La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) dresse un tableau sombre de la situation socio-économique et politique du pays. Pour elle, le système qui «n'a plus la capacité de gérer le pays » a mis «le multipartisme et les libertés en danger», afin de se maintenir. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Intervenant hier matin au siège de son parti à Alger, au lendemain de la réunion de son comité central, Louisa Hanoune a tiré la sonnette d'alarme et mis en garde contre les conséquences de la détérioration de la situation socio-économique de la majorité du peuple algérien. Elle a accusé les gouvernants de « vouloir gagner du temps et compliquer la situation davantage », et d'instrumentaliser la crise sanitaire à des fins politiques. Mais cette démarche sera vaine, selon elle. « Ce système est condamné par l'Histoire, et le 22 février 2019 a consacré le divorce du peuple avec lui », a-t-elle clamé, ajoutant que quoi qu'ils fassent, « ils ne peuvent pas tuer le processus révolutionnaire » du 22 février. À ses yeux, la crise du système s'aggrave et sa fin est inéluctable car, a-t-elle expliqué, «il ne peut plus gouverner le pays avec un rejet total de sa politique par la majorité du peuple». Dès lors, dans sa quête de maintien, le système a instrumentalisé, selon l'oratrice, la crise sanitaire mettant en danger le multipartisme et les libertés arrachés au prix fort. Louisa Hanoune a dénoncé, dans ce sens, la condamnation de l'ancien député de Béjaïa Khaled Tazaghart à un an de prison ferme, en lui exprimant sa solidarité et son soutien. Elle a dénoncé également la campagne d'arrestations et d'incarcérations des militants et activistes, affirmant que « la situation est intenable », sur fond de « détresse économique et sociale ». Mme Hanoune a dénoncé, en outre, « une offensive féroce » contre les partis politiques, citant la campagne contre le RCD et son président, tout en rappelant que sa formation avait fait l'objet d'une campagne d'une « extrême violence » la visant jusque dans son existence. De ce constat, l'oratrice tire une conclusion : « Le multipartisme et les libertés sont en danger .» Pour la patronne du PT, « la deuxième vague de la révolution qui est inéluctable aura un contenu politique, social et économique », en raison de la détérioration de la situation socio-économique des Algériens. Et d'accuser le système d'utiliser également la Covid-19 pour empêcher le retour du Hirak. Selon elle, le transport public des voyageurs est interdit durant le week-end pour que les manifestations populaires ne reprennent pas. Affirmant que cette décision «n'a aucun sens, à part celui de dresser des obstacles devant les activités politiques, empêcher le retour des marches et détériorer la situation socio-économique», l'oratrice a appelé à lever le confinement des transports interwilayas et urbains durant les week-ends, arguant que la vie a presque repris normalement, surtout dans les cafés, les marchés... et que le Covid est en recul dans le pays. « Les citoyens ont le droit de reprendre les manifestations », a-t-elle lancé, dénonçant le recyclage des partisans du cinquième mandat et leur mobilisation en vue de la révision de la Constitution. À ce propos, Mme Hanoune a exprimé son opposition au projet qui «n'émane pas de la volonté populaire», affirmant que «le choix de la date du référendum est inacceptable. La seule volonté exprimée à travers ce projet est de sauver le système et le régime présidentialiste qui a été renforcé», a-t-elle estimé, annonçant que «le PT ne participera pas à ce processus». Toutefois, la première responsable du PT s'est dite contre l'intervention de l'armée à l'étranger. Abordant la dernière polémique sur le statut de tamazight, l'oratrice estime qu'il s'agit d'une diversion, pointant du doigt «quelques voix perverses et rétrogrades». Elle a expliqué que la reconnaissance de tamazigh comme langue nationale puis officielle est un acquis arraché de haute lutte et non un cadeau du système politique. L'oratrice a exprimé, en outre, le soutien de son parti aux avocats qui ont entamé un mouvement de grève, regrettant que «la justice n'est pas sereine ». Comme elle a réitéré son appel à la libération de l'ancienne ministre de la Culture Khalida Toumi, dénonçant le recours systématique et généralisé à la détention provisoire. «Khalida Toumi est une militante. Elle n'est pas prédatrice et elle n'a aucun lien avec el Issaba. Elle n'est pas poursuivie pour corruption ou détournement d'argent public mais pour un simple délit de gestion. Son dossier est vide. Certains disent qu'elle a été placée en détention parce qu'elle m'a défendue lorsque j'étais en prison...», a-t-elle dit avec émotion. K. A.