Pour la deuxième fois, le procès des trois frères Kouninef, poursuivis pour des affaires de corruption, a été reporté, hier mercredi, par le tribunal de Sidi-M'hamed au 9 septembre, à la demande de la défense qui exige l'accès à certains documents. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Comme la première fois, les avocats de la défense ont maintenu leur demande d'accès à certains documents liés à l'affaire de leurs clients placés le 24 avril 2019 sous mandat de dépôt, après avoir comparu devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi-M'hamed. La demande du report du procès a été justifiée, ont argumenté les avocats, par l'impossibilité, pour la défense, d'avoir accès à des dossiers et autres documents jugés « nécessaires au bon déroulement du jugement ». La juge a accepté la demande, reportant le procès au 9 septembre, et a donné, en même temps, instruction à l'effet de permettre à la défense d'accéder aux documents réclamés. Les frères Réda, Abdelkader-Karim et Tarek Kouninef devaient répondre de plusieurs chefs d'inculpation dont « trafic d'influence », « blanchiment d'argent », « obtention d'indus avantages », « détournement de foncier et de concessions », et « non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics ». Ils devaient comparaître avec dix autres prévenus dont des cadres des ministères de l'Industrie, de l'Agriculture, des Ressources en eau, de l'Energie et des Télécommunications, ainsi que d'autres secteurs où leur groupe KouGC a obtenu des marchés. Le lourd dossier des Kouninef a impliqué deux anciens Premiers ministres, plusieurs ministres et plusieurs autres cadres de certaines institutions. Ils ont été arrêtés au moment fort du mouvement populaire du 22 février qui réclamait la neutralisation de la « bande » et le jugement de ceux qui ont pillé les richesses du pays. C'est, en effet, en avril 2019, soit au troisième mois de déclenchement du mouvement populaire très puissant, que les frères Kouninef, proches du frère conseiller de l'ancien Président déchu, Saïd Bouteflika, seront arrêtés et interrogés par les officiers de la section de recherche de la gendarmerie de Bab J'did, à Alger, avant d'être déférés devant le tribunal de Sidi-M'hamed qui les placera sous mandat de dépôt. Ce second report du procès serait en lien avec le deuxième dossier Kouninef en cours d'instruction à la Cour suprême, et dans lequel sont cités des anciens Premiers ministres, des anciens ministres, des anciens walis et de nombreux cadres d'institutions. Après les premières auditions dans le cadre de l'affaire, le procureur général près la cour d'Alger a transmis à la Cour suprême les dossiers de 14 hauts fonctionnaires de l'Etat qui bénéficient du privilège de juridiction. Il s'agit des deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, des ex-ministres de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb (en fuite), des Télécommunications, Houda Imane Feraoun, et Amar Tou, des Travaux publics, Amar Ghoul, des Ressources en eau, Hocine Necib, des Finances, Mohamed Loukal, Mohamed Arkab en tant qu'ancien responsable de Sonelgaz et Arezki Berraki, ministre des Ressources en eau en tant qu'ex-directeur général des barrages et des transferts, et trois ex-walis, Abdelkader Zoukh, Bachir Far et Ali Bedrissi. On reproche à tout ce beau monde d'avoir usé de la position qu'ils occupaient auprès du Président déchu, afin de faciliter les tâches aux Kouninef et les aider à mener leurs affaires, entachées d'irrégularités et dans l'opacité, à bon port. Le nom de chacun d'entre eux est lié à des projets octroyés à la KOUGC, l'entreprise mère des Kouninef. D'ailleurs, nombreux sont ces hauts responsables qui sont impliqués dans plusieurs affaires de corruption et des dossiers des anciens oligarques. K. A.