Les propriétaires des bars, restaurants et autres débits de boissons alcoolisées de la wilaya de Béjaïa sont revenus à la charge, hier mardi, à travers un énième rassemblement de protestation devant le siège de la wilaya. Ils réclament une fois de plus l'autorisation de reprendre leurs activités à l'instar des autres commerces. Il convient de signaler que c'est la septième action de rue initiée devant le siège de l'administration locale par les mêmes commerçants avec l'espoir de voir le premier responsable de la wilaya répondre favorablement à leur doléance. Les protestataires ont même procédé à la fermeture des deux importants axes routiers (les RN9 et 26) reliant le chef-lieu de wilaya au centre et à l'est du pays au début de ce mois de septembre avec le même mot d'ordre, la réouverture de leurs commerces comme toutes les autres branches d'activités autorisées à reprendre le travail après une fermeture de près de 6 mois. Les manifestants, qui ont accepté de lever le blocus sur la route suite à une promesse d'être reçus le lendemain par le chef de l'exécutif, ne cachent pas leur colère devant ce qu'ils qualifient de «volte-face du responsable de la Wilaya» qui n'a pas tenu son engagement en délégant son secrétaire général pour dialoguer avec des représentants des commerçants. «À chacune de nos actions, c'est le même refrain. Le wali refuse de nous recevoir en prétextant une sortie de travail sur le terrain. Ses représentants chargés réitèrent la même réponse ‘'vos doléances ont été transmises au gouvernement''. Aujourd'hui, on veut être fixé sur notre sort. Nous savons que les plus hautes autorités du pays ont accordé toutes les prérogatives aux walis pour trancher et décider d'autoriser ou non la reprise de nos activités», tonne un propriétaire d'un bar restaurant de Sidi-Aïch. Abondant dans le même sens, un autre affirme ne pas comprendre la décision d'autoriser la reprise d'activité des brasseries de fabrication de boissons alcoolisées et interdire en même temps la réouverture des commerces pour la commercialisation. « Toutes les brasseries travaillent normalement. On autorise les brasseries à fabriquer les boissons alcoolisées mais on interdit aux commerces de reprendre le travail pour la commercialisation. C'est un non-sens», fait observer amèrement un autre restaurateur du chef-lieu de wilaya. Les contestataires se plaignent aussi du lourd impact financier sur leurs activités à l'arrêt depuis plus de six mois. «Nos commerces sont fermés depuis six mois. Nous sommes totalement étouffés financièrement. Nos caisses sont vides et plusieurs commerçants sont dans une situation sociale alarmante et se retrouvent contraints d'emprunter de l'argent pour subvenir aux besoins de leurs familles, sans parler de toutes les charges que nous sommes appelés à honorer, notamment la location de nos locaux et les impôts. Ils interdisent la reprise de l'activité légale dans le respect du protocole sanitaire mais en parallèle, la vente clandestine de l'alcool ne cesse de proliférer à travers toute la région», a déclaré un autre gérant de la vallée de la Soummam. En marge du rassemblement, une délégation des commerçants a été reçue par le président de l'APW , Mehenni Haddadou. «Le président de l'APW nous a promis une réponse franche jeudi prochain.» Avant de se disperser dans le calme, les commerçants se sont donné rendez-vous pour un autre rassemblement le jeudi prochain en réaffirmant leur détermination à maintenir la mobilisation jusqu'à l'obtention d'une autorisation de reprise de leurs activités. «On ne veut pas entreprendre une action qui perturberait surtout nos enfants en cette période des épreuves du baccalauréat. Nous faisons confiance au P/APW mais nous n'allons pas lâcher prise et investirons la rue tant que nous ne reprendrons pas notre activité», a lancé l'un des membres de la délégation. A. Kersani