleg, Gisèle Halimi, Jean Daniel et d'autres. AZ [email protected]