On imagine fort bien le Président Abdelmadjid Tebboune « taper » sur la table. Et pour cause, le référendum sur le projet de révision de la Constitution, auquel il tient tant dans son objectif d'une Algérie nouvelle, tarde quant aux préparatifs depuis la remise du texte aux partis politiques, syndicats et société civile. Lundi 24 août, un communiqué de la présidence de la République met fin au suspense et annonce la date du 1er novembre pour l'organisation du référendum populaire. En effet, il est précisé que Abdelmadjid Tebboune a reçu Mohamed Charfi, président de l'Autorité nationale indépendante des élections, qui lui a rendu compte de l'état de leurs préparatifs. Dans deux mois, tout doit donc être fin prêt pour la journée du 1er novembre pour le vote du texte sur lequel ont planché des juristes et des spécialistes en droit constitutionnel, dans un comité d'experts présidé par Ahmed Laraba. Comme nous l'explique la constitutionnaliste Fatiha Benabou, contactée par nos soins, le temps presse, voire même semble court au regard des démarches à entreprendre allant de l'Assemblée nationale (commission juridique) où il doit être débattu et éventuellement amendé pour adoption après le débat général, puis transmis au Conseil de la Nation pour le quitus final. C'est le Président (sinon son représentant) qui sera chargé de déposer le texte de loi au bureau de l'Assemblée nationale. Du reste, il faut rappeler que le projet de révision de la Constitution a été remis dès le mois de mai dernier aux partis politiques, syndicats et associations de la société civile. Résultat des courses, 2000 propositions ont été recueillies. À brève échéance, il sera question de la convocation du corps électoral, les institutions de l'Etat (APC, wilayas, bureaux de vote, etc.) seront fortement sollicitées quant aux préparatifs matériels pour le déroulement du référendum. Il apparaît qu'il s'agit là de l'été de tous les défis, quand on sait qu'il s'agit d'une journée historique, date du déclenchement de la lutte de libération nationale, le 1er Novembre 1954. C'est aussi la date retenue pour l'inauguration de la Grande Mosquée d'Alger, annoncée par le chef de l'Etat en personne. Ces rendez-vous proches font de la prochaine rentrée sociale un moment riche en actualités à portée historique. « Une Constitution consensuelle » est l'objectif recherché, point de départ à l'engagement cher au candidat Abdelmadjid Tebboune, dévoilé le jour de son investiture en décembre 2019. Quelques points forts de cette nouvelle loi fondamentale est que son promoteur veut en faire un instrument de rupture par rapport au système hérité de Bouteflika, qui s'était taillé une Constitution sur mesure. Ensuite, la déconcentration du pouvoir, née d'un présidentialisme outrageusement personnalisé, devrait permettre la mise sur pied d'un régime semi-présidentiel qui octroie plus de prérogatives au chef du gouvernement, à l'Assemblée nationale, à la justice et la lutte contre la corruption, malheureusement érigée jusque-là en institution ! Bien qu'il promette une Constitution donnant de plus grandes marges de manœuvre aux institutions de l'Etat (élues ou autres), le Président Abdelmadjid Tebboune garde la haute main sur les désignations dans les hautes sphères du pouvoir. Néanmoins, il reste dans sa philosophie générale dans l'ambiance née des revendications du Hirak — qu'il dit faire sien — qui réclame la rupture profonde avec le système hérité depuis l'indépendance du pays, en 1962. Être au diapason avec le « Hirak moubarek » veut dire aussi convaincre un électorat appelé aux urnes le 1er novembre prochain, et espérer une embellie durable de la pandémie de Covid-19 et une désescalade dans la mise en détention des auteurs d'opinions divergentes. C'est la rançon pour dépasser les clivages et s'atteler très sérieusement à ce qui attend le gouvernement quant au plan d'action économique et social. Mais nous n'irons pas sans pointer le doigt sur les legs de l'ancien régime, source du mal et de corruption. Le chef de l'Etat a pris la mesure des failles, portes ouvertes à tous les dérapages, aux blocages des programmes de développement. Cet héritage a pour nom APN, APW, APC à renouveler au plus vite, car il risquerait de vider de son contenu l'esprit que veut insuffler la nouvelle Constitution. Le « toilettage » devient urgent parce que vital. Il y va de l'Algérie de demain. La référence de l'Etat de droit pour tous les citoyens. Et de légitimité constitutionnelle. Brahim Taouchichet