Plus de 1 000 cas de paludisme recensés depuis le mois de septembre dans plusieurs wilayas du Sud. Il s'agit de cas dits d'«importation » dus essentiellement aux mouvements des populations au niveau des frontières avec les pays voisins. Pas de quoi paniquer, assure la tutelle qui réactive le dispositif de surveillance. Le Dr Mohamed Yousfi, chef de service d'infectiologie à l'EPH de Boufarik, considère que le challenge est d'éviter la résurgence de cas autochtones. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Après avoir gagné la bataille contre le paludisme et obtenu une certification de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Algérie refait face à des cas dits d'importation dans les wilayas frontalières. Cinq wilayas du Sud sont concernées, à savoir Tamanrasset avec 918, Adrar 96 cas, Illizi 89 cas, Ouargla 5 cas et Ghardaïa 2 cas. Ces cas imposent une réactivation du dispositif de surveillance. Le ministère de la Santé rassure cependant, affirmant que « comme chaque année au mois de septembre après les premières pluies, il y a une recrudescence des cas de paludisme importés venant essentiellement des pays frontaliers sahéliens ou d'Algériens ayant séjourné au niveau de ces pays». Le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l'EPH de Boufarik, explique ce nombre de cas par les mouvements quasi permanents au niveau des régions frontalières qu'il s'agisse d'Algériens qui se rendent dans des pays où le paludisme est endémique ou d'Africains qui rentrent en Algérie déjà infectés. Pourquoi en cette période ? Le Dr Yousfi explique que les dernières pluies enregistrées dans les régions concernées ont favorisé l'apparition d'un environnement favorable à l'apparition du paludisme. Le challenge, estime notre interlocuteur, réside dans la préservation des acquis de l'Algérie qui a réussi à éradiquer les cas autochtones en évitant que les cas importés ne se transforment en cas autochtones. Autre défi, explique le chef de service des maladies infectieuses, qui réside dans la bonne prise en charge des cas déclarés afin qu'ils ne deviennent pas eux-mêmes contaminants tout en veillant à maintenir la lutte anti-vectorielle qui, dit-il, n'a pas cessé puisque « être certifié ne veut pas dire croiser les bras ». Comment des cas autochtones pourraient-ils survenir ? Le Dr Yousfi répond que cela peut arriver si « les conditions sont réunies parce que le moustique à lui seul n'est pas le facteur unique : il faut de l'humidité, des mares et des conditions écologiques et environnementales qui permettent au moustique de transmettre la maladie » ajoutant que « si les cas importés ne sont pas surveillés, c'est à ce moment qu'on peut craindre l'apparition de foyers autochtones. C'est l' addition de tous ces facteurs qui est à craindre d'où la nécessité de rester vigilant et de casser la chaîne de transmission». Interrogé au sujet d'une possible propagation des cas , notamment au niveau du nord du pays, le Dr Yousfi répond que des cas importés ont toujours été recensés au Nord, essentiellement chez des personnes voyageant dans des pays endémiques sans prise de prophylaxie chimique. De son côté, le ministère de la Santé assure que «toutes les mesures ont été prises conformément au plan national de prévention de la réintroduction de la maladie » et que « tous les cas ont été pris en charge au niveau des structures hospitalières conformément aux directives thérapeutiques nationales. Les antipaludéens étaient disponibles au niveau des structures de prise en charge et le stock de sécurité a été renforcé au niveau de ces wilayas en prévision de la survenue d'autres cas. La tutelle assure que « le dispositif de surveillance a été renforcé, notamment par le dépistage actif, la détection et la prise en charge précoce des cas. À cela s'ajoute la mise en application des mesures appropriées de lutte anti-vectorielle». N. I.
Qu'est-ce que le paludisme ? Le paludisme est une maladie infectieuse potentiellement mortelle due à plusieurs espèces de parasites appartenant au genre Plasmodium. Le parasite est transmis à l'homme par la piqûre de moustiques infectés. Symptômes Les manifestations cliniques du paludisme sont très diverses. Le paludisme débute par une fièvre 8 à 30 jours après l'infection, qui peut s'accompagner — ou non — de maux de tête, de douleurs musculaires, d'un affaiblissement, de vomissements, de diarrhées, de toux. Transmission Le paludisme est transmis à l'homme par la piqûre d'un moustique femelle, du genre Anopheles, lui-même infecté après avoir piqué un homme impaludé : la femelle, en prenant le repas de sang nécessaire à sa ponte, injecte le parasite à son hôte. Les mâles ne piquent pas. La transmission de Plasmodium d'un homme à un autre se fait donc par l'intermédiaire du moustique. Il existe un seul cas de contamination inter-humaine directe, lorsqu'une femme enceinte infectée contamine son enfant par voie transplacentaire.