Le chandelier dit un jour à la bougie : « Ingrate, tandis que je te porte, tu éclaires les autres et tu me laisses dans l'obscurité ! » C'est le propre de la wilaya de Bouira, malheureusement, qui, malgré toutes ses ressources naturelles dont l'a gratifiée Dame Nature mais également ses deux grands ouvrages hydrauliques, continue à broyer du noir en matière de politique d'AEP. Il faut rappeler ici que Bouira est l'une des wilayas du pays les plus servies en matière de ressources hydriques. Outre des sources naturelles situées le long de la chaîne montagneuse du Djurdjura, dont certaines sont considérées comme de véritables torrents souterrains, comme la source Ainsar-Averkane à Saharidj et dont le débit en été n'est jamais inférieur à 140 litres par seconde, mais aussi d'autres sources à Aghbalou, Haïzer et même à Ath-Laâziz ; trois barrages hydrauliques, dont deux d'une capacité importante sont construits dans cette wilaya. Il s'agit du Tilesdit dans la commune de Bechloul à l'Est, qui cumule un volume de 165 millions m3 d'eau, et du barrage de Koudiate-Asserdoune à Maâla, dans la région nord-ouest ; le deuxième après Béni-Haroun, avec 640 millions de m3. Au fil des années, alors que les transferts des eaux depuis les deux ouvrages précités alimentent des dizaines de communes des wilayas de Tizi Ouzou, Médéa, M'sila et Bordj-Bou-Arréridj, au niveau de la wilaya de Bouira, plusieurs communes vivent le cauchemar des pénuries d'eau potable. Pour cause de politiques de bricolage et de bâclage des projets, des villages entiers sont toujours mal ou pas du tout alimentés. Une situation qui a poussé des dizaines de milliers de citoyens à reprendre les fameuses actions de protestation des années 2000. Ainsi, depuis plusieurs semaines, pas un jour ne passe sans que l'on entende, çà et là, une action de contestation — le plus souvent sous forme de fermeture des sièges des APC ou de sit-in devant les daïras – à cause du manque d'eau, ou carrément de son inexistence dans les robinets. Hier, mardi, ce sont les citoyens de la commune d'Ath-Mansour, à 40 kilomètres au sud-est de Bouira, qui ont fermé la mairie. Un manque d'eau inexplicable quand on sait que les pouvoirs publics avaient tout fait pour financer et réaliser le raccordement de ces communes de la daïra de M'chedallah au barrage Tilesdit. Le même problème est posé au niveau de deux autres communes proches du chef-lieu de la wilaya et qui sont également alimentées depuis les eaux du barrage de Tilesdit. Il s'agit de Haïzer et Ath-Laâziz. Cependant, si à Haïzer, l'écueil se pose pour une seule localité, Guentour, et qui réside, selon certains villageois, dans la mauvaise conduite qui devait approvisionner le village depuis les deux réservoirs d'eau réalisés depuis plus de deux ans, à Ath-Laâziz, ce sont une vingtaine de villages qui souffrent du problème de conduite d'AEP, dont les travaux, selon des citoyens, auraient été également bâclés. Un bâclage qui fait qu'aujourd'hui, des milliers de villageois se retrouvent privés de ce précieux liquide, en ces temps de canicule et de feux de forêt. Des citoyens qui crient leur ras-le-bol depuis plusieurs mois. Mais force est de constater que depuis le dernier mouvement des walis, Bouira navigue à vue. Y. Y.