C'est bon ! Il ne reste que quelques semaines pour une session de baccalauréat des plus atypiques. Les convocations ont été retirées. Les futurs bacheliers essayent, tant bien que mal, de poursuivre leurs révisions dans une atmosphère loin d'être apaisante. Chacun essaye de trouver un tant soit peu un équilibre pour passer les examens. Et chacun y va de sa recette... Les lauréats de cette session se préparent aux épreuves dans des conditions des plus difficiles. Et le mot est bien faible ! Plus de cinq mois de suspension de cours empreints d'une incertitude autour des dates de déroulement, à tout cela s'ajoutent l'angoisse et la psychose liées à la pandémie. Tout le programme de révision et de préparation a été chamboulé. Souhila, maman de Lyly, raconte : «Ma fille passe son bac, série philosophie. Depuis le début de l'année scolaire, nous étions déjà stressés et je suis devenue son chauffeur. Je la conduis à ses cours de soutien. Des séances pour pratiquement toutes les matières et surtout des professeurs, qui sont dispersés à travers plusieurs quartiers de la capitale, souvent aux antipodes. Avec le début de la pandémie, j'ai refusé qu'elle poursuive les cours à domicile. J'avais très peur. Je me disais : je préfère qu'elle reste en vie et qu'elle ait la chance de repasser son bac, que de la perdre par la contamination. Et pour faire admettre cela à ma fille, cela a été dur. Elle n'arrêtait pas de pleurer et se lamenter en se disant qu'elle avait, d'ores et déjà, échoué. Cela a pris plusieurs jours. En plus, certains de ses enseignants ne respectaient pas le confinement. Et ils contactaient leurs élèves, leur mettant la pression pour la reprise des cours particuliers. En tant que maman, je me suis retrouvée entre le marteau et l'enclume. Et cela vous oblige à passer des nuits blanches en doutant de vos choix.» Souhila n'a pas été seule à se retrouver devant ce dilemme, notamment au début de la crise sanitaire, vers la fin mars et le début du mois d'avril. Beaucoup de parents ne voulaient pas mettre en danger la vie de leurs enfants et de leurs proches. «Je pense que bon nombre de familles dans ce cas ont dû se doper aux antidépresseurs, calmants et tisanes pour pouvoir tenir le coup. Moi la première ! Avec nos enfants, nous étions désorientés et nous ne savions pas vraiment comment gérer le volume temps. Au bout de quelques semaines et avec la diminution du stress lié à la maladie, nous avons pu nous organiser en plusieurs étapes. En premier, il fallait reprendre un rythme normal de vie dans le sens où se réveiller le matin tôt et mettre en place un système de gestion du temps de révision à la maison. La seconde, de se concentrer uniquement sur les matières essentielles et de regrouper tous les cours pour que ma fille ne soit pas désorientée. Ce que je trouve admirable chez elle et ses amis, c'est que cette situation leur a appris à devenir responsables. Ils ont compris qu'en tant que parents, nous n'étions là que pour les accompagner. Ensuite, nous avons contacté les enseignants pour les cours particuliers pour s'entendre de la manière la plus efficace de révisions en respectant les mesures barrières. J'ai opté pour que ce soient les enseignants qui viennent chez nous. Pour moi, c'était plus rassurant. Beaucoup ont accepté. Cela coûte plus cher mais c'est pour la bonne cause», soutient, pour sa part, Nawel, dont la fille passe l'examen, filière scientifique. Les réseaux sociaux à la rescousse Pour ceux ayant un budget limité, les réseaux sociaux et les sites spécialisés ont été les planches de salut. Raouf avec sa maman Nesrine ont procédé méthodiquement. «J'ai une maman qui est addicte aux groupes et aux réseaux sociaux. Je pense qu'elle l'est plus que moi», dit-il en riant. Et de poursuivre : «Nous avons répertorié tous les sites internet et groupes Facebook qui proposaient des cours et des révisions et nous avons créé sur messenger le nôtre avec d'autres parents, élèves et enseignants pour échanger tous les conseils, les astuces et les vidéos, pour des révisions efficaces.» Sa maman enchaîne : «Nous avons, on peut dire, divisé les tâches en deux. Je suis son assistante logistique, un peu sa secrétaire et un chouia son enseignante. Et, mine de rien, cela a renforcé notre complicité et renoué les liens. Dans un mal, il y a du bon. Après, les gestes barrières, la connexion internet sont devenus une source d'angoisse. Il fallait que je vérifie à chaque fois que tout allait bien..» Enseignants, parents et élèves se retrouvent ainsi virtuellement pour arriver à des résultats concrets et pouvoir être le plus possible prêts à ce rendez-vous déterminant pour l'avenir de milliers d'élèves. Des révisions avec les gestes barrières De plus, dans quelques jours, et plus précisément à partir du 15 août, les candidats bénéficieront de révisions collectives au niveau de leurs établissements scolaires. Les enseignants auront la tâche de revoir les leçons des premier et deuxième trimestres, afin de les préparer aux épreuves. Des séances de psychologie seront également programmées pour aider les élèves à surmonter les effets de la crise sanitaire qui a frappé le pays. «Je trouve que c'est une bonne chose. Cela permettra aux élèves de retrouver une certaine sérénité et surtout renouer avec l'établissement scolaire et avoir une certaine confiance. Les enseignants, j'espère, seront au rendez-vous et sauront les encadrer. Mais aussi, il faut le respect des gestes barrières comme le port de la bavette. C'est très important ! Je sais que cela ne va pas être une mince affaire. La chaleur aidant, le déconfinement progressif qui va donner une véritable ambiance de «vacances» d'été, que beaucoup d'enfants, du moins ceux qui ont respecté d'une manière stricte les gestes barrières, ont presque oubliée ; ils reprennent le chemin de «l'école» pour des révisions soutenues et pour concourir quelques jours après. Il leur faut une bonne dose de courage», confie Nawel, dont le fils passe l'examen pour la première fois, en série mathématiques. Son mari ajoute : «Ce qui est rassurant pour l'heure, ce sont les promesses du ministère de l'Education nationale de faire en sorte que les examens se déroulent dans des conditions permettant le respect des gestes barrières. Sincèrement, j'avais vraiment peur. Maintenant, chacun devra assumer ses responsabilités.» En fait, des instructions ont été données par le ministère de tutelle de fournir un climat et un espace appropriés au bon déroulement des examens. Cela concerne la fourniture des moyens de prévention qui seront garantis. Il s'agit notamment de la disponibilité des masques de protection, des gants ainsi que les désinfectants et le matériel de stérilisation. Et pour éviter les rassemblements, il est prévu une augmentation des portes d'entrée et sortie ainsi que l'ouverture des classes d'examen qui se fera très tôt le matin, soit à 6h30, pour éviter un afflux d'élèves. Le nombre maximum de candidats est limité à 10 par salle, avec une distanciation physique entre chaque table. Ce qui induira, dans le cadre de ces mesures préventives contre le coronavirus, l'augmentation de trois fois plus des centres d'examen. D'autres ont été réservés spécialement aux imprévus, tels que les urgences ou cas suspecté de coronavirus. Une ambiance et des mesures qui devraient garantir un risque zéro de contamination et un certain apaisement psychologique. Sarah Raymouche