La somme d'argent que l'Algérie tente de récupérer de l'étranger a été évaluée à plus de trois milliards d'euros, apprend-on auprès de sources proches du dossier. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Cet argent est, comme on le sait, issu de gains considérés comme étant illégaux puisqu'ils ont été acquis dans le cadre d'activités entachées d'actes de corruption, de pots-de-vin reçus en échange d'avantages offerts ou perçus, et ces sommes ont été ensuite transférées vers des pays étrangers. Cet argent a servi à l'achat de biens immobiliers, considérables pour certains, à louer des jets privés, entretenir un train de vie luxueux qui a intéressé plusieurs médias internationaux, et qui a servi aussi à garder toujours pleins des comptes en banque que ces corrompus ont ouverts en leurs noms et celui de leurs proches. La justice algérienne considère, elle, que ces sommes transférées ne sont autre que du blanchiment d'argent impliquant plusieurs anciens ministres et hommes d'affaires condamnés à de lourdes peines pour cela. Selon les informations auxquelles nous avons pu avoir accès, la liste des personnes concernées par la demande des autorités algériennes à leurs pairs étrangers concerne essentiellement ces hommes d'affaires qui tiraient leur puissance de leur proximité avec le clan Bouteflika. L'Algérie n'est pas démunie en informations relatives à l'ampleur de leur patrimoine dans plusieurs pays, puisque des commissions rogatoires ont été dépêchées pendant près d'une année, elles ont enquêté et dressé une liste qui a été ensuite transmise à la justice. Les comptes bancaires des mis en cause sont en grande partie aussi connus, mais Alger, apprend-on là aussi, a entrepris tout récemment des démarches visant à obtenir leur blocage. Les sommes concernées sont très importantes. L'enquête qui a été menée autour de l'affaire de Mme Maya, la fille prétendue de Abdelaziz Bouteflika, a ainsi révélé que le montant transféré en Espagne s'élève à 1 550 00,00 euros, soit l'équivalent de 234 663 449 08 DA. Une partie de cet argent a servi à l'achat de trois luxueuses maisons situées dans des zones cotées où l'immobilier est cédé à des prix très onéreux. Des sources proches du dossier des frères Kouninef affirment, elles, que le montant transféré par ces derniers à l'étranger est de 500 000 dollars. Entre 2017 et 2019, Mahieddine Tahkout a, quant à lui, procédé au transfert de 1 198 298 341,88 USD et 890 340,81 euros. Mourad Eulmi, ancien représentant de Sovac en Algérie, a pu, lui, se permettre l'achat de pas moins de huit maisons, parmi lesquelles plusieurs manoirs, dans des quartiers français huppés (Paris, Neuilly-sur-Seine, Seine-Saint-Denis et Saint-Tropez) et pour une somme globale de 24 185 112 euros. Son frère, Khider est, quant à lui, propriétaire de trois maisons de luxe, une à Paris et deux autres à Monaco, d'une valeur de 2 619 900, 00 euros. Dans la liste, Ali Haddad vient cependant en tête avec des transferts qui ont atteint un milliard et demi d'euros. L'enquête a prouvé que l'un des deux hôtels qu'il détient en Espagne, à Barcelone plus exactement, a été à lui seul acheté à coups de 225 millions d'euros. Haddad possède des biens à travers plusieurs pays dans le monde, et ils dépassent la valeur de 300 millions d'euros. La liste des hommes d'affaires concernés par la requête visant la récupération de l'argent transféré concerne aussi d'autres noms. Pour l'heure, ils ne sont pas révélés car n'ayant pas encore été définitivement condamnés par la justice. D'autres noms viendront aussi s'y ajouter, apprend-on auprès de sources concordantes qui affirment que d'autres dossiers d'industriels sont en attente au niveau des tribunaux. Il faut dire enfin que cette situation a induit un véritable vent de panique au sein des familles des concernés, qui tentent, par tous les moyens, de sauvegarder ce qui reste à sauvegarder de leur empire. A. C.