Un nombre impressionnant de dossiers liés à la corruption a pris le chemin du tribunal de Sidi-M'hamed où se dérouleront désormais les instructions des ministres et walis ayant servi durant la période de Abdelaziz Bouteflika. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ces dossiers sont au nombre de vingt-cinq et leur transfert a naturellement eu lieu suite à la récente décision d'ôter aux anciens ministres et hauts responsables le privilège d'être écoutés uniquement par de hauts magistrats, ceux de la Cour suprême, en l'occurrence. L'on sait aussi que c'est à ce niveau qu'ont été auditionnés les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que les treize autres ministres incarcérés, d'anciens hauts fonctionnaires de la présidence de la République et plusieurs anciens walis. Mais il n'en sera pas de même pour le reste de la liste détenue par les instances judiciaires. On apprend, en effet, que pas moins de douze autres ministres, quatorze si l'on doit tenir compte des fuyards Chakib Khelil et Abdeslam Bouchouareb, sont concernés par des auditions qui devaient au préalable se dérouler au niveau de la Cour suprême avant que leurs dossiers ne prennent une autre direction puisqu'ils ont été transmis au tribunal de Sidi-M'hamed. Les noms les plus connus de la scène publique sont ceux de Necib Hocine, ex-ministre des Ressources en eau, Mohamed Hattab, ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Temmar Abdelwahid, poursuivi en qualité d'ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Temmar Abdelhamid, ancien ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Boudjemaa Talai, ministre des Travaux publics et Transports, Nouri Abdelwahab, ministre des Ressources en eau, Bouazghi Abdelkader, plusieurs fois wali et ancien ministre de l'Agriculture, Rahiel Mustapha Karim, ancien chef de cabinet de Sellal, Mohamed Ghazi, ancien ministre du Travail, Mohamed Bedjaoui, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien président du Conseil constitutionnel, Tamazight Djamila et Houda Feraoun, respectivement anciennes ministres de l'Industrie et des Télécommunications. Cette liste contient également plus d'une dizaine de noms d'anciens walis, de deux anciens P-dg de Sonatrach, Meziane Mohamed et Ould Kaddour ainsi que de hauts cadres de cette société. Les dossiers les concernant vont être dispatchés à travers les quatorze chambres d'instruction que compte le tribunal de Sidi-M'hamed qui procéderont ensuite à la programmation des auditions. L'opération est lourde, sensible, elle a d'ailleurs nécessité la prise d'une décision importante qui a consisté en la création d'un nouveau pôle spécialisé dans les affaires de corruption. Dans les présentes affaires, son rôle est de poursuivre le processus déjà entamé au niveau de la Cour suprême où plusieurs des ministres cités ont été déjà auditionnés une première fois. Certaines de ces auditions ont notamment été effectuées dans le cadre de la réouverture du dossier Sonatrach II, quant aux autres, elles sont en général liées aux hommes d'affaires poursuivis pour corruption et obtention d'indus avantages. Il apparaît, cependant, que la clôture des dossiers déjà entamés en jugement se présente comme une nécessité qui permettra de passer à de tout autres affaires, nettement supérieures en nombre à celles qui se sont déjà déroulées. L'un de ceux qui pourra permettre de clore l'affaire Kouninef fait partie des priorités puisque les trois frères ont été jugés, et le verdict sera connu cette semaine, dans le cadre de la première partie de leur dossier. La seconde, et sans doute la plus importante, concerne tous les noms de ministres et anciens hauts responsables cités durant l'enquête menée par les services de sécurité. Il s'agit de Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, Abdelhamid Temmar, Abdeslam Bouchouareb, Amar Tou, Houda Feraoun, Amar Ghoul, Hocine Necib, Mohamed Arkab, actuel ministre des Mines, qui occupait le poste de P-dg de la société d'engineering de l'électricité et du gaz, Arezki Berraki, actuel ministre des Ressources en eau, qui occupait le poste de directeur général des barrages et des transferts, Mohamed Loukal, ex-PDG de la BEA et ex-ministre des Finances, Abdelkader Zoukh, ex-wali d'Alger, et enfin Ali Bedrissi et Bachir Far, anciens walis de Jijel. Depuis peu, un quinzième nom s'ajoute, cependant, à cette liste : Saïd Bouteflika. Ce dernier a été auditionné à son tour sur la base des déclarations de Reda Kouninef qui a revendiqué devant le tribunal de Sidi-M'hamed les liens d'amitié qui le lient au frère et conseiller de Abdelaziz Bouteflika. Un magistrat s'est déplacé spécialement à la prison militaire de Blida pour l'écouter. La question qui se pose depuis est de savoir si ce dernier a été inculpé ou pas. La réponse à cette interrogation demeure encore inconnue, mais des sources concordantes affirment, en revanche, que la décision a été prise de procéder à une nouvelle audition du mis en cause. Cette fois, elle devrait se dérouler au nouveau pôle mis en place au tribunal de Sidi-M'hamed. A. C.