Les joueurs eux-mêmes n'ont pas d'explication ! L'inimaginable victoire 8-2 du Bayern vendredi contre Barcelone est irrationnelle, mais l'exploit va renforcer encore la confiance du «Rekordmeister» allemand, que l'on peine désormais à imaginer vaincu dans cette Ligue des champions 2020. Lyon ou Manchester, le prochain adversaire des Bavarois en demi-finale aura forcément été impressionné. «L'équipe de Lionel Messi a sombré comme l'une des victimes du Bayern en Bundesliga», raille le magazine allemand du football Kicker. «Le match a rappelé l'historique 7-1 de Belo Horizonte», lorsque l'Allemagne avait humilié le Brésil en demi-finale du Mondial-2014, ajoute le journal. L'analogie est intéressante, d'autant plus que trois des vainqueurs de Barcelone avaient joué à Belo Horizonte : Manuel Neuer, Jérôme Boateng et Thomas Müller! Et Hansi Flick, l'entraîneur du Bayern, était sur le banc comme adjoint de Joachim Löw. Après le match, Flick a donné l'une des clés de la domination du Bayern : «Mon équipe n'a jamais rien lâché, en ce moment, c'est notre mentalité, notre marque de fabrique», a-t-il dit. Un «fighting spirit» qui a permis à Munich de tout balayer en Allemagne pour remporter le doublé coupe-championnat, puis d'éliminer Chelsea en 8e de finale d'un cinglant 7-1 sur l'ensemble des deux matches (3-0, 4-1). «Joie de jouer» Face à ces combattants, Barcelone s'est laissé piétiner. «Le score est difficile à expliquer», a reconnu Joshua Kimmich, auteur du cinquième but, «mais nous avons joué dès la première minute avec une concentration incroyable». «Dès les premières secondes, nous avons eu le contrôle total des duels», a renchéri Leon Goretzka. Après l'égalisation de Barcelone, nous ne nous sommes pas laissé perturber et nous avons continué pareil. Notre pressing était terrible». Et que dire des remplaçants, qui n'ont pas géré l'avance, mais ont, au contraire, maintenu le tempo : «Le plus beau en fait, c'était de voir que les joueurs sortis du banc ont eu le même impact, la même joie de jouer et le même état d'esprit» que les titulaires, s'est enthousiasmé Thomas Müller, désigné homme du match. Philippe Coutinho (prêté par Barcelone) a réussi deux buts et une passe décisive après son entrée à la 75e minute. Lucas Hernandez, privé de temps de jeu cette saison, lui a offert son deuxième but. Cette euphorie collective donne une confiance inouïe aux plus jeunes. Le plus bel exemple en est Alphonso Davies, 19 ans, passé en une saison du statut de jeune espoir à celui de star. Son fulgurant slalom dans la défense à la 63e minute, pour offrir un but tout fait à Kimmich, fait partie des images du match. «Incroyable, a soufflé Kimmich, j'ai eu presque honte de célébrer ce but, parce qu'évidemment c'est le sien à 99%. Je n'ai eu qu'à pousser la balle au fond. Classe mondiale !» Ce mental de guerrier, Leon Goretzka l'a encore exprimé à sa façon, lorsqu'on lui a demandé si voir Messi à ce point humilié ne lui avait pas fait un peu mal. «Non. Ça m'a même fait un peu plaisir», a-t-il dit, tout sourire. Calendrier bien géré A froid, les experts noteront aussi que, de toutes les équipes engagées à Lisbonne, les Allemands (Bayern et Leipzig) sont les seuls à avoir terminé leur Championnat national fin juin. Les Français n'ont plus joué depuis mars, les autres ont au contraire bataillé jusqu'à fin juillet. Après la finale gagnée de Coupe d'Allemagne le 4 juillet, Hansi Flick a accordé une douzaine de jours de vacances à ses hommes, avant de lancer une préparation spécifique pour la Ligue des champions. Son expérience de huit années en équipe nationale lui permet de maîtriser parfaitement cette montée en puissance avant un grand tournoi. Son expérience a été précieuse: les joueurs ont bien récupéré, sans perdre le rythme pour autant. Lyon, qui n'a joué que deux matchs officiels depuis mars, et Manchester City, qui a, au contraire, fini la saison anglaise en boulet de canon, n'ont pas eu cette chance. Quel que soit le prochain adversaire du Bayern, il aura besoin de puiser dans toutes ses ressources pour ne pas finir en victime comme Barcelone.