Le processus de récupération de l'argent issu de la corruption se met progressivement en place. Le premier nom concerné n'est autre que celui de l'ancien responsable de la DGSN et de sa famille. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Abdelghani Hamel, ses trois fils, sa fille et même son épouse ont été reconnus coupables d'avoir causé d'énormes pertes au Trésor public qui s'apprête désormais à procéder à la récupération de l'argent, une somme estimée à 100 milliards de DA... La procédure est rendue possible depuis la publication du jugement définitif des mis en cause. Ce que l'on appelle la «grosse» est déjà traité au niveau des services judiciaires chargés de notifier les condamnations et décisions prises à l'issue du procès en appel qui s'est déroulées en août dernier. La première peine de Hamel, 15 ans de prison, a été réduite de trois ans, il avait donc écopé de 12 ans de prison alors que ses trois fils ont été condamnés à des peines de 8, 6 et 5 ans de prison et des amendes allant de 8 à 5 millions de DA. La justice avait également décidé la saisie de tous les biens des concernés, et c'est justement toutes ces données contenues dans le document final établi par la justice qui permettent, à présent, au Trésor public de saisir un huissier qui entamera la procédure de saisie définitive dans les tout prochains jours. Ce qu'il faut comprendre est que tous les biens de la famille Hamel avaient fait l'objet d'une saisie conservatoire depuis le début de l'enquête qui les ciblait, ce qui revient à dire qu'ils n'avaient plus le droit de jouissance de ce qui était auparavant leurs propriétés. Les comptes bancaires en font partie, mais toute la longue liste des maisons, locaux commerciaux, sociétés, voitures n'appartiennent plus à la famille Hamel. Les détails des biens récupérés sont impressionnants : une soixantaine de villas, appartements, concessions répartis à travers 19 wilayas, plus d'une dizaine de locaux commerciaux, 6 véhicules, 25 sociétés auxquelles il a été imposé le paiement de 32 millions de DA chacune et bien sûr l'argent contenu dans les 135 comptes bancaires répertoriés. Hamel n'est pas seul à devoir se départir définitivement de ses biens. Les deux anciens ministres Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, l'ex-ministre de l'Industrie Mahdjoub Bedda, Abdeslam Bouchouareb et les hommes d'affaires condamnés dans le dossier automobile se sont déjà vu frappés du droit d'interdiction de jouissance de tout ce qu'ils détenaient. Environ 9 véhicules, dont 7 de luxe, 2 villas, l'une à Hydra et l'autre à El-Biar, appartenaient à Ouhayia. Moins de détails sont disponibles en ce qui concerne Sellal hormis le fait qu'il a été procédé à la saisie conservatoire d'un gros véhicule de luxe de type 4-4. Des informations fiables indiquent, cependant, que 6 maisons dont 4 villas et trois locaux commerciaux devraient être définitivement récupérés auprès des deux anciens chefs de gouvernement. Les locaux en question demeurent cependant sujets à litige, font savoir les mêmes sources, car ayant été détenus pas des membres des familles des concernés. Il faut savoir aussi que les biens de tous les mis en cause sont répartis un peu partout à travers le territoire national mais que le plus grand nombre d'entre eux se trouve dans la capitale, dans des quartiers bien en vue. C'est à Bachir-Ibrahimi, El-Biar, que l'on retrouve ainsi les 4 villas inscrites aux noms de l'ancien patron de Sovac et de ses deux frères. Mourad Eulmi et ses frères possèdent aussi des habitations, finies ou en cours de construction, dans le quartier chic de Saïd-Hamdine ainsi que quatre terrains situés sur les hauteurs de la capitale ou sa périphérie immédiate. Le plus gros des biens immobiliers de Mourad Eulmi et de ses frères se trouve, cependant, ailleurs : 5 maisons à Neuilly-sur-Seine (Paris), une bâtisse luxueuse à Saint-Tropez, une autre à Paris, et une autre encore à Seine-Saint-Denis. Le montant déclaré des sommes versées pour l'achat de ces biens s'élève à 24 185 112 euros... Le montant de la villa de Nicolas Sarkozy acquise par Mourad Eulmi à Neuilly-sur-Seine s'élève à lui seul à 1 993 000 euros. Les frères Kouninef ne sont pas en reste. Dans son réquisitoire, le procureur de la République a demandé la saisie de tous leurs biens, ceux-ci ont d'ailleurs déjà fait l'objet d'une mesure conservatoire avant le verdict définitif. Trois villas de style mauresque situées à Bouzaréah et appartenant à deux des frères et à la sœur sont sous le contrôle de la justice. Il en est de même pour une quatrième villa située à El-Biar ainsi que deux maisons en cours de construction à Saïd-Hamdine. Abdeslam Bouchouareb fait, lui aussi, partie des noms les plus en vue parmi les anciennes personnalités auprès desquelles doivent être récupérés des biens. Bizarrement, la liste de ses biens, connus, à Alger se limite à 2 villas, des habitations somptueuses évaluées à cent cinquante milliards de centimes pour celle de Cheraga et la seconde, à Hydra, évaluée à soixante milliards de centimes. Cette dernière n'est autre qu'un cadeau offert par le patron de Sovac, Mourad Eulmi, à l'ex-ministre de l'Industrie en échange des marchés qu'il lui octroyait. Avec ces deux villas, il faut aussi compter une briqueterie, mais aucune information n'est en revanche disponible au sujet du reste des biens détenus et des voitures de luxe qu'il collectionnait. Bouchouareb, dit-on, a eu le réflexe de tout vendre rapidement et transférer l'argent à l'étranger en prévision des ennuis judiciaires qu'il entrevoyait. L'ancien ministre de l'Industrie présenté comme étant l'architecte de tout le chaos qui a suivi ses années de règne a été condamné quatre fois de suite à 20 ans de prison. Cette situation a laissé souffler un petit vent de panique auprès de ses proches. Dès les premières sentences, un manège inhabituel a été observé autour de sa villa, à Cheraga, une enquête rapide a permis d'apprendre que les proches de Bouchouareb avaient entrepris de vendre la bâtisse avant sa récupération par la justice. Le scénario qui s'est produit autour de la célèbre villa de Ali Haddad, à Bachir-Ibrahimi, n'est pas passé inaperçu non plus. Dès sa condamnation, en première instance, à 18 ans de prison, la famille Haddad s'est très vite mise à récupérer tous les objets de valeur restés dans la maison. L'importance et la multitude des biens, connus, détenus par l'ancien patron de l'ETRHB défient toute imagination. Le magistrat chargé de son jugement a d'ailleurs mis plus d'une heure à énumérer la liste de tout ce qui a été saisi. En voici un aperçu succinct : 10 terrains inscrits à son nom personnel, 2 villas, 2 maisons situées à Baba-Ali et Saïd-Hamdine, 180 comptes bancaires gelés, près de 200 terrains attribués dans le cadre de ses projets, près d'une cinquantaine de bureaux, à Alger et sa périphérie uniquement, et enfin 4 gros véhicules de luxe, Mercedes, Audi, Volkswagen et un van Cheval-Liberté... A. C.