Alors que s'achève le troisième trimestre, celui durant lequel la réflexion sur le devenir de l'économie nationale s'est intensifiée comme jamais, les chiffres de la production du secteur industriel durant le deuxième trimestre viennent confirmer, si besoin est, l'urgence de la situation. On ne peut même plus compter sur les hydrocarbures. Ce sont les chiffres qui le disent, et ils sont implacables. En effet, si durant le premier trimestre, c'est-à-dire juste avant le début de la pandémie, la variation moyenne de la production industrielle du secteur public a glissé d'un inquiétant -10,4% par rapport à la même période de l'année 2019, durant le second trimestre, la chute a été encore pire. Elle a atteint 14,1%, comparée au même second trimestre de l'année d'avant. Des chiffres pas reluisants, pour le moins que l'on puisse dire, dus à la mauvaise passe que traverse le secteur des hydrocarbures, entre autres raisons et ce, depuis quelques années maintenant. En fait, l'ensemble de l'activité industrielle du pays a traversé un trimestre difficile, certains secteurs et branches plus que d'autres, révèle la dernière fournée de chiffres de l'Office national des statistiques (ONS). Ainsi, pour le secteur nourricier du pays, les hydrocarbures, entre avril et juin dernier, la réduction a été de 8,5%, alors que durant les trois mois du début de l'année, la baisse a été circonscrite à 3,1%. Dans le détail, la chute de production dans les hydrocarbures s'explique par la baisse de 10% de la production de pétrole brut et de gaz naturel, une chute de 6,4% dans la liquéfaction du gaz naturel, alors que le raffinage de pétrole n'a baissé «que» de 4,3%. Globalement, selon l'ONS, le secteur de l'énergie a subi une baisse de 6,8% au deuxième trimestre de cette année par rapport à la même période de l'année précédente, énonce le rapport de l'ONS qui note également que la branche mines et carrières a poursuivi sa tendance à la baisse en enregistrant une variation de - 3,6% au deuxième trimestre 2020, mais de moindre ampleur que celle observée au 1er trimestre, lorsqu'elle affichait -6,7%. Il ressort du rapport de l'ONS que durant les trois premiers mois de la pandémie, les industries sidérurgique, métallurgique, mécanique, électrique et électronique (ISMMEE), les branches cuirs et chaussures, les textiles et les matériaux de construction ont été les secteurs les plus touchés par la baisse intervenue dans l'industrie algérienne, sans la pandémie de coronavirus déjà bien mise à mal depuis quelques années même si l'année dernière, une légère hausse (2,7%) a été enregistrée dans la production industrielle globale du secteur public. Des branches d'activité ayant été contraintes de tourner avec des effectifs très réduits sans compter les difficultés, parfois même des interruptions, pour la fourniture en matières premières, tout cela a fait que les ISMMEE ont affiché une baisse de production de 54,9%. Des chutes de production ont été ainsi enregistrées dans des activités comme la fabrication des biens intermédiaires métalliques, mécaniques et électriques, les biens d'équipement mécanique tout autant que la sidérurgie et la transformation de la fonte et de l'acier. Pour la très sollicitée branche matériaux de construction, la baisse a été chiffrée à -24,7%. Les baisses observées, à partir du milieu de l'année dernière déjà, dans les industries chimiques se sont poursuivies au deuxième trimestre 2020 avec un taux de -14,3%. La plupart des activités relevant de ce secteur sont concernées par cette tendance, notamment la fabrication des autres produits chimiques qui affiche une décroissance de 10,4% et celle des autres biens intermédiaires en plastique dont la variation est de -29,9%. En revanche, la fabrication de la résine synthétique et matière plastique marque une hausse de 73,7% au deuxième trimestre 2020, beaucoup plus importante que celle relevée au trimestre précédent (+23,5%), relève l'ONS dont le rapport de conjoncture nous apprend également que, après des hausses consécutives observées dès le troisième trimestre 2019, les industries agroalimentaires assistent à une relative stagnation de leur production en affichant une variation de -0,3% au deuxième trimestre 2020. Selon la même source, ce ralentissement résulte, d'une part, de la baisse de la production de l'industrie du lait qui marque une réduction de 6,6% par rapport à la même période de l'année précédente qui s'est distinguée par une hausse de 10,6%. D'autre part, la fabrication des produits alimentaires pour animaux affiche une variation de -6,6% et ce, après des hausses successives amorcées dès le deuxième trimestre 2019. Par ailleurs, le travail de grains continue de réaliser des performances en inscrivant une augmentation de 5,6% au deuxième trimestre 2020, taux relativement important mais en deçà de ceux relevés aux deux trimestres précédents (respectivement +12,6% et +15,4%). Les industries textiles poursuivent leur tendance à la baisse et enregistrent une variation négative pour le quatrième trimestre consécutif (-26,6%), alors que les industries des cuirs et chaussures enregistrent une baisse pour le deuxième trimestre successif, avec un taux de 54,7% enregistré au deuxième trimestre 2020. Pour boucler la boucle, l'ONS nous apprend que les industries des bois et papier ont marqué un net recul de leur production en affichant un taux de -37,0% au deuxième trimestre 2020. Cette tendance touche l'ensemble des activités, notamment la menuiserie générale et l'industrie de l'ameublement (respectivement -51,1% et -45,2%). C'est en somme un état des lieux de l'industrie du secteur public qui corrobore les sombres perspectives établies par plus d'une institution, d'ici et d'ailleurs, annonçant une année partie pour entrer dans l'Histoire, tel c'est le cas d'ailleurs pour toutes les économies même les plus puissantes au monde. Sauf que pour l'Algérie, la pandémie et l'inactivité qui en a résulté n'ont fait qu'aggraver l'état d'une économie en besoin d'une (presque) totale refondation. Azedine Maktour