Des participants à une conférence historique organisée au Centre d'études et de recherches sur le mouvement national et la révolution du 1er Novembre 1954 (CNERMN54), sous le slogan «Tous pour la récupération du canon de Baba Merzoug», ont souligné l'importance de la «récupération de ce canon devenu une œuvre d'art du patrimoine algérien». Intervenant lors de cette conférence organisée par l'association Machaâl Echahid en collaboration avec le CNERMN54, Me. Benbraham, présidente du Comité national pour la restitution de Baba Merzoug, a affirmé que ce dernier, qui «fait partie intégrante de l'identité algérienne, comporte plusieurs symboles c'est pourquoi sa restitution est un devoir national», ajoutant que «l'opération de récupération requiert de se prémunir par la loi ainsi qu'une bonne connaissance des lois françaises et du droit international pour que les demandes soient fondées». «Le canon Baba Merzoug est désormais une œuvre d'art et non plus une arme d'autant que son rôle de combat s'est arrêté il y a près de 200 ans», a-t-elle soutenu, ajoutant que «cette pièce patrimoniale a été transférée de sa patrie vers la France à la demande des dirigeants colonisateurs en tant que butin de guerre, sans consentement aucun de la part des Algériens». Et d'ajouter : «cette pièce a été négligée pendant trois (03) ans avant d'être transférée à Brest, en France.» Inscrite sous le numéro 221, cette pièce a été méprisée étant posée sur une base en granite pour qu'elle ne touche pas le sol français alors qu'elle représente le canon le plus fort par sa taille et sa capacité de projection. Baba Merzoug était une pièce maitresse de défense contre les attaques ayant ciblé l'Algérie à partir de la Méditerranée, insiste-t-elle. La même intervenante a insisté sur l'impératif de réécrire l'histoire d'autant que la majorité des écritures existantes ont été produites par l'occupant selon sa vision et son intérêt, relevant que ces dernières comportaient des erreurs et des falsifications des faits. «Il y a plusieurs voix dans les institutions onusiennes concernées par le patrimoine, qui appellent à la restitution du patrimoine, tout type confondu, des biens et des trésors volés par l'occupant à leur propriétaire en Afrique et autres», a-t-elle dit. Et d'ajouter concernant le canon, qu'«il y a échange de correspondances avec plusieurs parties en France, dont le ministère français de la Défense, pour la restitution du canon de Baba Merzoug «qui jouit d'une grande place auprès des Algériens, pour être un rempart contre les convoitises des conquérants et son rôle majeur dans la protection d'El Mahroussa. Outre les voies légales, poursuit Mme Benbraham, il existe d'autres politiques pouvant faciliter le retour de ce mythique canon. Un hommage a été rendu au défunt Belkacem Babaci, fervent défenseur du patrimoine, notamment celui de La Casbah, à travers ses activités à la tête de la Fondation Casbah d'Alger et était parmi les premiers qui ont revendiqué la restitution du canon Baba Merzoug sur lequel il a édité un ouvrage intitulé L'épopée de Baba Merzoug, le canon d'Alger. À pris part à cette conférence le médecin et historien Ismaïl Boulbina qui a présenté un exposé dans lequel il a mis en avant les spécificités de ce canon construit en 1542 à Dar Nhass, tout près de la Basse-Casbah et installé en rempart contre toutes les attaques par les flottes occidentales ciblant Alger à l'époque. Cette conférence a été ponctuée également par la présence de l'historien et spécialiste du patrimoine d'Alger, Karim Allek, alias Cheikh El Mahroussa, qui a donné des explications et des informations sur Baba Merzoug et la situation d'Alger au début de l'occupation française.